Thèse en cours

Archéologie de la production du froid en Corse et en Sardaigne, du Moyen Âge à la révolution industrielle : sites, réseaux et environnements

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Auteur / Autrice : François Bartolomei
Direction : André ConstantAndréas Hartmann-virnich
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Archéologie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LA3M - Laboratoire d'Archéologie médiévale et moderne en méditerranée

Résumé

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Tout au long de l'époque moderne, de Rabelais à Mozart, les produits rafraîchis comme les sorbets furent présentés comme synonymes de luxe et d'exclusivité liés à la fête et aux plaisirs sensoriels, pour lesquels la glace et la neige étaient des ingrédients essentiels. Avant la démocratisation de cette consommation au XXe siècle et depuis le Moyen-Âge, glacières et nivières constituaient en Méditerranée les maillons essentiels de la chaîne de production du froid. Ces constructions, destinées au stockage de la glace et de la neige, prenaient généralement la forme de puits maçonnés enfouis ou semi-enfouis, protégés par un bâtiment, en attendant leur commercialisation et leur consommation dans les villes où la glace et la neige étaient vendues sous le contrôle des autorités locales. Les usages de ces produits froids y étaient variés : conservation des denrées périssables, fabrication de boissons fraîches, sorbets et « fromages glacés », mais aussi usages médicaux ou hospitaliers pour soulager les douleurs et « rééquilibrer les humeurs ». L'historiographie a montré que l'intérêt pour ce sujet ne s'est vraiment manifesté qu'à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Les approches problématisées, tant sur le plan économique que sociétal, ont été engagées seulement à la fin des années 1960 par des chercheurs pionniers comme Xavier De Planhol et ‘Ada Acovitsiōti-Hameau. Ces avancées substantielles sur les questions de chronologie, de chaîne opératoire et d'organisation économique et sociale de l'artisanat et du commerce du froid, ont cependant été réduites, depuis deux décennies, à des études ponctuelles et régionales. Ce projet de thèse a donc l'ambition de reprendre ce sujet et d'aborder l'artisanat et le commerce du froid avec un point de vue novateur : celui de l'archéologue. Dans une démarche résolument systémique, il s'agira de réinscrire le sujet dans les problématiques récentes consacrées à l'usage des espaces agro-sylvo-pastoraux en Corse et en Sardaigne, soit une « archéologie du paysage » de cette activité. Plus largement, l'objectif à terme sera de replacer les acquis corses et sardes en matière de « production du froid » à l'échelle de la Méditerranée occidentale. Trois axes de travail doivent permettre de réaliser ces ambitions : - Axe 1- Déterminer une typo-chronologie technique et architecturale des sites du froid : c'est-à-dire, identifier les types de construction, leurs datations et les éventuelles filiations techniques et architecturales des sites de production pour déterminer les choix d'implantations des bâtisseurs en construisant un corpus comparatif dans un SIG de 200 à 300 nivières et glacières de Méditerranée occidentale. - Axe 2- Comprendre l'économie du froid dans l'environnement du Petit Âge Glaciaire : puisqu'il s'agit d'une économie fortement dépendante de la météorologie avant l'ère industrielle, il s'agira d'évaluer son apport à la géographie du climat aux époques médiévale et moderne. En effet, si la possibilité d'utiliser les sites du froid comme « marqueurs paléoclimatiques » a déjà été envisagée, la mise en œuvre n'a jamais été réalisée. On confrontera les dates de fondations et d'abandon obtenues dans les archives et par la fouille avec les données topographique pour peut-être, rendre compte des évolutions des niveaux d'enneigement et de gel. - Axe 3- Établir la chaîne opératoire du froid en Corse et Sardaigne : plus particulièrement, comprendre les liens des sites de production avec d'autres activités de montagne, ce qui n'a jamais été fait en Corse ni en Sardaigne. À l'échelle régionale on peut se demander si glacières et nivières ont été des lieux de pluriactivité ou si ces sites du froid ont joué plusieurs rôles. À une échelle plus grande, il faudra replacer les cas corses et sardes dans leur contexte méditerranéen. En lien avec les questions de typochronologie on pourra mettre en évidence des constructions types, des environnements types et des datations.