Géometrie de Cartan, classes caractéristiques, algébroïdes de Lie et applications à la gravitation
Auteur / Autrice : | Jean Thibaut |
Direction : | Serge Lazzarini, Thierry Masson |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | PHYSIQUE & SCIENCES DE LA MATIERE - Spécialité : PHYSIQUE THEORIQUE ET MATHEMATIQUE |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Physique et sciences de la matière (Marseille) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Physique Théorique |
Mots clés
Résumé
Les théories de jauge sont une composante essentielle de la boite à outil phénoménologique pour décrire la physique des particules et les interactions fondamentales en termes de théories des champs. Leur succès repose sur leur naturalité (couplage minimal) et leur renormalisabilité (dans leurs versions quantifiées). Cependant, des problèmes constitutifs essentiels pour leur usage ont demandé des solutions originales et subtiles. En particulier, la théorie de gravitation a du mal à être parfaitement incorporée dans ce cadre et reste un graal pour le physicien théoricien. Dans les années 1980, les théories des champs de jauge dites de Yang-Mills ont été décrites mathématiquement en termes de fibrés principaux avec connexions et de fibrés vectoriels associés avec dérivées covariantes dans le cadre de la géométrie différentielle standard. Après les années 1990, la géométrie non commutative a permis d'écrire de nouvelles classes de théories de champs de jauge avec des champs candidats pour le mécanisme de Higgs, et a conduit aux théories dites de Yang-Mills-Higgs. Dans les années 2010, l'équipe GPS a initié la description de théories des champs de jauge en termes d'algèbres de Lie transitives [1], dans lesquelles le mécanisme de Higgs est également naturel. Les membres de l'équipe GPS ont participé activement à tous ces développements, voir l'article de revue pour plus de détails [4]. Un autre progrès récent dans la compréhension des mathématiques des théories de champs de jauge est la méthode du champ d'habillage : une nouvelle façon de réduire les symétries dans les théories de champs de jauge initiée par l'équipe GPS, voir l'article de synthèse pour plus de détails [5]. Cette méthode consiste à repérer dans la théorie de jauge (classique) considérée un champ d'habillage ayant une transformation de jauge bien particulière sous l'action du groupe de jauge ou d'un de ses sous-groupes. Ce champs sert alors à transformer (habiller) les autres champs de la théorie, aussi bien les champs de jauge que les champs de matière. Il s'ensuit alors qu'une partie du groupe de jauge (ou tout le groupe de jauge) agit trivialement sur ces champs habillés. Si des degrés de liberté du groupe de jauge agissent non trivialement, leur action est calculable et est fixée par la méthode (et le choix du champ d'habillage). La symétrie originale (toute ou partie) est ainsi réduite au sein même de la théorie, sans par exemple avoir à invoquer un fixage de jauge externe, tandis que la symétrie résiduelle (s'il en reste une) est déduite et conduit à un modèle. Plusieurs exemples ont déjà été explorés, en particulier pour la partie électrofaible du modèle standard des particules élémentaires. Un autre exemple illustratif en lien avec le présent projet de thèse concerne le lien entre la description de la relativité générale en terme d'une théorie de jauge SO(1; 3) (approche dite d'Einstein-Cartan et qui est une théorie de jauge de type Yang-Mills) et en termes purement géométriques (formulation Einstein-Hilbert), à l'aide d'une connexion de Levi-Civita (symboles de Christoffel). D'habitude, le lien s'effectue;de la seconde description vers la première, en réduisant le groupe de jauge du fibré des repères;à son sous-groupe SO(1; 3), grâce à la donnée d'une métrique. La méthode d'habillage, quant à elle, fonctionne dans l'autre sens : partant d'une théorie de jauge SO(1; 3), elle découple cette symétrie SO(1; 3), de telle façon qu'il ne reste que des objets purement géométriques, comme par exemple la connexion linéaire de Levi-Civita, qu'il est possible d'interpréter dans le cadre de la géométrie du fibré principal des repères linéaires comme paramétrage de la connexion de Cartan (normale) sur le fibré des repères. Du point de vue mathématique, ces structures méritent d'être étudiées davantage, comme l'équipe GPS l'a fait récemment à propos des connexions de Cartan dans le cadre des algèbroïdes de Lie transitifs [6]. Du point de vue de la pertinence pour la physique, nous devons construire des modèles (lagrangiens en dotant l'algébroïde de Lie d'une métrique selon [2]) et de les étudier afin de valider leur intérêt en tant que théories de jauge pour de nouveaux et futurs développements. Le projet de recherche de la thèse est d'appliquer la construction développée au sein de l'équipe GPS au cas spécifique de l'algébroïde obtenu à partir du groupe conforme qui est un groupe contentant le groupe SO(1; 3) défini par la métrique de Minkowski. Une façon d'aborder le problème sera l'utilisation des repères appartenant à la G-structure conforme. Le fibré principal qui en découle, permettra de construire l'algèbroïde de Lie d'Atiyah associé et ainsi que la connexion de Cartan afférente. Par la suite, la construction d'un lagrangien le long de la ligne proposée dans [2] sera considérée. La théorie de jauge associée sera étudiée, notamment dans le cadre algébrique puissant et élégant dit de BRST. Ensuite, la structure conforme ainsi obtenue sera utilisée comme nouvelle approche à la théorie de la gravitation unimodulaire et de ses liens avec la constante cosmologique et la constante de Hubble-Lemaître si importantes pour les modèles cosmologiques. Quelques références : [1] S. Lazzarini, T. Masson ; Connections on Lie algebroids and on derivation-based noncommutative geometry'', J. Geom. Phys. 62 (2012) pp. 387402, arXiv:1003.6106v2 [math.DG]. [2] C. Fournel, S. Lazzarini and T. Masson ; Formulation of Gauge Theories on Transitive Lie algebroids, J. Geom. Phys. 64 (2013) pp 174-191, arXiv:1205.6725 [math-ph]. [3] J. François, C. Fournel, S. Lazzarini, and T. Masson ; Gauge invariant composite fields out of connections, with examples'', Int. J. Geom. Meth. Mod. Phys. 11 (2014) 1450016, DOI:10.1142/S0219887814500169, arXiv:1212.6702 [math-ph]. [4] J. François, S. Lazzarini, and T. Masson ; Gauge field theories: various mathematical approaches. In Mathematical Structures of the Universe, M. Eckstein, M. Heller, and S. J. Szybka (Ed.), Copernicus Center Press, 2014, p. 177-225. [5] J. Attard, J. François, S. Lazzarini and T. Masson; The dressing field method of gauge symmetry reduction, a review with examples, in Foundations of Mathematics and Physics one Century after Hilbert, New Perspectives, J. Kouneiher ed., Springer 2018, arXiv:1702.02753 [math-ph]. [6] J. Attard, J. François, S. Lazzarini and T. Masson ; Cartan Connections and Atiyah Lie Algebroids, arXiv:1904.04915 [math-ph]; J. Geom. Phys. 148 (2019), https://doi.org/10.1016/j.geomphys.2019.103541