Thèse en cours

Travail informel de femmes, rapports d'emploi et circuits alimentaires dans les périphéries urbaines du Sénégal

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Auteur / Autrice : Marta Massera
Direction : Florent BedecarratsFrançois Roubaud
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Droit, Economie, Management
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMI SOURCE - Soutenabilité et Résilience
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

Résumé

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Selon les statistiques officielles, au fil des récentes récessions, l'emploi informel a connu une forte expansion à l'échelle mondiale. Les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par la pandémie, non seulement en raison des effets directs sur leurs revenus, mais aussi des effets indirects sur la dynamique et les vulnérabilités au sein des ménages. Le phénomène d'expansion du travail informel des femmes n'est toutefois pas nouveau. Au Sénégal, la crise économique du début des années 1980 et l'imposition des programmes d'ajustement structurel, qui ont principalement contribué à la montée du chômage chez les hommes, avaient déjà poussé de nombreuses femmes, en particulier dans les zones urbaines et périurbaines, à accroître leur participation au marché du travail et à diversifier leurs activités. Depuis lors, comme de manière récurrente en période de crise, le travail rémunéré de ces femmes et leurs compétences entrepreneuriales sont présentés comme une voie prometteuse d'autonomisation, tout en étant perçus comme des leviers de réduction de la pauvreté au niveau des ménages. Toutefois, cette vision optimiste tend à sous-estimer des formes persistantes de subordination ainsi que des dynamiques de dépendance qui structurent l'insertion des femmes non seulement à l'intérieur du secteur informel, mais plus largement dans les structures du système économique global auquel l'informel est intégré. À cet égard, les activités de production, de transformation et de distribution des biens alimentaires au Sénégal constituent un terrain particulièrement pertinent pour interroger ces contradictions. Elles se caractérisent par une forte concentration de femmes qui travaillent quotidiennement dans l'économie alimentaire informelle non agricole, où les activités productives sont fréquemment imbriquées avec des fonctions de reproduction sociale. Elles se distinguent également par des articulations particulièrement significatives entre l'économie informelle et les grandes entreprises formelles. En questionnant les perspectives économiques dominantes sur le travail informel, cette recherche en socio-économie vise à interroger les représentations et les transformations à l'œuvre dans le travail informel des femmes au Sénégal. La thèse analysera en particulier le positionnement de femmes sur le marché du travail et leurs rapports d'emploi dans la production, la transformation et la consommation de biens alimentaires qui occupent une place centrale dans les régimes alimentaires des périphéries urbaines sénégalaises, tout en étant intégrés à de vastes filières globales. La recherche adopte une approche multi-méthodes, combinant une analyse statistique descriptive des données d'enquêtes nationales avec un travail de terrain au Sénégal fondé sur une démarche qualitative. Les résultats visent à enrichir le débat académique sur la précarité du travail de femmes, les rapports d'emploi et les pratiques de production et reproduction sociale en Afrique de l'Ouest.