Thèse en cours

Ecocritique comparée des romans de la catastrophe paysanne dans Colline de Jean Giono, Tandis que j'agonise de William Faulkner, Hommes de maïs de Miguel Ángel Asturias, Pedro Páramo de Juan Rulfo et La Lézarde d'Edouard Glissant

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Ulysse Roche
Direction : Alain Romestaing
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littératures comparées
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Une comparaison écocritique des romans de la catastrophe au XXème siècle met au jour une réflexion écologique transculturelle sur la condition des paysans face aux catastrophes. Avec Colline (1929) et As I Lay Dying (1930), Jean Giono et William Faulkner rapprochent la narration de la voix des personnages ruraux dans un souci d'authenticité, qui rompt avec l'idéalisation pastorale et la condescendance sociale dont faisait l'objet cette classe rurale dans la littérature. Ils sont suivis par Miguel Ángel Asturias et son roman Hombres de maíz (1949), et exerceront une influence marquante sur Pedro Páramo de Juan Rulfo (1955) et La Lézarde d'Edouard Glissant (1957). Pour ces romanciers, il est impossible de penser une catastrophe comme purement « naturelle », tant elle se déploie dans un réseau de configurations sociales, politiques et économiques, d'où l'idée d'une « catastrophe paysanne » pour réunir ces romans : le déchainement des éléments dans des contextes de transition socio-spatiale du rural à l'urbain pose le problème de la survie des sociétés traditionnelles face à la machine de la Modernité. Portée par ces auteurs, l'écriture romanesque expérimentale du XXe siècle rejoint l'expérience des catastrophes écologiques et des transformations sociales vécues par les paysans. Les romans de Giono et Faulkner, comme ceux de leurs contemporains et successeurs – Asturias, Glissant et Rulfo –, prennent l'expérience littéraire pour une expérience de pensée politique et sociale, qui donne voix au prolétariat rural. L'attachement des romanciers à leur région natale les rend sensibles aux catastrophes de leur temps. Aujourd'hui, face à la crise sans précédent du climat et de la biodiversité, la relecture écologique de ces romans devient non seulement possible, mais vitale. Cette étude veut mettre à l'honneur une tradition alternative à la modernité littéraire urbaine du XXe siècle : celle des romans de la catastrophe paysanne. Par un comparatisme littéraire écologique, il s'agira de mettre au jour une trame commune aux romans qui ont réagi aux catastrophes de leur région, en donnant la première place aux paysans, au vivant et à la terre. Ce moment de bifurcation, tendu entre la symbiose et la mort, se joue en termes de simplification ou de complexification de la narration, de morcellement ou de réunion de la focalisation, et, en général, d'expérimentations stylistiques à même de rendre compte de ce moment limite que représente une catastrophe. On se demandera, par-là, comment les défis littéraires relevés par ces romanciers constituent des tentatives déterminantes pour renouveler la référentialité, la poéticité et la valeur du roman, en lui donnant une portée écologique. En d'autres termes, l'émergence de ce nouveau genre romanesque fait du monde rural le centre de gravité des catastrophes et de leurs enjeux écologiques.