Thèse en cours

Les contrats nuptiaux internationaux

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Auteur / Autrice : Mamadou Sarr
Direction : Christelle Chalas
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé
Date : Inscription en doctorat le 25/09/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des Sciences Juridiques, Politiques et de Gestion (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche Droits et Perspectives du Droit
Equipe de recherche : LERADP - L'Equipe de Recherches Appliquées au Droit Privé

Résumé

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En droit français, le contrat de mariage se définit comme un contrat passé devant notaire avant le mariage, par lequel les futurs époux fixent leur régime matrimonial, soit par référence au régime de droit commun de la communauté légale, soit en adoptant un autre régime matrimonial, par exemple, la séparation de biens, et qui peut contenir diverses dispositions, libéralités adressées aux époux ou entre époux. Mais contrairement au contrat de mariage, les contrats nuptiaux se singularisent en ce qu'outre les dispositions élaborant le régime matrimonial, ils prévoient des clauses anticipant l'ensemble des conséquences financières qui résulteraient d'un éventuel divorce (plus connu sous le terme de « prestation compensatoire » en droit français, ou maintenance ou alimony en droit américain). Le droit positif français a toujours reconnu une grande liberté (liberté des conventions matrimoniales) aux époux pour aménager contractuellement, par le biais de leur régime secondaire, les conséquences financières de leur éventuel divorce. En revanche, il n'est ouvert qu'à une reconnaissance limitée des accords anticipant les conséquences patrimoniales du divorce. En effet, la culture juridique impacte la manière dont les membres du couple façonnent l'organisation financière de leur union. Si ces contrats nuptiaux sont inspirés des prenuptial agreements connus du droit anglais ou américain, il n'en demeure pas moins que leur émergence, depuis quelques années, peut aussi être recherchée en droit international privé européen. En effet, il s'agit des règlements européens de droit de la famille (qui font souvent des renvois aux instruments de la conférence de La Haye), plus particulièrement le règlement « Aliment », qui assure la sécurité transfrontière des contrats nuptiaux par l'instauration de la volonté comme facteur de rattachement autonome. En d'autres termes, il permet aux époux de choisir la loi applicable à leurs obligations alimentaires en cas d'éventuel divorce. Dès lors, afin de se prémunir des méfaits de l'internationalisation du contentieux de la séparation, les praticiens du droit international privé de la famille ont entamé, depuis quelques années, l'élaboration de ces contrats « sur mesure ». En outre, en matière d'union et de désunion, nombreuses sont les lois qui coexistent et susceptibles d'être appliquées dans la logique d'anticipation des conséquences financières du divorce. Cette diversité des solutions en droit international privé a pour conséquence de nourrir le contentieux de l'aménagement des conséquences financières avant divorce par le contrat de mariage. Qui plus est, le haut risque de rupture ainsi que ses effets pervers dont sont marquées les relations conjugales donne un intérêt grandissant à l'idée d'anticipation. Cette étude permettra d'abord à cet effet de répondre à l'interrogation sur l'articulation entre le droit positif interne et le droit international privé avant de se verser dans l'appréciation des solutions offertes aux époux sur le plan international et européen, dans l'anticipation des conséquences financières de leur désunion. Si en droit interne ces contrats nuptiaux posent la question de la disponibilité de la prestation compensatoire ; en droit international, ce sera celle de la réflexion autour des méthodes qui sous-tendent cette discipline : des conflits de lois aux conflits de juridictions, de l'ordre public international aux méthodes de reconnaissance et d'efficacité des accords nuptiaux devant le juge français du divorce ainsi que de la contractualisation de la famille à l'autonomie de la volonté dans les relations matrimoniales internationales.