Thèse en cours

Les voies du bonheur dans les romans de non-fiction d'Emmanuel Carrère

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Auteur / Autrice : Zhan Shu
Direction : Éric BenoitQinggang Du
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littérature française, francophone et comparée
Date : Inscription en doctorat le 19/10/2023
Etablissement(s) : Bordeaux 3 en cotutelle avec Wuhan University
Ecole(s) doctorale(s) : Montaigne-Humanités
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Plurielles

Résumé

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Comme l'indiquent son étymologie latine et la notion voisine de Kaïros, le bonheur n'est qu'un présage favorable à l'aboutissement des efforts humains. Chacun peut toutefois en former sa propre conception selon son vécu et ses témoignages. Pour Carrère, le bonheur consiste en des moments passés dans un berceau. Nous pouvons y entendre les sons, voir la physionomie et les mouvements du corps de ce petit enfant. Il y retrouve successivement les deux hauteurs de l'oscillation : la quiétude et l'émerveillement. La quiétude est tournée vers soi. Elle apporte la tranquilité, la confiance et l'idée de la durée alors que les moments d'émerveillment sont incarnés par la joie, la communication et l'oubli de soi. Sentant s'éloigner son bonheur, l'écrivain essaie de simuler le mouvement du berceau. Pourtant, le bonheur se change en balottement d'un bateau au moment du naufrage. L'apparition du bonheur est aléatoire, comme sa disparition. La quiétude est transformée en inquiétude et l'émerveillement en impuissance. Le malheur succède au premier demi-cercle du bonheur. Telle est aussi la loi de l'alternance taoïste, la fusion de Yin et de Yang. Le corps du petit enfant est immobilisé par l'angoisse de disparaitre et le vertige de tomber. Il se voit partager entre l'hubris de l'homme et sa petitesse devant l'espace et le temps. L'écrivain malheureux peut sentir un vaet-vient familier qui le plonge dans une torpeur stoicienne. Un autre remède existe : casser l'immobilité du corps, échanger la ''boîte noire'', c'est-à-dire mieux connaître ses traumatismes inconscients ainsi que ceux des personnages. Le malheur et le bonheur traversés forment des demi-cercles de hauteurs inégales, à l'image des montagnes. Incorporer le bonheur, c'est apprendre à reconnaître les montagnes.