Rôle des protéines arginine méthyltransférases dans l'invasion des cellules de cancer du sein triple-négatifs
Auteur / Autrice : | Léa Surcouf |
Direction : | Thierry Dubois |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du Cancer |
Date : | Inscription en doctorat le 16/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cancérologie, Biologie, Médecine, Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Département de Recherche Translationnelle |
établissement opérateur d'inscription : Institut Curie (Paris ; 1978-....) |
Mots clés
Résumé
Le cancer du sein triple-négatifs (TNBC) est le cancer du sein le plus agressif en raison du risque plus élevé de rechutes et de former des métastases par rapport aux autres cancers du sein. Identifier de nouvelles pistes thérapeutiques pour prévenir la récidive et la dissémination de la tumeur est indispensable pour traiter les patientes avec un cancer TNBC. L'objectif de notre laboratoire est de mieux comprendre la pathologie moléculaire du cancer TNBC pour proposer de nouvelles pistes thérapeutiques, afin d'éviter rechutes et métastases. Nous analysons le rôle d'enzymes catalysant des modifications post-traductionnelles, qui sont surexprimées/activées dans le cancer TNBC par rapport au tissu mammaire normal. Depuis quelques années, notre laboratoire évalue le potentiel thérapeutique d'inhiber certaines protéines arginine méthyltransférases (PRMTs) en combinaison avec des thérapies utilisées en clinique pour traiter les patientes atteintes d'un cancer TNBC. La méthylation des arginines est une modification post-traductionnelle, aussi courante que la phosphorylation, qui est catalysée par les 9 membres de la famille PRMT (PRMT1-9). En méthylant des histones et d'autres protéines, ces enzymes régulent de nombreuses fonctions cellulaires comme la transcription, l'épissage alternatif, la réparation des dommages à l'ADN, et les voies de signalisation. Certaines PRMTs sont surexprimées dans diverses pathologies, dont les cancers, et émergent comme des cibles thérapeutiques prometteuses. Des inhibiteurs spécifiques des PRMTs ont été récemment développés, ceux ciblant PRMT5 sont en cours d'évaluation dans des essais cliniques. Nous avons montré que PRMT5 est une cible thérapeutique intéressante pour les cancers TNBC. Nous avons constaté qu'une forte expression de PRMT5 (ARNm) est associée à un mauvais pronostic dans les cancers TNBC et plus particulièrement dans le sous-type « mesenchymal » qui a des capacités invasives plus élevées par rapport aux autres TNBC. Nous avons montré que l'inhibition de PRMT5 entraîne la mort des cellules TNBC et retarde la croissance tumorale dans un modèle de xénogreffe dérivée de patientes TNBC (PDX TNBC). Nous avons également montré que l'inhibition de PRMT5 cible la population de cellules souches du cancer du sein, qui est associée à la résistance aux médicaments, suggérant que la combinaison d'inhibiteurs anti-PRMT5 et de chimiothérapies pourrait empêcher la rechute. Nous avons en effet constaté qu'il y a un bénéfice thérapeutique à inhiber PRMT5 avec certaines chimiothérapies, en particulier le cisplatine. Nous avons caractérisé l'interactome de PRMT5 dans les cellules TNBC pour mieux comprendre ses fonctions cellulaires. Nous avons remarqué que certains partenaires potentiels de PRMT5 sont impliqués dans la dégradation de la matrice extracellulaire, suggérant que PRMT5 pourrait réguler l'invasion. Ces résultats sont en accord avec ceux rapportant PRMT5 comme étant une protéine favorisant la transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) et nécessaire à la migration et à l'invasion des cellules tumorales. Nos résultats récents démontrent que l'activité de PRMT5 est nécessaire à la dégradation de la gélatine par les cellules TNBC mésenchymateuses. Cela implique que la méthylation des arginines de certains composants des invadopodes (structures cellulaires médiant la dégradation de l'ECM) par PRMT5 est une condition préalable à la formation et/ou à l'activité des invadopodes. Le programme proposé est basé sur ces nouveaux résultats, très pertinents dans le contexte du cancer TNBC, qui est associé à un potentiel métastatique élevé. Le programme vise à comprendre les mécanismes moléculaires mis en jeu en identifiant les composants des invadopodes méthylés par PRMT5, et à démontrer que leur méthylation est nécessaire à la formation/activité des invadopodes. D'un point de vue translationnel, le programme ambitionne d'évaluer les conséquences de l'inhibition de PRMT5 sur la dissémination tumorale dans des modèles PDX TNBC. Ce programme pourrait ainsi démontrer que l'inhibition de PRMT5 pourrait non seulement ralentir la croissance de la tumeur primaire, comme déjà montré, mais aussi l'apparition (ou la croissance) des métastases.