Circulation des discours sur les minorités sexuelles et de genre à La Réunion: des discours institutionnels aux discours des 'premiè.res concerné.es'
Auteur / Autrice : | Nathalie Carpentier |
Direction : | Mylene Eyquem |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du langage : linguistique et phonétique générales |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | La Réunion |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres et sciences humaines, Droit économie gestion, Sciences politiques |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Langues, textes et communications dans les espaces Créolophones et Francophones |
Mots clés
Résumé
L'année 2021 a été une année charnière pour la visibilité des personnes lesbiennes, gays, bisexuel‧les et trans (LGBT+) à La Réunion. La mobilisation sans précédent de la jeunesse réunionnaise lors de la première marche des visibilités en mai 2021 sera suivie en novembre par l'inauguration du premier centre LGBT+ de l'Océan Indien à Saint-Denis de La Réunion. Ces événements apparaissent comme la concrétisation et la visibilisation d'un discours militant collectif récent qui mobilise à la fois la théorie queer comme mouvement culturel et politique transnational et de nombreux éléments socioculturels et linguistiques propres à l'île de La Réunion. Néanmoins depuis 2012 et les débats pour le mariage pour tous, des discours institutionnels (politiques, religieux, associatifs) circulent et identifient les personnes LGBT+ collectivement ou individuellement. Nous proposons dans cette thèse de contextualiser « la parole des premiers concerné·es » (individuels et collectifs militants produits par les personnes créoles LGBT+) en étudiant l'écosystème discursif dans lequel elle s'inscrit. Nous analyserons pour cela la circulation des discours sur les personnes d'identité de genre non traditionnelles ou non-hétérosexuelles à La Réunion. Nous nous demanderons quels sont les mythes, les stéréotypes, les préjugés et les idéologies mis en jeu dans les discours à propos de personnes LGBT+. Quels sont en retour les différents positionnements ou stratégies mobilisés dans les contre-discours des personnes LGBT+? Nous adopterons pour cela le cadrage théorique de la sociolinguistique ethnographique. Nous analyserons un corpus numérique et de presse écrite, radiophonique et télévisuelle relevé autour d'évènements polémiques et médiatisés entre 2012 et 2024 : débats sur le mariage pour tous en 2012, débat sur la loi de bioéthique élargissant l'accès à la PMA à toutes les femmes en 2021, discours officiels et déclarations autour des marches des visibilités de 2021 à 2024, prises de parole autour des attaques LGBTphobes telles que l'incendie du centre LGBT+ de Saint-Denis de La Réunion en février 2023. Il s'agira de collecter des discours individuels autant que des discours institutionnels au sens large des discours autorisés dans un milieu donné sans référence nécessaire à l'Etat. Ainsi, les discours politiques, religieux, associatifs, les chartes et programmes pourront constituer des discours institutionnels. Ce corpus médiatique sera complété par un corpus extra médiatique sans bornes temporelles qui permettra de dégager un cadre de référence en lien avec les mythes et représentations : uvres artistiques, archives militantes ou historiques. Nous mènerons une analyse du discours en nous attachant aux éléments sémiotiques et aux indicateurs linguistiques (éléments lexicographiques, marqueurs énonciatifs, éléments rhétoriques) sur des supports matériels variés: textes écrits et oraux, images et formes hybrides combinant, par exemple, textes et images. A travers l'étude de la langue, des pratiques idéologiques et sociales des discours en circulation (ceux qui interpellent les personnes LGBT+ réunionnaises et ceux qui sont produits en retour) nous tenterons d'expliciter et de rendre compte des changements sociaux en cours.