Thèse en cours

Sartre et Kierkegaard : l'éthique de la liberté et la question de l'autrui

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Auteur / Autrice : Yudai Kanatsuka
Direction : Sebastian Husch
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 11/10/2021
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Cognition, Langage et Éducation (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Gilles Gaston Granger

Mots clés

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Résumé

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De nos jours, en allant contre une représentation couramment faite sur ce sujet, certaines n'hésitent plus à formuler ouvertement leurs doutes sur la légitimité de considérer Kierkegaard comme père de l'existentialisme. En vérité nous savons désormais que, pour mieux comprendre la pensée de Kierkegaard qui s'opposa à Hegel avec volonté, aima Schopenhauer dans sa jeunesse et que le cours de Schelling déçut, il est beaucoup plus sensé de souligner la continuité qu'il a avec l'histoire de la philosophie allemande, que d'insister sur la discontinuité qui ferait du penseur danois un philosophe de la subjectivité qui, isolé, conteste tous les systèmes philosophiques qui prétendent à l'objectivité. Mais alors pourquoi s'intéresser à la relation entre Kierkegaard et Sartre ? Les comparer ne reviendrait pas à faire un pas en arrière en considérant Kierkegaard dans son rapport désormais douteux avec l'existentialisme ? D'ailleurs, considérés pour eux même, Sartre et Kierkegaard semblent s'opposer sur beaucoup de point d'une manière souvent diamétrale. Prenons quelques exemples : là où Kierkegaard souligne la nécessité d'être sérieux, Sartre dénonce l'esprit de sérieux ; là où Kierkegaard insiste sur l'importance de l'intériorité, Sartre explique que la conscience – dont la réflexivité est constitutive de la définition de l'homme comme « pour-soi » - va toujours vers l'extérieur et n'a donc l'intériorité ; là où Kierkegaard place le christianisme au centre de sa pensée, Sartre présente sa délibérément athée : là où Kierkegaard s'oppose résolument à Hegel, Sartre, explicitement dans Question de méthode, considère le philosophe danois comme une contrepartie nécessaire du système hégélien, en pensant que Marx effectue un dépassement à la fois de Hegel et de Kierkegaard. Entre Sartre et Kierkegaard, tout se passe, en bref, comme s'il n'y ait aucune possibilité de dialogue. Mais est-ce vraiment qu'il n'y a aucune possibilité de dialogue entre eux ? La présente thèse, précisément, a pour objectif de montrer une possibilité de dialogique fructueux entre Kierkegaard et le premier Sartre - à savoir Sartre d'Être et le Néant qui n'est pas encore un compagnon de route du P.C. Mais alors quelle est cette possibilité de dialogue ? Sans doute une des possibilités est-elle à rechercher dans une étude historique qui analyse la relation entre le premier Sartre, Kierkegaard et Heidegger : car nous savons en fait que, dans « L'Être et le Néant », Sartre reprenne les idées heideggériennes qui doit leur origine aux écrits de Kierkegaard et dont, entre autres, l'instant, l'angoisse et l'authenticité. Toutefois, tout en reconnaissant l'intérêt innégligeable d'une telle recherche historique, la présente thèse s'intéresse plutôt à la possibilité d'un dialogue intrinsèque entre le premier Sartre et Kierkegaard : à savoir qu'elle s'efforcera de dégager les ressemblances intérieures entre les deux, possibilités qui nous permettront de nous faire voir de divers aspects souvent mis en silence de la pensée de Kierkegaard et de celle du premier Sartre. Or ces aspects se regroupent autour de trois axes, à savoir : la liberté, l'éthique et la question de l'autrui.