Thèse en cours

Collectionner pour soi, montrer à autrui

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Auteur / Autrice : Corentin Luneau
Direction : Manuel Royo
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'Art
Date : Inscription en doctorat le 16/10/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Humanités et Langues - H&L
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Tourangeau d'Histoire et étude des Sources

Résumé

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Ce projet de doctorat considère la collection antique comme un témoignage encore méconnu de l'amateur romain, de sa culture matérielle et de ses attitudes sensibles. Du temple à la villa, de l'atrium au jardin, les modes de collection, de monstration et de transmission traduisent de nouveaux rapports à l'objet et au passé : la marque d'une appréciation pour soi de l'art et de ses manifestations. Les choix d'objets et de mise en scène deviennent des outils pour définir une certaine image de soi : des assemblages opportunistes côtoient des collections densément référencées qui syncrétisent au travers de tous leurs supports les pratiques de la rhétorique, des philosophies grecques et de croyances religieuses variées. Que la collection réponde à une volonté somptuaire ou à l'affirmation d'une identité érudite, son intelligibilité constitue avant tout un enjeu d'émulation aristocratique. Dans une culture où la sphère privée non seulement autorise, mais favorise la visibilité des biens et des espaces, la mise en valeur des objets va au-delà des pratiques édilitaires, de la perpétuation d'une inscription ancestrale ou de la mise en scène de spolia. Que la collection soit celle de Verrès ou de Cicéron, celle de Pison, d'Auguste ou de Néron, qu'elle se trouve dans les jardins de Lucullus, la bibliothèque d'Asinius Pollion ou la Villa des Quintili, les supports, les formes et les enjeux diffèrent nettement. L'originalité de la démarche consiste à confronter les diverses sources – littéraires, épigraphiques, archéologiques, historiographiques et artistiques – pour mettre l'objet matériel et sa fortune critique au centre d'une étude qui glisse du style, de la provenance, de la qualité des artefacts en direction des pratiques de celui qui les a rassemblés. La méthode suppose de reconsidérer les ensembles archéologiques même fragmentaires et d'éclairer, quand cela est possible, les dispositifs spatiaux afin d'éprouver concrètement ces assemblages et leurs mises en valeur.