Poétiques de la vanité au temps des guerres de religion (1574-1594)
Auteur / Autrice : | Aurélien Billault |
Direction : | Véronique Ferrer, Michele Mastroianni |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 18/10/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre des Sciences des Littératures en langue Française (CSLF) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La source biblique dont est issue la vanité, à savoir essentiellement l'Ecclésiaste, devient une source d'inspiration pour les poètes qui l'utilisent afin de traduire un certain état du monde et une pensée eschatologique dominante. Depuis le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572 et ses répliques au niveau national, nombreux sont les poètes qui délaissent le chant de l'amour et de la gloire pour se tourner vers une poésie morale chrétienne. Cette nouvelle inspiration, déjà amorcée par la conversion des Muses, généralisée dans les années 1570, constitue un tournant majeur dans l'histoire de la poésie du XVIe siècle et se traduit par l'invention de formes poétiques telles que les mimes, les octonaires et les quatrains qui prospèrent dans les années 1580. Parallèlement, la production philosophique, influencée par la crise des guerres civiles, se cristallise autour du néo-stoïcisme, courant de pensée qui connaît un succès croissant illustré par la première édition des Essais de Montaigne de 1580. Si les philosophes ont cherché à relire la pensée stoïcienne antique à la lumière du christianisme, ils ont également influencé les poètes, lesquels ont contribué à véhiculer leurs idées en élaborant une poésie morale. Les poètes entretiennent donc un lien étroit avec cette philosophie qui leur permet d'appuyer leur contenu didactique. Ainsi le syncrétisme propre à l'humanisme sert-il de pierre de touche à une poétique plurielle de la vanité dont les influences biblique et philosophique semblent fusionner pour donner naissance à une poésie nouvelle. Or contrairement au genre du traité, cette poésie se caractérise par sa brièveté qui prend sa source dans l'intertexte biblique de la vanité : la sentence morale de l'Ecclésiaste : « vanité des vanités, tout est vanité ». Dès lors cette brièveté permet d'offrir au lecteur un contenu philosophique et spirituel abrégé sur la fragilité de l'homme et l'inconstance du monde. L'étude de la forme brève et de sa variété apparaît donc comme un moyen essentiel pour appréhender le didactisme de cette poésie. Cette réflexion prendra appui sur un corpus composé à la fois d'uvres d'auteurs canoniques de la Renaissance, comme certains poètes de la Pléiade dont Baïf et Belleau mais aussi de poètes comme Jean de Sponde et Jean-Baptiste Chassignet, auteur du Mépris de la vie et Consolation contre la mort (1594) ainsi que des minores comme Antoine de Laroche-Chandieu. La diffusion de certains recueils, comme ceux de Pibrac et ceux de Laroche-Chandieu est d'autant plus intéressante qu'elle s'effectue par la musique, nous invitant à réfléchir sur la dimension éthique et didactique de la musique.