L'impact social, un cadre d'évaluation adapté pour l'économie sociale et solidaire ?
Auteur / Autrice : | Fatoumata Camara |
Direction : | Cyrille Ferraton |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ART-DEV - Acteurs, Ressources et Territoires dans le Développement |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
PRESENTATION DU SUJET Selon le Conseil supérieur de l'Économie sociale et solidaire (2011), l'impact social consiste en « l'ensemble des conséquences (évolutions, inflexions, changements, ruptures) des activités d'une organisation tant sur ses parties prenantes externes (bénéficiaires, usagers, clients) directes ou indirectes de son territoire et internes (salariés, bénévoles, volontaires) que sur la société en général ». Depuis au moins une dizaine d'années, l'impact social tend à se substituer à l'utilité sociale dans le champ de l'économie sociale et solidaire (ESS). Alors que cette utilité sociale avait été introduite pour souligner les spécificités des organisations de l'ESS et préciser leurs différences avec les organisations privées à but lucratif (non lucrativité, principe démocratique, libre adhésion, double qualité, etc.), l'impact social tend à introduire des mesures de l'efficacité des organisations de l'ESS calquées sur celles des organisations privées à but lucratif sans donc tenir compte de leurs différences. L'ESS semble ainsi perdre toute marque distinctive dans ce cadre d'évaluation de la performance. Néanmoins, la littérature spécialisée met en avant la très grande hétérogénéité des pratiques en matière d'évaluation de l'impact social tant du point de vue des méthodes mobilisées que des résultats et indicateurs mesurés. Ainsi, se pose la question des « résistances » de la part des acteurs de l'ESS qui peuvent se montrer réticents à l'égard du cadre d'évaluation de l'impact social, « résistances » qui peuvent conduire à une requalification de l'impact social par l'introduction de méthodes plus adaptées au champ de l'ESS et qui tiennent ainsi compte des spécificités de celle-ci. S'il est important d'évaluer les conséquences des activités de l'ESS, celle-ci s'est également construite et démarquée du reste des organisations économiques en soulignant que les moyens déployés pour atteindre les objectifs établis en amont, importent tout autant (non lucrativité, principe démocratique, libre adhésion, « double qualité », etc.). Le cadre d'évaluation de l'impact social laisse peu ou pas de place à ces moyens et vient remettre en cause ce qui fonde l'ESS. Par ailleurs, la participation à l'élaboration des méthodes et des indicateurs utilisés pour évaluer l'impact social reste encore très réduite pour les acteurs de l'ESS ce qui là aussi contrevient aux principes de l'ESS. La première étape de ce travail doctoral consistera à réaliser un état des lieux des pratiques d'évaluation de l'impact social. Quelles sont les méthodes utilisées ? Quels sont les indicateurs pris en compte ? La performance mesurée est-elle réductible à une performance « marchande » principalement orientée sur des critères d'efficacité ? La seconde étape s'attachera à identifier les « résistances » à l'uvre dans ces mesures de l'impact social. Les acteurs de l'ESS adoptent-ils des dispositifs similaires à ceux mobilisés dans le champ du secteur privé à but lucratif ? Ou bien sont-ils force de propositions en adoptant ou en promouvant des dispositifs plus adaptés aux spécificités de l'ESS ? L'un des enjeux majeurs de la mesure d'impact social réside dans les méthodes et les indicateurs sélectionnés. Est-ce que l'importation de ce cadre d'évaluation de l'impact social et cette « gouvernance par les nombres » dans le champ de l'ESS remettent en cause les valeurs (historiques) défendues par l'ESS ? Ou bien assiste-t-on à une requalification et une appropriation par les acteurs de l'ESS ? Dans cette perspective, est-ce que le champ de l'ESS dans le cas français tend à ne plus offrir de différences avec les autres organisations privées à but lucratif, ou bien, les « spécificités méritoires » de l'ESS sont conservées ?