Thèse en cours

La responsabilisation des entreprises européennes transnationales : nouveau levier du droit international du développement

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Auteur / Autrice : Marie Coatnoan
Direction : Loïc Grard
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 27/10/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de droit
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CENTRE DE RECHERCHES ET DE DOCUMENTATION EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES

Résumé

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La prégnance des questions tenant à la « responsabilité de l'entreprise transnationale à raison d'activités délocalisées » ne cesse de s'accroître à l'ère où se conjuguent la mondialisation et le dérèglement climatique. Dans ce contexte, les entreprises transnationales jouent un rôle capital sur la scène internationale compte tenu de leur impact sur l'environnement, le travail, la gouvernance et l'économie, aussi bien à l'échelle locale qu'internationale. Parmi les entreprises transnationales de droit européen, nombreuses sont celles qui détiennent des filiales dans les pays en voie de développement afin de tirer profit des ressources et de la main-d'œuvre qui s'y trouvent. Certaines de ces entreprises ont pu être impliquées dans des affaires de dommages environnementaux ou des pratiques ne respectant pas les droits humains. Pourtant, il apparaît difficile de les tenir responsables pour leurs atteintes aux droits humains ou à l'environnement. En effet, la mobilisation stratégique de techniques juridiques conforte une situation d'impunité allant à l'encontre des droits fondamentaux et des objectifs consacrés. Si la question de la responsabilisation des entreprises transnationales doit nécessairement se poser, il apparaît pertinent de la traiter sous l'angle du droit international du développement. En effet, les principes directeurs du droit international du développement rencontrent exactement les défis transversaux que pose la responsabilité extraterritoriale des entreprises transnationales européennes. Les dynamiques de développement sont inextricablement liées aux actions de ces dernières. Ainsi, il s'agit d'examiner dans quelle mesure le fait de responsabiliser les entreprises européennes transnationales pourrait être un levier du droit international du développement et, a fortiori, du développement des pays pauvres. Face à ces défis complexes et multilatéraux, l'Union européenne apparaît comme un acteur de premier plan pour concrétiser harmonieusement les évolutions juridiques nécessaires à l'aide des outils législatifs européens. Le contexte est d'ailleurs propice ; le 16 décembre 2022 a été publiée la directive dite CSRD qui renforce et harmonise les obligations de reporting des entreprises et consacre ainsi leur devoir de vigilance. En outre, un nouvel accord de partenariat entre l'Union européenne et les Etats ACP est actuellement en cours de ratification. Néanmoins, ce dernier s'inscrit dans le continuum des accords qui l'ont précédé et qui se sont tous révélés insuffisants pour atteindre les objectifs établis. Or, si l'Union européenne garantit le respect d'un certain nombre de normes par les entreprises transnationales de droit européen agissant dans les Etats tiers, elle pourrait, par le biais des acteurs privés, concrètement concourir au développement de ces Etats. Le droit matériel pourrait ainsi contribuer à la politique d'aide au développement de l'Union européenne. Somme toute, la responsabilisation des entreprises transnationales apparaît comme l'une des clés de voûte de notre futur modèle de société internationale. Les enjeux de ce travail de recherche sont protéiformes. Les perspectives juridiques doivent prendre en compte la géopolitique internationale et coïncider avec les impératifs économiques, juridiques, écologiques et sociaux. Tenir compte de ces enjeux permettrait aux règles de droit européen d'intervenir en cohérence avec le contexte dans lequel elles ont vocation à se matérialiser. Il convient de s'interroger sur le renforcement des devoirs des entreprises tout en garantissant leurs droits et libertés.