Thèse en cours

Analyse des Effets Macroécomiques des Réformes Budgétaires, de la Finance Verte, et du Changement Climatique dans les Pays en Développement

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Auteur / Autrice : Rayangnewendé Frans Leny Sawadogo
Direction : Jean-louis Combes
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences Economiques
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Economiques, Juridiques, Politiques et de Gestion
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LÉO - Laboratoire d'Economie d'Orléans
Equipe de recherche : LEO-UCA

Résumé

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Les pays en développement, qui étaient déjà confrontés à d'importantes contraintes de financement, ont vu leur dette souveraine augmenter de façon spectaculaire dans le contexte de la pandémie de la Covid-19. En effet, la crise a exacerbé les défis économiques préexistants, affectant encore davantage les perspectives économiques de ces pays. Selon la Banque Mondiale, depuis dix ans, l'endettement de ces pays a connu l'augmentation la plus prononcée et la plus rapide de ces 50 dernières années. Dans l'immédiat, des mesures ont été prises pour contenir les effets de la crise, augmentant ainsi les coûts budgétaires. La situation actuelle remet au cœur des préoccupations politiques et économiques les problématiques liées à la soutenabilité budgétaire. Dans ce contexte, depuis les années 1990, de nombreuses économies, y compris celles en développement, ont connu une diffusion croissante de nouvelles institutions budgétaires, à savoir les règles budgétaires, dans le but favoriser un assainissement de la politique budgétaire et de conférer de la crédibilité aux politiques macroéconomiques. Les règles budgétaires sont des contraintes numériques qui portent sur des agrégats budgétaires tels que le déficit, la dette, les dépenses ou les recettes, et qui visent à corriger les biais politiques qui conduisent les décideurs à laisser filer les déficits. En parallèle, les pays en développement subissent de plein fouet les effets du changement climatique, avec des conséquences plus désastreuses que celles induites dans les économies avancées, compte tenu notamment de leur faible résilience et leur forte vulnérabilité. Conséquemment, depuis quelques années, ces derniers mettent en place des politiques visant à atténuer les risques climatiques auxquels ils font face à travers diverses mesures, pour réduire les émissions de carbone et accroître leur résilience face à ces risques. Ces derniers ont également connu une hausse des financements en provenance des pays industrialisés, les fonds verts ou fonds climat, visant à les accompagner dans leurs actions contre le changement climatique. Selon l'ONU, ces financements ont atteint 29,6 milliards de dollars en 2019, et leur hausse devrait se poursuivre avec les engagements renoués à la COP27. De manière concomitante, des indicateurs de résultat ont très récemment émergé, pouvant permettre d'évaluer l'efficacité de ces fonds. Par ailleurs, le rôle de l'État étant primordial dans cette lutte contre le changement climatique et dans la transition vers une économie verte, la politique budgétaire pourrait jouer un rôle crucial. L'adoption des réformes budgétaires pourrait permettre de dégager des excédents budgétaires pouvant financer les dépenses ayant pour vocation de réduire la pollution ou la dégradation de l'environnement, c'est-à-dire les dépenses d'abattement. En outre, jusqu'à très récemment, les problématiques relatives au changement climatique étaient très peu prises en compte dans la conduite de la politique monétaire. Un obstacle majeur était la différence d'horizons, qui à son tour reflétait un consensus selon lequel la politique monétaire atténue les fluctuations économiques autour de leur trajectoire de croissance à long terme, mais n'affecte guère la tendance elle-même. Le changement climatique, en revanche, a eu de l'importance sur des horizons s'étendant sur des décennies. Aujourd'hui, un consensus semble émerger que la transition est désormais imminente. L'écart entre les horizons du changement climatique et de la politique monétaire pourrait donc se réduire, d'autant plus que les catastrophes climatiques se multiplient et perturbent fortement l'activité économique. Ainsi, la fréquence et l'intensité des désastres naturels induits par le changement climatique pourrait avoir des implications fortes pour l'orientation de la politique monétaire. Ce projet de thèse se concentre uniquement sur les pays en développement et analyse cinq questions de recherche clés liant les questions budgétaires, monétaires, environnementales et climatiques, pour contribuer à la littérature existante. Jusqu'ici, la littérature sur les règles budgétaires s'est notamment intéressée aux effets induits sur la discipline budgétaire. Par conséquent, on peut, d'une part, se demander comment les règles budgétaires, en affectant des facteurs discrétionnaires, notamment l'investissement public, impactent l'investissement privé, compte tenu de l'effet d'éviction ou d'entraînement potentiel du secteur public sur celui privé. Dans cette optique, le chapitre 1 évalue l'effet de l'adoption des règles budgétaires sur le comportement d'investissement privé dans les pays en développement. Le chapitre 2 étendra le premier, en examinant l'effet des règles budgétaires sur la performance des firmes. D'autre part, en améliorant les soldes budgétaires, ou l'efficience des dépenses publiques, les règles budgétaires peuvent impacter les dépenses consacrées à la protection de l'environnement (dépenses d'abattement), avec un effet ambigu lié aux bénéfices des dépenses environnementales. Ainsi, le chapitre 3 se propose d'évaluer l'effet des règles budgétaires sur les dépenses environnementales. Ensuite, avec la hausse des financements climatiques, les pays en développement pourraient disposer de ressources budgétaires supplémentaires pour améliorer leurs performances environnementales. La littérature existante s'est notamment focalisée sur les effets l'aide au développement ou l'aide environnementale en utilisant des indicateurs standards comme les émissions de carbone par tête ou les efforts de réduction, qui ne captent que partiellement la qualité environnementale. Un nouvel indicateur de performance environnementale est disponible depuis 2022 et englobe des considérations plus larges de la qualité environnementale. Dans ce sens, le chapitre 4 exploite cet indicateur et évalue l'effet des fonds climat sur la performance environnementale. Enfin, parmi les pays en développement, les économies africaines, caractérisées déjà par d'importants déséquilibres macroéconomiques et une faible résilience, semblent parmi les plus affectées, avec des conséquences à la fois sur les secteurs sociaux, les facteurs budgétaires et monétaires. Dans ce contexte, le chapitre 5 examinera les implications des effets des désastres naturels sur la conduite de la politique monétaire. Plus précisément, il s'agira d'évaluer l'effet des désastres naturels sur les variations des taux d'intérêt naturel des pays africains. Les travaux dans la littérature sont encore naissants et s'intéressent plutôt aux pays de l'OCDE. Enfin, l'une des originalités de ce projet de recherche est qu'il s'inscrit dans une perspective interdisciplinaire, et traite de questions économiques, environnementales, monétaires et climatiques, tout en combinant des méthodes économétriques avancées à des méthodes standards.