Les arts aux Expositions coloniales de Marseille de 1906 et 1922

The arts at the colonial exhibitions of Marseille of 1906 and 1922

• Auteur / Autrice : Julie Rateau dit rateau-holbach
• Direction : Rossella Froissart
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire de l'art
• Date : Inscription en doctorat le 01/09/2019
• Etablissement(s) : Aix-Marseille
• Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Temps, Espaces, Langages - Europe Méridionale, Méditerranée

Mots clés

Mots clés libres

Exposition

Coloniale

Marseille

Arts nationaux

Artisanat

Beaux-arts

Exhibition

Colonial

Marseille

Arts

Résumé

En 1903, le fondateur de l'Institut colonial de Marseille, le docteur Edouard Heckel s'associe à l'homme politique et industriel Jules Charles-Roux pour organiser une Exposition coloniale à Marseille. Ces deux notables ont rapidement rallier à leur cause la Chambre de Commerce et la municipalité et ont fait de l'Exposition de 1906 une exceptionnelle vitrine des richesses locales liées au développement de l'empire colonial. Le premier objectif de mon projet doctoral est de réaliser une étude prosopographique des personnalités – artistes, collectionneurs, industriels, commerçants ou encore hommes politiques – ayant joué un rôle important dans l'organisation des deux Expositions coloniales. Cette étude permettra de mieux comprendre la relation étroite entres les arts et les visées politiques et industrielles, un lien qui n'a jamais été abordé dans sa globalité jusqu'ici. Le palais de l'exportation de 1906 par exemple, théâtralement placé au centre du parc d'exposition, abrite non seulement des stands industriels principalement locaux mais aussi une grande Rétrospective d'Art Provençal ; son comité, composé de près de 200 personnalités, rassemble plus de 1250 objets d'art et tableaux. Cette rétrospective, grâce à laquelle l'élite marseillaise industrielle et marchande met en avant ses collections, fera l'objet d'une étude détaillée dans ma thèse afin de répondre à l'objectif qui souhaite mieux cerner l'histoire du goût et du collectionnisme dans cette période charnière pour l'histoire de l'art. En effet, 1906 correspond, notamment à la date de la mort de Cézanne et à l'affirmation en France de l'impressionnisme mais les courants régionalistes et réalistes sont encore très présents, ainsi qu'un penchant pour les arts décoratifs. Ouverte pendant 7 mois, cette première manifestation a remporté un réel succès : plus de deux millions de visiteurs ont parcouru ses allées où s'élevaient une cinquantaine de palais et pavillons. Le troisième objectif de ce projet est, d'identifier les différents objets, œuvres et artefacts créés à l'occasion des deux expositions et de montrer comment une scénographie et des outils muséographiques inédits ont contribué à les mettre en valeur inaugurant ainsi un nouveau modèle d'exposition qui sera repris par les autres manifestations coloniales. Les préparatifs pour la seconde Exposition débutent dès 1913 pour une ouverture prévue en 1916. Repoussée par la Grande Guerre, son organisation est placée en 1918 sous la direction d'Adrien Artaud, homme politique et négociant et elle est inaugurée en 1922. L'orientation donnée, privilégie cette fois-ci l'expansion coloniale et son impact présumé sur la richesse nationale n'accordant qu'un rôle marginal au patrimoine local. Cette nouvelle direction nous amène à définir un autre objectif, qui est de préciser le positionnement de cette exposition dans l'histoire des manifestations coloniales en France et à l'étranger, entre l'Exposition universelle de 1867 et de l'Exposition internationale de Paris de 1937. Mon travail s'inscrit également dans les perspectives de recherches pluridisciplinaires récemment ouvertes par l'université de Bordeaux, où une petite équipe d'historiens de l'art avec lesquels ma directrice de thèse est en contact, étudie les foyers de créations artistiques en milieu colonial. L'un de mes objectifs est d'intégrer l'histoire des expositions de Marseille dans le contexte plus vaste des circulations artistiques en Méditerranée, circulations qui sont un facteur essentiel dans la construction d'une identité esthétique, à l'échelle locale, nationale et internationale.

In 1903, Dr. Edouard Heckel, founder of the Marseille Colonial Institute, joined forces with politician and industrialist Jules Charles-Roux to organize a Colonial Exhibition in Marseille. These two notables quickly won over the Chamber of Commerce and the municipality, making the 1906 Exhibition an exceptional showcase for the local wealth generated by the development of the colonial empire. The first objective of my doctoral project is to carry out a prosopographical study of the personalities - artists, collectors, industrialists, merchants and politicians - who played an important role in the organization of the two Colonial Exhibitions. This study will provide a better understanding of the close relationship between the arts and political and industrial aims, a link that has never before been explored in its entirety. The Palais de l'Exportation of 1906, for example, theatrically placed at the center of the exhibition grounds, housed not only mainly local industrial stands, but also a major Rétrospective d'Art Provençal; its committee, made up of almost 200 personalities, brought together over 1,250 works of art and paintings. This retrospective, through which Marseille's industrial and commercial elite showcased their collections, will be the subject of a detailed study in my thesis, in order to better understand the history of taste and collecting in this pivotal period for art history. Indeed, 1906 corresponds, in particular, to the date of Cézanne's death and the affirmation in France of Impressionism, but regionalist and realist currents are still very much present, as is a penchant for the decorative arts. Open for 7 months, this first event was a resounding success, with over two million visitors wandering the aisles of some fifty palaces and pavilions. The third objective of this project is to identify the various objects, works and artefacts created for the two exhibitions, and to show how new scenography and museographic tools helped to showcase them, inaugurating a new exhibition model that will be adopted by other colonial events. Preparations for the second Exhibition began in 1913, with the opening scheduled for 1916. Postponed by the Great War, its organization was placed in 1918 under the direction of Adrien Artaud, a politician and merchant, and it was inaugurated in 1922. This time, the focus was on colonial expansion and its presumed impact on national wealth, with local heritage playing only a marginal role. This new direction leads us to define another objective, which is to clarify the positioning of this exhibition in the history of colonial events in France and abroad, between the Universal Exhibition of 1867 and the Paris International Exhibition of 1937. My work is also in line with the multi-disciplinary research perspectives recently opened up by the University of Bordeaux, where a small team of art historians, with whom my thesis supervisor is in contact, is studying the hotbeds of artistic creation in colonial environments. One of my aims is to integrate the history of the Marseille exhibitions into the wider context of artistic circulation in the Mediterranean, which is an essential factor in the construction of an aesthetic identity, locally, nationally and internationally.