Thèse en cours

Concurrence entre monnaies sur le très long terme: le cas belge, 1822-1945

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Auteur / Autrice : Raphaël Melki
Direction : Stefano Ugolini
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Université Toulouse Capitole
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LEREPS - Laboratoire d'Etudes et de Recherche sur l'Economie, les Politiques et les Systèmes Sociaux

Mots clés

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Résumé

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Le phénomène de la concurrence monétaire est très répandu dans l'histoire, à tel point qu'il semble être une caractéristique standard des systèmes monétaires. Il a ainsi été l'objet d'une attention particulière depuis le début des années 1990, avec les modèles pionniers de random matching développés par Kiyotaki et Wright (1989), Aiyagari et Wallace (1992) et Kiyotaki et Wright (1993). Bien que Rietz (2019) les ait ensuite appliqués à des données expérimentales, ces modèles manquaient de pertinence empirique en ce qui concerne la forme concrète des autorités monétaires. Leur objectif principal étant d'expliquer l'adoption endogène d'une monnaie dans un contexte de concurrence parfaite entre plusieurs formes de monnaie, la question de la forme de l'institution d'émission n'a pas été posée. Certains travaux ont toutefois modélisé les institutions d'émission suivant la méthode de random matching. Ritter (1995) est l'un des premiers modèles à inclure la crédibilité du gouvernement (exprimée par sa taille) comme moteur de l'adoption d'une nouvelle monnaie. Cependant, la nouvelle monnaie est ici supposée remplacer le troc et non une autre forme de monnaie. En construisant un modèle de random matching semblable à celui de Kiyotaki et Wright, Lotz et Rocheteau (2002) ont modélisé l'autorité monétaire comme un agent capable de superviser dans quelle monnaie une proportion donnée des échanges est effectuée, et ont montré qu'avec une forte ingérence du gouvernement, deux monnaies peuvent coexister à l'équilibre si elles ont toutes deux cours légal. Si ces modèles constituent un progrès incontestable dans la modélisation de l'autorité monétaire, ils ne problématisent toujours pas sa forme institutionnelle. Mon travail vise à combler cette lacune dans la littérature en montrant l'impact de la forme des institutions d'émission sur la crédibilité des monnaies dans les régimes à monnaies multiples. L'histoire monétaire de la Belgique entre 1822 et 1945 nous offre un large éventail d'institutions monétaires confrontées au problème de la circulation de monnaies multiples. Plusieurs formes de concurrence monétaire peuvent être observées tout au long de cette période, chacune étant caractérisée par une forme spécifique de concurrence institutionnelle : une première période de concurrence entre institutions d'émission avec plusieurs émetteurs de billets en francs belges, marquée par plusieurs crises (1822 - 1850) ; une deuxième période de monopole formel d'émission par la Banque nationale (1850-1914) ; une période de forte concurrence monétaire, le rôle d'émission de la Banque nationale étant révoqué et transféré à la Société générale (1914-1918) ; une autre période de monopole d'émission par la Banque nationale, mais aussi marquée par la réforme bancaire de 1935 qui fait de la Générale une société de holding et par l'extension des activités de la Générale au Congo belge (1918-1940) ; et enfin, une période où la Banque Nationale conserve son privilège d'émission, mais où son pouvoir est contesté par la monnaie d'occupation allemande, et la Banque d'Emission, qui entretient des liens étroits avec la Générale (1940-1945). En utilisant les méthodes de l'analyse des réseaux et en reconstituant la circulation des billets en Belgique durant cette période, ce travail vise à montrer comment les formes que prennent les autorités monétaires et leur concurrence affectent la confiance dans les monnaies, ainsi que la résilience des régimes monétaires face aux guerres et aux crises politiques, économiques et financières.