Liberté et Destin dans la philosophie française : Henri Bergson et ses lecteurs
Auteur / Autrice : | Yusong Lin |
Direction : | Caterina Zanfi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pays germaniques Transfert culturels et Archive Husserl |
établissement opérateur d'inscription : Ecole normale supérieure |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La relation entre la liberté et le destin pose une question importante en philosophie. Pendant longtemps, les philosophes ont proposé des thèses analogues sur cette question en partant de l'opposition entre les deux notions, mais cela n'épuise pas toutes les réponses possibles. La philosophie française du XXe siècle remet en valeur l'évolution de la vie, et donne donc une nouvelle perspective sur cette question. À partir de là, nous sommes capables de renouveler le sens de la liberté et du destin, et, en conséquence, de découvrir de nouvelles relations possibles entre eux. Ainsi, notre thèse réexaminera une question philosophique traditionnelle : l'antagonisme de la liberté et du destin, et reformulera leur relation dans le contexte de philosophie française de la vie. En examinant les travaux d'Henri Bergson, de Maurice Merleau-Ponty et de Gilles Deleuze, nous cherchons à défendre une nouvelle possibilité : à savoir que dans l'expérience concrète de la vie, il est possible de procéder à une reconsidération de la liberté et du destin, lesquelles peuvent coexister. Le problème de la liberté et du destin présente certains points communs dans l'histoire de la philosophie. D'une manière générale, la liberté est considérée comme coextensive au libre arbitre ; le destin est considéré comme synonyme de nécessité. En ce sens, liberté et destin s'opposent l'un à l'autre : soit nous ne pouvons trouver la liberté que dans un monde qui serait absolument contingent, soit nous n'apercevrons le destin que dans la disparition de la liberté. Le XXe siècle a connu l'émergence de la philosophie française de la vie. Dans ce courant philosophique inauguré par Bergson, la création définit la forme essentielle de la vie. Les vitalistes nous montrent que le cours de la vie ne suit pas un objet prédéterminé. Étant motivé par l'élan vital, l'être vivant connaît un déroulement de la vie sous une forme imprévisible ; autrement dit, la vie est essentiellement une durée pure et libre, elle dure, se crée et reste ouverte. En ce sens, la liberté de la vie, ce sont des actions libres d'élan vital plutôt que des libres choix de notre volonté : la vie s'oppose à toute forme de déterminisme fondé sur une illusion que la possibilité préexiste au présent. Pourtant, le problème du destin ne disparaît pas avec la mise en échec du déterminisme, il resurgit à certains moments où la durée universelle et notre propre durée se recoupent. Nous reformulons cette question selon trois angles différents : en termes d'épistémologie, de notre propre durée, comment révéler des durées inférieures ou supérieures à la nôtre ? en termes d'ontologie, comment un être vivant peut-il se retirer d'un élan vital infini et alors se repérer ? en terme d'intuition, quel sont les suggestions que nous pouvons découvrir et suivre dans notre propre durée ? (la mystique). De ces questions, on peut constater qu'il existe toujours la dimension éthique au sein de la vie ; il ne suffit donc pas de mettre l'accent sur la liberté, car la vie ne pose pas seulement une question de fait mais aussi une question morale, et cela nous demande de persister à considérer notre vie comme une totalité. À cet égard, même si nous nous éloignons du déterminisme théologique et mécaniste, la vie implique encore le problème du destin, ou tout au moins, la liberté ne peut pas être dissociée d'une conscience du destin. Dans cette perspective, le destin se détache du déterminisme et s'associe à la liberté. Ainsi, après la théologie scolastique et le mécanisme des Lumières, la philosophie française de la vie offre une troisième perspective sur l'articulation de la liberté et du destin. Pour montrer la nouvelle configuration du rapport entre ces deux notions, nous examinerons la philosophie de Bergson, de Merleau-Ponty et de Deleuze autour du concept de vie, et présenterons la tension et la succession entre ces trois philosophes à différents niveaux du problème de l'articulation de la liberté et du destin.