Thèse en cours

Les mutations de la profession d'avocat face aux évolutions sociétales et judiciaires contemporaines

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Renaud Marcon
Direction : Marie-Christine Sordino
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé et Sciences Criminelles
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Droit et science politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EDPFM - Equipe de Droit Pénal et de sciences Forensiques de Montpellier

Résumé

FR  |  
EN

À l'heure où les réseaux sociaux, les nouvelles plateformes d'information, l'intelligence artificielle et la dépersonnalisation des échanges nourrissent les débats et demeurent le vecteur de changements sociétaux majeurs, il appartient de s'intéresser aux mutations subséquentes portées à la profession d'avocat. Intermédiaires indispensables entre magistrats et justiciables, les avocats doivent composer avec ces évolutions sociétales et judiciaires, ayant la nécessité constante de s'adapter pour assurer la meilleure représentation possible des intérêts de leurs clients face au juge. Dès lors, leur pratique se doit d'être au fait de ces changements nombreux et ne peut demeurer inchangée au fil des décennies sans s'adapter. L'omniprésence croissante des médias numériques dans le relai des informations, y compris dans la transcription des affaires judiciaires qui bénéficient d'une particulière notoriété, obligent les praticiens judiciaires à prendre en compte ce nouveau paramètre et d'adapter leur exercice en conséquence. Les réseaux sociaux, quant à eux, représentent un mode de communication d'une célérité nouvelle, s'accompagnant de nombreuses dérives que le droit pénal tente d'appréhender et de maîtriser. À l'ère de la « post-vérité », où chaque internaute détient désormais la possibilité de formuler son opinion sans filtre, un véritable tribunal médiatique s'oppose au rythme plus long de la justice devant les Cours. Dès lors, les professionnels du droit se voient contraints de composer avec cette immixtion de l'opinion populaire dans les affaires judiciaires, qui peut se révéler aussi bien une nouvelle arme de défense qu'un obstacle dans l'élaboration d'une stratégie de représentation. Dans une société qui aspire de manière progressive à davantage de répression face à des taux de criminalité croissants, encouragés par la nouvelle circulation numérique des informations, la pratique même de la défense se voit menacée dans ses principes d'intérêt général et démocratiques tels que le secret professionnel qui s'applique dans les confidences d'un avocat avec ses clients. Malgré cela, cette garantie fondamentale semble résister et se voit même renforcée tant par l'office du juge que celle du législateur. Beaucoup de praticiens évoquent également une certaine dépersonnalisation des échanges avec leurs clients à la suite d'une multiplication des affaires et d'une réduction corrélative du temps consacré à chacune d'entre elle. L'exercice de leur profession pourrait ainsi à certains égards se voir dénaturée, tant elle devient impersonnelle et automatisée, dans un monde judiciaire toujours plus saturé, impactant également de manière évidente les relations entre avocats et magistrats. Enfin, symbolisant l'introduction de l'intelligence artificielle dans le milieu de la Justice, une large part de la doctrine prédit l'émergence d'une justice prédictive, se fondant sur une base de données de précédents jurisprudentiels similaires pour déterminer les jugements à venir. Il convient ainsi de questionner la place de l'avocat face à cet horizon là, déshumanisé, et où finalement il n'apparait que peu de place pour l'intermédiaire entre le justiciable et le magistrat.