Prédiction de la réponse à l'expansion volémique chez l'enfant
Auteur / Autrice : | Julien Gotchac |
Direction : | Pascal Amedro |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie Cellulaire et Physiopathologie |
Date : | Inscription en doctorat le 13/11/2023 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche Cardio-Thoracique de Bordeaux |
Mots clés
Résumé
L'insuffisance circulatoire, définie comme l'inadéquation entre les besoins et les apports en oxygène, est une problématique quotidienne en réanimation. L'expansion volémique est l'une des pierres angulaires de son traitement. Cependant, une surcharge en volume expose au risque de dégradation de la fonction respiratoire voire cardiaque, et il s'agit d'un facteur reconnu de mauvais pronostic. Il est donc important de bien peser le rapport bénéfice-risque individualisé avant d'administrer chaque expansion volémique. Pour ce faire, il est nécessaire d'évaluer la réserve de précharge, c'est-à-dire de déterminer si le patient se trouve ou non dans un état de précharge dépendance. Ce terme désigne un état dans lequel une augmentation de précharge a pour conséquence une augmentation du débit cardiaque. Dans un contexte d'urgence comme celui de la réanimation, cette évaluation est nécessaire mais doit être la plus simple et la plus rapide possible, et idéalement, non-invasive. L'objectif de ce travail est d'étudier de nouveaux concepts physiologiques pouvant être appliqués par les cliniciens souhaitant prédire la réponse à l'expansion volémique en réanimation pédiatrique, au lit du malade. Ce travail se fera avec 2 axes : -Analyse des modifications hémodynamiques induites par une compression abdominale calibrée pour prédire la précharge-dépendance. -Analyse de la réponse métabolique à l'expansion volémique. Chez l'enfant en réanimation, la méthode la plus validée pour prédire la réserve de précharge est la variation respiratoire du pic systolique aortique évaluée par échocardiographie, mais qui n'est utilisable qu'en l'absence de mouvement respiratoire. Pour contourner ce problème, la compression abdominale calibrée permettrait de s'affranchir des interactions cardiopulmonaires en entrainant une augmentation directe de précharge endogène, transitoire et réversible. Elle pourrait être le pendant pédiatrique du « levé de jambe passif », méthode de choix d'évaluation de la précharge chez l'adulte, inutilisable chez l'enfant jeune en raison d'un volume sanguin insuffisant dans les membres inférieurs. La compression abdominale semblerait montrer de bonnes performances diagnostiques, mais les études s'y intéressant présentent plusieurs limites : - Population sélectionnée de post-opératoire de chirurgie cardiaque. L'applicabilité aux autres situations d'insuffisance circulatoire est inconnue à ce jour. - Mesure échocardiographique des effets hémodynamiques de la compression abdominale. L'échocardiographie étant un examen opérateur dépendant, discontinu et chronophage, une méthode plus aisée, continue, et reproductible comme la cardiométrie électrique pourrait avoir un intérêt. Cela n'a jamais été étudié chez l'enfant. - Absence d'évaluation de la réponse métabolique à l'expansion volémique. Aucune étude pédiatrique n'existe sur ce sujet. A l'heure actuelle, il n'existe donc aucun moyen simple, rapide et non invasif de prédire la réponse à l'expansion volémique chez l'enfant en réanimation, que l'on s'intéresse à la réponse hémodynamique ou métabolique. Nos hypothèses de recherche sont les suivantes : - L'évaluation des effets d'une augmentation de précharge induite par une compression abdominale pourrait permettre de prédire la réponse hémodynamique à l'expansion volémique, y compris chez les enfants de réanimation non chirurgicale. - Les effets hémodynamiques de cette augmentation de précharge induite par la compression abdominale pourraient être analysés par d'autres moyens que l'échocardiographie, comme la cardiométrie électrique. - Les paramètres biologiques dérivés du dioxyde de carbone pourraient prédire la réponse métabolique à l'expansion volémique chez l'enfant, comme cela a été mis en évidence dans le sepsis chez l'adulte. Pour répondre à nos hypothèses, nous prévoyons de réaliser plusieurs études cliniques : - Analyse des pratiques auprès des services de réanimation pédiatrique concernant l'expansion volémique. - Analyse de la performance diagnostique de la compression abdominale pour prédire la précharge-dépendance en comparant l'augmentation du débit cardiaque (évaluée par échocardiographie) après compression abdominale calibrée et après expansion volémique chez des enfants sans cardiopathie. - Analyse de la performance diagnostique de la compression abdominale pour prédire la précharge dépendance si ses effets hémodynamiques sont mesurés par des méthodes continues et non invasives, comme la cardiométrie électrique. - Enfin, étude de la performance diagnostique du gradient veino-artériel en dioxyde de carbone pour prédire une augmentation significative de la consommation d'oxygène après expansion volémique. Nous pensons ainsi démontrer - Que l'évaluation de la réserve de précharge est rarement effectuée en pratique courante. - Qu'une compression abdominale calibrée augmente la précharge de façon significative, et qu'elle peut constituer une méthode d'évaluation de la précharge dépendance y compris en dehors de la période post-opératoire d'une chirurgie cardiaque. - Que les effets hémodynamiques de la compression abdominale peuvent être analysés de façon plus simple qu'en échocardiographie, avec des méthodes restant non invasives. - Que certains paramètres biologiques sont associés à une absence de réponse métabolique malgré une précharge dépendance. Si tel était le cas, la réponse (hémodynamique et métabolique) à l'expansion volémique pourrait être prédite chez l'enfant. Ainsi, un rapport bénéfice/risque personnalisé pourrait être évalué de façon complète avant chaque expansion volémique. Ce travail de thèse est du domaine de la recherche clinique. Toutes les études seront donc présentées à un comité de protection des personnes qui validera le caractère interventionnel à risques et contraintes minimes de cette étude. Les patients et leurs familles seront informés, et un consentement signé sera recueilli.