Le rôle de la prédiction sémantique et syntaxique et de l'apprentissage statistique dans la lecture normale et dans la dyslexie développementale.
Auteur / Autrice : | Elisa Gavard |
Direction : | Johannes Ziegler |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2020 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cognition, Langage et Education (Aix-en-Provence ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRPN - Centre de recherche en Psychologie et neurosciences |
Mots clés
Résumé
L'idée du cerveau prédictif est devenue un concept clé en neuroscience et en science cognitives. Selon cette idée, le cerveau serait une « machine » à faire des prédictions sur les événements futurs et chercherait à minimiser les erreurs de ces prédictions, ce qui est la base d'un apprentissage implicite et adaptatif. Si la prédiction intervient dans de nombreux domaines cognitifs, les chercheurs qui étudient le langage ont été particulièrement actifs dans l'exploration du rôle de la prédiction dans la lecture. En effet, la lecture ne se limite pas à l'interprétation immédiate des mots, mais implique également une anticipation active de ce qui pourrait suivre, basée sur le contexte linguistique et les régularités statistiques. De plus, un nombre croissant d'études ont également tenté de déterminer si les compétences en apprentissage statistique (i.e., capacité à extraire des régularités statistiques de l'environnement pour faire des prédictions et former des attentes) pouvaient expliquer les différences interindividuelles dans les capacités de lecture au sein de la population générale (avec et sans troubles de la lecture). Dans le domaine de la dyslexie, il a été montré que les dyslexiques adultes utilisent davantage les informations linguistiques de haut niveau (e.g., sémantique, syntaxe) pour « compenser » leurs déficits dans le traitement des informations linguistiques de bas niveau (e.g., orthographique, phonologique), ce qui reviendrait à une forme de prédiction. Cependant, même si plusieurs aspects des processus de prédiction dans le langage ont été explorés, il existe encore quelques lacunes dans notre compréhension, ce qui nécessite des recherches supplémentaires. En effet la plupart des études ont porté sur des niveaux assez généraux de compétence en lecture plutôt que sur des processus plus dynamiques consistant à faire des prédictions linguistiques. De plus, si les études sur l'apprentissage statistique exploitent effectivement des mécanismes d'apprentissage du monde réel, on devrait s'attendre à des relations fiables entre l'apprentissage statistique et la lecture. Pourtant, il existe un réel débat dans la littérature concernant le lien entre compétence en lecture et apprentissage statistique ou concernant la présence d'un déficit ou non d'apprentissage statistique dans la dyslexie. Ce conflit dans la littérature pose un défi fondamental pour notre compréhension du rôle de l'apprentissage statistique dans le langage et, plus généralement, dans la cognition. Dans cette thèse, nous aborderons les questions suivantes : Quel est le rôle de la prédiction sémantique et syntaxique dans la lecture à voix haute ? Les bons lecteurs, ainsi que les bons « compreneurs », sont-ils de bons prédicteurs linguistiques ? Et si les prédictions linguistiques reposent bien sur une capacité plus « domain-general » d'apprentissage statistique, les bons prédicteurs sont-ils également de bons « statistical learners » ? Enfin, ce potentiel lien entre prédiction linguistique et non linguistique joue-t-il un rôle dans la dyslexie développementale et quelles sont les bases neurales de ces différents types de prédictions ? Cette thèse fait le lien entre deux domaines de la cognition : la psycholinguistique de la lecture et les neurosciences cognitives. Nous apporterons des nouvelles connaissances théoriques en évaluant les effets de prédiction linguistique et non linguistique (i.e., apprentissage statistique) chez les adultes dyslexiques, mais également en précisant la nature de ces informations et la localisation précise des réseaux neuronaux impliqués, afin d'améliorer nos connaissances sur la manière dont nous traitons et comprenons le langage écrit. Enfin, les apports théoriques des résultats de cette thèse seront discutés dans le contexte des théories compensatoires actuelles de la dyslexie développementale.