Thèse en cours

L'amitié politique chez Platon et dans sa réception à la Renaissance.

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Auteur / Autrice : Marie-Gabrielle Pelissie du rausas
Direction : Diane CunyAnne Balansard
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Lettres Classiques
Date : Inscription en doctorat le 17/10/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Humanités et Langues - H&L
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance

Mots clés

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Résumé

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Ce projet de recherche porte sur les enjeux politiques de l'amitié dans les dialogues de Platon, et dans leur réception à la Renaissance. Il s'agit particulièrement d'étudier la République et les Lois, et leur réception dans la France du 16ème siècle. À la différence d'Aristote, Platon ne définit jamais l'amitié politique ; mais la φιλία et les φίλοι sont fréquemment associés à des réflexions sur la nature et la formation de la cité. La République décrit l'harmonie entre les trois parties de la cité et de l'âme comme une forme de φιλία (442c10), et compare la justice politique à une φιλία (351d5) à laquelle les tyrans ne goûtent jamais (576a5) ; les Lois présentent la φιλία comme l'une des trois composantes de constitutions équilibrées, aux côtés de la φρόνησις et de l'ἐλευθερία (693b-e). Les deux dialogues retravaillent par ailleurs des conceptions traditionnelles de l'amitié, tels le proverbe « entre amis tout est commun », ou l'injonction d'« aider ses amis et nuire à ses ennemis » ; Platon réoriente la signification de ce qui est « commun », ainsi que d'« aider» et de « nuire », pour les adapter à sa cité idéale et au gouvernement des dirigeants philosophes. Enfin, Platon utilise plusieurs métaphores musicales pour parler de l'amitié, avec des mots tels que ἁρμονία, ou συμφωνία. Ces termes renvoient à la fois à des pratiques sociales existantes, qui réunissaient des citoyens pour « chanter ensemble » lors de festivals de théâtre, et aux conceptions platoniciennes de l'univers et de son ordre, décrites dans le Timée à travers des récits minutieux du rythme du cosmos. La φιλία est à la base de l'harmonie universelle et doit donc être reproduite à la fois dans l'âme des citoyens et dans leur cité, à travers l'utilisation politique des danses et des banquets. En analysant cet ensemble de discours, il s'agira de mettre au jour à la fois la nature de la φιλία entre citoyens pour Platon, ainsi que son rôle dans la πόλις, puis de se pencher sur les moyens mis en œuvre pour faire aboutir un projet politique d'unification civique et d'harmonie sociale. Cette thèse examinera enfin la réinterprétation de l'amitié politique, opérée par des philologues souvent proches du pouvoir, dans les premières traductions et commentaires des dialogues platoniciens dans la France du 16ème siècle. Outre la large diffusion des traductions et commentaires réalisés pour Laurent de Médicis par Marsile Ficin en néo-latin, la transmission de la République et des Lois fut assurée par les traductions françaises de Louis le Roy, et latines de Jean de Serres, pour l'édition d'Henri Estienne. Ces deux hellénistes avaient des convictions politiques opposées : Jean de Serres soutient la Réforme, tandis que Louis le Roy est un catholique modéré. Il s'agira donc de se demander dans quelle mesure leurs prises de position influèrent sur, ou furent influencées par, leur lecture de Platon. Une deuxième question posée à ces textes examinera les différences du traitement réservé à l'amitié politique chez Platon et chez Aristote, qui fut lui aussi traduit et commenté par Louis le Roy.