Une éthique de l'indocilité ou l'étude des conditions de possibilité de la subversion. Lecture foucaldienne de la subjectivation politique.
Auteur / Autrice : | Maxime Mariette |
Direction : | Olivier Razac |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IPhiG - Institut de Philosophie de Grenoble |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'entreprise philosophique que je mène s'interroge sur les conditions d'émergence de modes de subjectivation qui débouche sur ce que nous appelons, après Michel Foucault, une indocilité réfléchie ; réfléchie car elle est le fruit d'une reconfiguration éthique de soi. Néanmoins, cette notion est porteuse d'une tension très importante, résultant d'un problème interne à la pensée foucaldienne : comment peut se produire cette indocilité si, comme la majorité des travaux de Michel Foucault l'a montré, le sujet est toujours déjà capté par, et captif de, l'ordre social capté car saisi à chaque instant par de multiples dispositifs de pouvoir ; captif car historiquement constitué par ces dispositifs qui l'incitent à faire coïncider ce qu'il est avec ce qu'il doit être ? Nous entendons traiter ce problème en confrontant la pensée foucaldienne à un phénomène récent. Depuis les années 2000, un mouvement de formation pour adultes se réclamant d'une vision radicalement politique et militante de l'éducation populaire, ayant pour origine la Commune de Paris, où l'éducation s'est pensée et prétendait s'élaborer comme un prélude à la révolution, s'est appropriée une forme de dire-vrai sur soi-même tout à fait particulière : le récit de vie. Outil d'enquête d'objectivation sociologique à son origine, l'usage collectif du récit de vie dans les formations d'éducation populaire politique s'affiche comme un moyen de politiser des situations d'oppressions vécues en les dépsychologisant, en les dénaturalisant et en les désessentialisant. Notre hypothèse est la suivante : ces espaces collectifs de formation politiques utilisant le récit de vie sont un terrain privilégié qui pourrait nous permettre de faire émerger une pensée foucaldienne de la subjectivation politique subversive, en menant un double travail, sur le corpus foucaldien d'une part, et sur les archives de ces formations politiques d'autre part. Deux axes seront tout particulièrement développés : un premier sera consacré à l'élaboration de la dimension éminemment politique et émancipatrice que les processus de subjectivation peuvent revêtir. Un second axe consistera à confronter les travaux historico-philosophique de Foucault sur les actes de vérité aux usages du récit de vie déployés au sein de l'éducation populaire politique. Le travail empirique qui viendra éprouver nos analyses conceptuelles se distinguera des méthodes d'enquêtes sociologiques et se rapprochera bien plus d'une philosophie de terrain . Par la plongée dans les archives de plusieurs structures d'éducation populaire, notre intention sera de faire apparaitre des régularités dans les formations discursives, de proposer une forme de mécanique de ce qui se joue discursivement à l'intérieur de ces formations et ainsi de découvrir si, et comment, elles produisent de l'indocilité réfléchie.