Prédiction temporelle chez l le primate non-humain : implications pour l'évolution du traitement du rythme
Auteur / Autrice : | Siham Bouziane |
Direction : | Adrien Meguerditchian, Jennifer Coull |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Cognition, Langage et Éducation (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRPN - Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La perception du temps est un processus élémentaire au coeur du traitement des rythmes. Alors que les rythmes, qu'ils soient d'ordre biologiques, moteurs ou environnementaux, sont omniprésents dans la vie de tous les êtres vivants, la plupart des recherches cognitives ont montré que les capacités à percevoir et traiter les variations rythmiques étaient limitées chez les primates non-humains. En revanche, ces propriétés cognitives se manifestent clairement dans l'espèce humaine dans de nombreuses fonctions cognitives (langage, musique, danse, etc.). Ce projet de thèse s'inscrit dans le cadre théorique des origines évolutives du traitement rythmique. En m'intéressant particulièrement à une perception sensorielle encore inexplorée chez les modèles étudiés dans cette approche la perception vibrotactile - je compte ainsi mener des recherches comparatives sur le traitement du temps à travers l'étude des capacités de rythmiques chez deux espèces : chez le bébé humain (dès 3 mois) et chez le primate non-humain, sur modèle babouin à la plateforme CCDP (Comportement et Cognition du Primate) à la station de primatologie de Rousset. Les rythmes ne constituent qu'une manière de structurer et prédire l'information sensorielle dans le temps. Dès 5 mois, les bébés humains sont déjà capables de réaliser des prédictions temporelles (trajectoires d'objets, probabilité d'apparition d'un personnage, changements de rythmes ) qui sont facilitées lorsque les stimuli sont présentés dans plusieurs modalités (audio-visuelles). Alors que la modalité tactile est la première à émerger aux cours du développement in utero et constitue aussi pour le foetus une voie d'entrée des sons via le liquide amiotique, des questions se posent sur son rôle potentiel dans le développement de cette capacité temporelle multimodale. Une telle modalité n'a pourtant jamais été explorée dans le cadre du développement des capacités rythmiques du nourrisson. Les travaux réalisés chez les primates non-humains, quant à eux, se sont très largement concentrés sur leurs capacités de production rythmique, au détriment de leurs capacités de perception. Les rares travaux dans le domaine ont d'ailleurs privilégié des expériences impliquant la modalité auditive, alors qu'il est aujourd'hui largement admis que, dans des paradigmes expérimentaux, les singes ont du mal à porter leur attention sur des stimuli acoustiques. La difficulté à traiter le rythme chez les primates non-humains est-elle liée à de telles limitations sensorielles et méthodologiques ou à une discontinuité cognitive avec l'espèce humaine ? Avant d'être multimodales, les capacités rythmiques se développent-elles d'abord par la modalité vibrotactile chez les bébés humains ? Et apparaissent telles ainsi plus précocement à travers la modalité tactile par rapport aux modalités auditive et visuelle ? Ces questions seront au coeur de ma thèse et définissent mes axes de recherche : Le premier objectif interroge l'implication de la modalité tactile dans le développement des prédictions temporelles à travers l'étude de la perception des rythmes chez le bébé de 3 mois à travers (1) des stimuli unimodaux (vibrotactiles versus accoustiques) puis (2) multimodaux (vibrotactile, visuel et auditif). Le second objectif étudie l'émergence des capacités rythmiques au cours de l'évolution grâce à l'étude des prédictions temporelles chez le modèle babouin, et ce, à travers l'étude la perception de rythmes naturels en privilégiant des stimuli multimodaux (visuels + vibrotactiles), puis unimodaux (vibrotactiles puis visuels). Le troisième objectif concerne l'étude de la prédiction temporelle, autrement que par le rythme, par le biais d'une tâche d'apprentissage statistique des probabilités temporelles (Coull et al., 2016) réalisée dans un premier temps à travers des stimulations multimodales (vibrotactiles + visuelles), et dans un second temps, avec une approche unimodale (visuelle)