Thèse en cours

La décision anticipée en matière douanière (« rescrit douanier ») et la sécurité juridique en Chine - au regard des droit français et européen

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Auteur / Autrice : Yuan Zhang
Direction : Jean-Luc AlbertBanggui Jin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : En droit spécialité Droit public
Date : Inscription en doctorat le 09/11/2022
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Sciences Juridiques et Politiques
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CEFF - Centre d'Etudes Fiscales et Financières

Mots clés

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Résumé

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Le système dit 'décision anticipée' (yu cai ding 预裁定en chinois) a été mis en place en 2017 en Chine. En effet, le 26 décembre 2017, l'Administration Générale des Douanes de Chine (AGD) a publié un arrêté intitulé « Mesures provisoires relatives à l'administration des décisions anticipées par les douanes de la République Populaire de Chine ». Cet arrêté vise à promouvoir, dans le pays, la sécurité juridique et la commodité des échanges, à optimiser l'environnement commercial et à améliorer la prévisibilité des activités commerciales importatrices et exportatrices des entreprises. Ce système consiste à 'anticiper' le contrôle de dédouanement et à permettre aux douanes de procéder à une évaluation préliminaire du classement tarifaire et à une détermination anticipée de l'origine des marchandises grâce aux documents soumis par les entreprises exportatrices et importatrices avant que les marchandises n'entrent ou ne sortent du pays. Cela permet notamment de simplifier le processus de déclaration, de raccourcir le temps de dédouanement et d'améliorer l'efficacité du système de dédouanement. Il s'agit de la mise en application de l'Accord sur la facilitation des échanges de l'OMC auquel la Chine a décidé d'adhérer le 4 septembre 2015. En effet, avec l'entrée en vigueur le 22 février 2017 de cet Accord international, la Chine a l'obligation de prendre, en matière douanière, des mesures nécessaires à l'application des obligations définies par l'article 3 de cet Accord. Avec la publication de cet arrêté, le « rescrit douanier » est officiellement mis en place en Chine. Il convient de noter que, afin de préparer l'adhésion de la Chine à l'OMC, la « Loi sur la douane » a déjà introduit, lors de sa modification en 2000, le concept de 'décision administrative' (xing zheng cai ding 行政裁定), un concept assez proche du système de décision anticipée. A la suite de l'introduction en 2000 de ce système dans la loi sur la douane, le Gouvernement chinois a publié plusieurs textes réglementaires pour mettre en place le système dit « trois pré-décisions » (pré-classement des marchandises, pré-validation des prix et pré-détermination de l'origine », afin de permettre l'accélération du dédouanement des marchandises. Mais dans la pratique, la mise en œuvre de ce système « pré-décision administrative » était loin d'être satisfaisante et les facilités apportées aux entreprises étaient très limitées. A cause des problèmes et difficultés rencontrés dans la pratique (les procédures de demande trop complexes, difficultés d'accès aux voix de recours, etc.), seulement une dizaine de décisions de classement ont été émises par l'autorité douanière entre 2001 et 2018. Le rescrit douanier mis en place en 2017 couvre principalement le classement tarifaire des marchandises (Renseignement tarifaire contraignant-RTC), la détermination de l'origine des marchandises (Renseignement contraignant sur l'origine – RCO) et l'estimation de la valeur en douane (Renseignement contraignant sur la valeur en douane – RCVD). S'il est encourageant de voir que la Chine a mis en place le « rescrit douanier » (décision anticipée) pour remplir ses obligations internationales, il n'est pas inintéressant de nous interroger sur la question de savoir si le rescrit douanier effectivement mis en place en Chine répond aux exigences définies par l'Accord sur la facilitation des échanges de l'OMC d'une part, et aux exigences d'un État de droit et en particulier à celles de la sécurité juridique. L'objectif pour les opérateurs économiques de recourir au rescrit douanier consiste à chercher la sécurité juridique en matière d'application des normes douanières. Si le recours à cet outil juridique ne leur permet de satisfaire à ce besoin de sécurité juridique, le rescrit douanier perd toute son utilité et sa raison d'être. Quels sont les enseignements en termes de sécurité juridique peut-on tirer du rescrit douanier depuis sa mise en application en 2017 en Chine ? La situation est plutôt inquiétante. La nature juridique de la « décision anticipée » n'est pas certaine. Les opinions des juristes divergent sur la question. Les conséquences juridiques du changement de position (attitude) de l'autorité douanière sur le dossier restent incertaines. Autrement dit, les opérateurs économiques risquent de subir les conséquences provoquées par les erreurs commises par l'autorité douanière en raison de son changement de position. Le fait de déléguer le pouvoir de décision en matière de rescrit douanier aux autorités douanière à l'échelon de province vient aggraver l'insécurité juridique en la matière. Les voies de recours ont besoin d'être améliorées, du fait de la divergence dans l'application des normes. Ces questions méritent d'être étudiées de manière approfondie. Les mêmes questions se posent en matière de rescrit fiscal. Ainsi, si l'amélioration de la sécurité juridique en matière de rescrit douanier comme en matière de rescrit fiscal est possible par la modification des dispositifs concernés, la sécurité juridique ne peut pas être définitivement et entièrement assurée si elle n'est pas consacrée en tant que principe fondamental de droit en droit chinois. Le candidat propose d'examiner toutes les questions évoquées ci-dessus pour essayer de voir quelles seraient les solutions qui pourraient être adoptées pour améliorer la sécurité juridique des opérateurs économiques en matière douanière. L'expérience française et européenne en la matière peut être intéressante pour la Chine. Ainsi, nous comptons mener cette étude en adoptant une approche comparative. Les questions seront examinées à l'instar du droit français et européen.