Thèse en cours

Etude diachronique des propositions complétives finies en grec

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Auteur / Autrice : Anastasiia Dmitrieva
Direction : Richard Faure
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Lettres Classiques
Date : Inscription en doctorat le 14/11/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Humanités et Langues - H&L
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Tourangeau d'Histoire et étude des Sources

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse de doctorat porte sur les complétives. Elle s'appuie sur la diachronie du grec ancien postclassique. Elle vise à produire une description et une analyse complètes des complétives dans les textes choisis et de leur développement au cours de la période allant de la période hellénistique au début de l'époque byzantine, ainsi qu'à contribuer aux débats actuels, plus généraux, sur les complétives. Par complétives, j'entends une proposition (un type de structure syntaxique contenant un prédicat et ses arguments) qui peut fonctionner comme complément d'un prédicat dans une autre proposition (généralement appelée prédicat matrice) de la même façon qu'un syntagme nominal. Les complétives sont un domaine de recherche prometteur en syntaxe, car elles soulèvent plusieurs problèmes qui n'ont pas encore été complètement résolus : par exemple, quelle est la corrélation entre les propriétés nominales et propositionnelles des complétives, dans quelle mesure sont-elles équivalentes aux syntagmes nominaux et quelles sont leurs différences par rapport à d'autres types de subordonnées (par exemple, les relatives) ? D'autres questions importantes concernent la manière dont le sémantisme des prédicats matrices affecte les complétives, et quels types de prédicats peuvent fonctionner comme matrice. Tous ces problèmes ont été traités dans des approches fonctionnelles-typologiques aussi bien que formelles (Givon 1980, Noonan 2007, Cristofaro 2005, Dixon 2020, Cinque 1999, 2004, Ramchand & Svenonius 2014, Lohniger & Wurmbrand 2020) et je m'inspirerai de ces différentes traditions pour créer une approche originale, celui de la linguistique historique. La linguistique historique est un observatoire intéressant pour aborder ces questions, car les évolutions linguistiques font ressortir les différentes possibilités qui s'offrent à une langue et permettent de confirmer ou infirmer certaines prédictions. En particulier, les complétives grecques offrent des données inestimables, étant donné la très longue histoire de la langue et son attestation ininterrompue dans le temps. Malgré d'importantes études antérieures (Cristofaro 2008, Bentein 2017, Faure 2021), les complétives en grec hellénistique n'ont pas été examinées en détail à ce jour. Le corpus que j'ai choisi est celui des textes historiques. Les données sont tirées de textes allant du IIe siècle avant J.-C. au VIe siècle après J.-C., notamment extraits des œuvres de Polybe, Diodore, Appien, Théodoret, Sozomen et Zosime. La raison de ce choix réside dans la présence du genre historique à toutes les époques, ce qui permet une comparaison approfondie du phénomène étudié. Pour mener à bien cette analyse, j'annoterai et décrirai des paramètres tels que le type de proposition, le temps et le mode du prédicat enchâssé, les paramètres structurels et sémantiques des prédicats matrices et, le cas échéant, la variation de l'ordre des mots, la topicalisation/focalisation et l'extraction éventuelle de syntagmes interrogatifs ou relatifs. Mon objectif est de caractériser les changements et les innovations qui se sont produits dans la langue grecque de la période hellénistique et du début de la période byzantine, en partant des analyses disponibles des complétives en grec ancien. Par exemple, une des grandes questions est de savoir pourquoi et comment les propositions finies ont progressivement évincé les propositions non-finies. Cristofaro (1996) et Bentein (2017) associent ce changement à la perte de l'opposition factif/non-factif. J'examinerai cette question sous tous ses aspects afin de trouver d'autres facteurs pertinents. J'étudierai également les influences possibles des strates antérieures du grec et les spécificités des textes historiques par rapport aux autres genres. Enfin, je replacerai ces résultats dans le cadre de la linguistique générale et comparative. En conclusion, ma thèse traitera des problèmes que soulèvent les complétives en grec postclassique, s'appuiera sur les théories syntaxiques existantes et visera plus largement à compléter notre compréhension de la complémentation en linguistique générale.