Thèse en cours

L'indispensable monopole médical ?

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Auteur / Autrice : Alice Eymard
Direction : Isabelle Poirot-mazeres
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : Université Toulouse Capitole
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et Science Politique (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IMH - Institut Maurice Hauriou

Résumé

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Le médecin dispose indéniablement d'un rôle fort au sein de notre société, dont l'illustration la plus marquante est l'existence d'un monopole médical. Apparu au Moyen-Âge et institué pour lutter contre le charlatanisme, le monopole médical a conservé sa puissance et s'est affirmé au fil des siècles, au point qu'aujourd'hui, il apparaît presque impossible de le remettre en cause ou de le défaire. Source de privilèges, il implique que l'établissement d'un diagnostic et la prescription de traitements ne puissent être effectués que par des médecins. Seulement voilà, le monopole interroge quant à la question de savoir s'il est aujourd'hui véritablement indispensable, notamment parce que sa présence soulève des difficultés importantes dans l'accès aux soins des individus. Ce dernier interdit par principe aux professions paramédicales d'exercer la médecine, en ce qu'il s'oppose à ce que les actes de diagnostic et de traitement ne soient délégués à ces professions, empêchant ainsi une lutte efficace contre les déserts médicaux. Apparaissant de prime abord comme un modèle indétrônable, il n'en demeure pas moins que des atteintes importantes ont pu être portées au monopole des médecins depuis la crise sanitaire de la Covid-19. Ces dernières se justifient au nom des exigences de protection de la santé publique, et semblent bien se pérenniser puisque désormais, les pharmaciens peuvent prescrire certains types de médicaments et vacciner les patients, contribuant ainsi à une résorption partielle des problèmes d'accès aux soins. Le monopole médical serait-il sur le point de s'effacer ? Ce dernier est-il encore indispensable s'il est progressivement rongé par les autres professions de santé ? La réponse n'est pas évidente puisque le monopole constitue également une garantie contre le charlatanisme et contre toute forme d'exercice illégal de la médecine. Néanmoins des indices laissent penser qu'un basculement progressif s'opère et que l'absolutisme du monopole des médecins ne sera bientôt plus. La logique de renforcement de la coopération en matière sanitaire laisse penser qu'une compatibilité devra être trouvée entre monopole des médecins et la création d'un véritable service public de santé, englobant alors toutes les professions liées aux soins. Par ailleurs, s'il est vrai qu'en droit interne, les contours du monopole semblent être nettement dessinés, il n'en va pas de même en matière de droit de la concurrence et de droit de l'Union européenne, quant à la dimension économique que doit revêtir l'activité des médecins : a-t-on affaire à une activité libérale ou commerçante ? Sur cette question les conceptions nationale et européenne divergent…C'est pourquoi, s'intéresser profondément au monopole et aux évolutions qu'il est fortement susceptible de connaître permettrait, outre mesure, d'éclairer la position et le régime juridique de ce dernier. Ainsi, le monopole médical français va-t-il faire l'objet d'une réorganisation profonde, brisant alors la rigidité qui est la sienne depuis des siècles ?