Dégagement de l'oxygène en milieu alcalin sur électrodes d'aciers structurées
Auteur / Autrice : | Garance Cossard |
Direction : | Marian Chatenet, Eric Sibert |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | EC - Electrochimie |
Date : | Inscription en doctorat le 16/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ingénierie - matériaux mécanique énergétique environnement procédés production (Grenoble ; 2008-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'Electrochimie et de Physico-Chimie des Matériaux et des Interfaces. |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Intégrer plus d'électricité renouvelable dans notre mix énergétique permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette stratégie, simple sur le papier, est complexe en pratique, car les énergies renouvelables sont intermittentes : stocker l'électricité entre les pics de productions et de consommation est difficile. Les batteries, trop consommatrices en métaux stratégiques, ne peuvent apporter une solution unique pour les volumes considérés, si bien que le « power-to-gas » (notamment « power-to-H2 ») doit être considéré comme une solution viable. Dans cette stratégie, l'électrolyse de l'eau (couplée aux piles à combustible) tient une place prépondérante, mais les systèmes actuels sont (i) soit performants mais consommateurs de métaux précieux de la famille du Pt (trop rares/chers pour que les électrolyseurs à membrane échangeuse de protons soient viables), (ii) soit peu performants et incompatibles avec une production d'hydrogène intermittente (électrolyseurs alcalins). Ces derniers emploient des électrocatalyseurs de dégagement d'O2 (OER) insuffisamment actifs et durables en fonctionnement intermittent. Le LEPMI a montré que des aciers riches en Ni peuvent, après activation adaptée, être de très bons et durables électrocatalyseurs d'OER en milieu alcalin. Ces très bonnes performances proviennent de la formation spontanée d'une couche « passive » riche en Ni, suite à la dissolution préférentielle des éléments de l'acier : Fe, Cr, etc., à la fois très active pour l'OER et très stable [1-3]. Cette couche est essentiellement constituée d'oxyhydroxydes nanométriques de nickel dopés par le fer. Il a notamment été trouvé des nuances qui, après activation électrochimique adéquate, permettent d'accélérer l'OER de façon très efficace. Ce travail a été accompli jusqu'ici sur des surfaces massives polies miroir ; le travail doit être reproduit sur des électrodes (nano)structurées afin d'être utilisables dans un électrolyseur alcalin, éventuellement à membrane anionique. L'ICPEES a montré que des structures spinelles sont extrêmement actives pour l'OER en milieu alcalin. Ces nanostructures catalytiques doivent être supportées sur des substrats conducteurs électroniques et résistants à la corrosion dans les conditions d'OER, ce qui est loin d'être garanti. Les noirs de carbone, qui ont cette fonction dans les cathodes de piles à combustible, ne peuvent être envisagés à l'anode d'un électrolyseur de l'eau, en raison de leur corrosion inévitable. L'idée de la thèse est donc de combiner les catalyseurs spinelle aux substrats acier, afin d'obtenir une anode efficace pour l'OER en milieu alcalin et durable en fonctionnement prolongé. En solution de repli, si les substrats acier associés aux spinelles présentaient des performances limitées, en particulier en milieu quasi neutre, une alternative serait de tester des substrats de type Boron Doped Diamond (nano suspension) ou des nanoparticules de Fe3O4, résistants à haut potentiel [4]. Dans ce contexte, les objectifs de la thèse sont multiples. En premier lieu, il faudra reproduire les résultats précédents sur des surfaces étendues et tridimensionnelles d'aciers (mousses, frittés, grilles, etc.) d'origine commerciale en milieu alcalin concentré (KOH 0.1 M). L'idée sera de comparer les performances des électrodes activées d'acier à un état de l'art (IrO2), notamment aux grandes densités de courant géométriques. Le protocole d'activation sera simplement reproduit de la procédure de Moureaux et al. [2]. L'étude de procédés permettant d'augmenter (si possible significativement) la rugosité des électrodes d'acier sera indispensable, afin que l'aire d'interface entre la membrane anionique et l'anode soit la plus grande possible en cellule 2-électrodes (les tests en cellule 2-électrodes seront réalisés chez les partenaires du projet, LEMTA et Air Liquide). En second lieu, des dépôts de spinelle sur les substrats acier mis en uvre précédemment (mousses, frittés, grilles, etc.) seront réalisés par la méthode de synthèse in situ AutoCombustion, bien connue à l'IPCEES [5]. L'effet de la préparation initiale de l'acier sera un des paramètres de l'étude. Les aciers bruts (nus), décapés de leur couche d'oxyde, dont la rugosité aura été augmentée et activés électrochimiquement seront étudiés, notamment pour caractériser la qualité de l'interface spinelle|acier, son activité OER et surtout sa durabilité en fonctionnement. Pour les 2 types d'électrodes mises en uvre ci-dessus, l'effet de l'ajout d'une couche fine de ionomère alcalin à la surface de l'électrode sera étudié, pour vérifier une éventuelle inhibition de la réaction. Ces électrodes adjointes d'ionomère alcalin seront ensuite testées chez nos partenaires (LEMTA, Air-Liquide) en cellule 2-électrodes, d'abord en présence d'électrolyte concentré (KOH 0,1 M), puis plus dilué (ex. KOH 10-3 M) et enfin dans l'eau pure. Avant et après ces tests, les électrodes seront expertisées par des méthodes physicochimiques d'analyse (microscopie électronique à balayage, en transmission, spectroscopie de photoélectrons X, spectroscopie Raman, diffraction de rayons X et/ou d'électrons, etc.) afin d'évaluer la composition et la (micro)structure des couches actives et leur interface avec le ionomère alcalin. Cela permettra de comprendre les éventuels phénomènes de dégradation des matériaux et des interfaces, et donc de les améliorer. Des caractérisations modèles seront réalisées en parallèle en montage 3-électrodes, notamment par recours à des méthodes in situ/operando de caractérisation lors de cycles accélérés de vieillissement ; seront utilisées la spectrométrie de masse différentielle (DEMS) et la spectroscopie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS), techniques permettant de détecter les espèces volatiles et gazeuses (DEMS) ou les espèces cationiques (ICP-MS) produites sous contrôle de potentiel. La spectroscopie infra-rouge à transformée de Fourier (FTIR) permettra quant à elle de caractériser les interactions entre le ionomère alcalin et l'électrode, en fonction du potentiel appliqué. En outre, l'influence du pH sur l'OER sera étudiée d'abord en milieu alcalin (pH variant de 11 à 14) puis en allant jusqu'à l'eau pure (pH 7) avec un ionomère anionique pour la conduction des ions hydroxyles, OH-. La thèse se déroulera principalement au Laboratoire d'Electrochimie et Physicochimie des Matériaux et des Interfaces (LEPMI directeur de thèse : Prof. Marian Chatenet), avec des séjours de quelques semaines/mois à l'Institut de Chimie et Procédés pour l'Energie, l'Environnement et la Santé sous la co-direction de Dr. Gwénaëlle Kérangueven. Le projet s'inscrit dans un consortium scientifique français, incluant plusieurs laboratoires d'importance dans le domaine de l'électrochimie et de l'énergie, tel que le LEMTA, le LEPMI, l'ICPEES, l'IC et le LPPI, ainsi que des acteurs industriels émergeants et clefs, tels que GenHy et Air Liquide. Dans le cadre de la thèse, il sera attendu du candidat qu'il collabore directement avec ces différents partenaires, qui seront responsables du design des autres composants de l'AEMWE ou de leur intégration dans l'électrolyseur.