Thèse en cours

Du raccommodage au soin : penser Paris par son mobilier urbain de ''confort'' (fin XVIIIe – fin XXe siècles)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Louise Thiroux
Direction : Émilie d' Orgeix
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire des sciences et des techniques
Date : Inscription en doctorat le 25/09/2023
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration dans l'Europe moderne et contemporaine (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse propose de retracer la progressive inscription de la notion de soin dans Paris par l'étude du mobilier urbain de confort, avec pour bornes l'apparition des premiers réverbères en 1766 et l'installation de la ligne de mobilier URBINO, créée par Jean-Michel Wilmotte en 1996. Elle explorera la manière dont ce mobilier de rue se place à la confluence entre la notion de raccommodage et de soin à l'époque contemporaine, permettant ainsi de saisir comment ces objets installés dans l'espace public et liés à une fonction ou à un service offert à la collectivité prodiguent des soins à la ville. Le raccommodage permet de relier l'histoire de Paris et de son mobilier aux questions d'agentivité et d'hybridation. Plus encore, il révèle la tentative de réconciliation avec la ville par l'entremise de son réagencement et de la mise en place d'un proto mobilier urbain de confort à la fin du XVIIIe siècle, conformes à la logique d'embellissement, constituant de ce fait l'étape préliminaire au déploiement de la pensée du soin au XIXe siècle. Observable par la prolifération du mobilier de rue, la pensée du soin au XIXe siècle doit être comprise comme l'ensemble des actions par lesquelles on s'occupe à restaurer la santé, le bien-être physique, matériel et moral des habitants et par extension de la capitale. Toutefois, la progressive réduction du nombre d'édicules et le déclin d'intérêt pour cette typologie au XXe siècle doivent être analysés comme les prémices de l'émergence de la pensée du care dans l'espace urbain, un concept dérivé de l'univers médical décrivant l'ensemble des actions concourant au maintien de la vie et de la dignité des personnes, bien au-delà des seuls soins de santé. Incarnant une pensée différenciée du soin, nous tenterons d'analyser tant le système technique que la propension du care à générer une esthétique urbaine renouvelée. Par ailleurs, ce projet offre une occasion unique de formaliser, de classer et de définir le mobilier de rue de confort, regroupant des édicules et éléments architecturés au caractère mobile, aisément modifiable et/ou supprimable qui se déclinent selon quatre catégories : le mobilier de confort corporel incluant les bancs, assises et fontaines à boire le mobilier de confort lié à l'hygiène incarné par les corbeilles, conteneurs à déchets et toilettes publiques le mobilier de confort en lien avec le divertissement consacré par les kiosques et colonnes d'affichage le mobilier de confort visuel englobant les mâts, les appliques et les suspensions d'éclairage Cette thèse appréhendera chacune des typologies traitées non comme solitaires, mais au prisme des communications « fraternelles » qu'elles entretiennent avec leurs voisines, en termes d'emplacement et d'agencement, proposant de ce fait une approche située de l'histoire de l'art, de formes, retraçant ainsi les évolutions de la notion d'ornement dans la ville, de matérialité, questionnant alors le recours à des matériaux tels que le bois, la fonte, la tôle ou encore le verre, de style, qui contribuera, par exemple, au renforcement des études concernant le caractère prophylactique de l'art nouveau ou encore de couleur, en étudiant les évolutions de la palette chromatique de Paris Elle insistera également sur l'étude de ce qui fait ou de ce qui défait l'unité esthétique de la capitale. L'espace public est alors appréhendé comme un décor intérieur, en relevant la façon dont le mobilier répond à l'architecture des façades qui les jouxtent. En outre, lier le mobilier de rue à la notion de confort contribuera à l'exploration de la nature évolutive de cette dernière, passant du confort entendu comme réconfort, abri et secours à la fin du XVIIIe siècle, au confort défini par la multiplicité des usages et comme bien-être matériel au XIXe siècle, avant d'aboutir à la mise en place d'une culture du confort au XXe siècle, notamment tributaire de la notion de fonctionnalisme.