L'eau de l'hydrologue et l'eau du décideur. L'expertise scientifique, entre parole en crise et support renouvelé de l'action publique - Le cas de quatre établissements de recherche français
Auteur / Autrice : | Victoria Hatem |
Direction : | David Demortain |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Gustave Eiffel |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (Champs sur Marne ; 2015-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
En 1846, devant la Chambre des Pairs, Victor Hugo attire l'attention de son auditoire sur l'érosion du littoral en lui tenant un discours appuyé sur un registre de scientificité, évoquant « une multitude de phénomènes » allant de « la mer agissant incessamment sur les côtes » à «l'action atmosphérique ». Le tribun, le décideur, le pédagogue sont alors une même personne et aucun géologue, climatologue ou hydrologue ne se tient à côté du député Hugo. Près de deux siècles plus tard, un organe bicaméral existe qui permet aux parlementaires de participer à la rédaction de rapports portant sur des questions scientifiques en leur fournissant des ressources informationnelles et humaines - l'OPECST, créé en 1983. La distance entre la situation actuelle et l'exemple hugolien illustre l'évolution des relations sciences-action publique, trajectoire que suffit à résumer un seul terme : l'institutionnalisation. Un certain nombre de maillons intermédiaires entre les deux univers sont en effet progressivement formalisés, censés fluidifier leurs rapports et favoriser une décision raisonnée. A partir du cas des sciences de l'eau et de leur circulations vers les mondes de l'action publique, cette thèse vise à analyser les évolutions des cultures de l'expertise scientifique dans quatre établissements de recherches en France. En effet, les administrations ne sont pas les seules à s'organiser pour capter les produits de l'activité scientifiques utiles à la décision. Symétriquement émerge, renforcé depuis quelques années, un mouvement réciproque d'institutionnalisation du côté des établissements de recherche : au besoin de sciences de ceux qui décident répondent chez ceux qui cherchent des initiatives pour financer, visibiliser et faciliter, notamment par la formation, l'éclairage de l'action publique. Universités et instituts de recherchent se dotent ainsi de services et d'outils dédiés à l'« appui aux politiques publiques », pour accompagner leurs chercheurs dans leurs missions d'expertise. Dans un contexte de changement climatique, la thèse vise plus largement à comprendre si les chercheurs étudiant l'eau voient évoluer le rôle que leur attribue la société.