Quels sont les moteurs de la recolonisation de la Loutre d'Europe en France ? Apports de l'écologie quantitative et de l'échantillonnage non-invasif.
Auteur / Autrice : | Simon Lacombe |
Direction : | Olivier Gimenez, Sébastien Devillard |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | EERGP-Biologie et Ecologie Evolutives |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CEFE - Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive |
Mots clés
Résumé
Après d'importants déclins au cours du 20e siècle, les populations de carnivores ont commencé à se reconstituer en Europe au cours des deux dernières décennies soulevant des questions socio-écologiques majeures. Les carnivores ont des effets importants sur les communautés de proies, qui peuvent à leur tour affecter divers aspects de l'écosystème et fournir de nombreux services écosystémiques. De plus, leur rétablissement est susceptible d'entraîner des conflits entre l'Homme et la faune. Il est donc essentiel de comprendre les facteurs qui influencent leur recolonisation. L'anticipation des zones de recolonisation de ces espèces permettra de mettre en uvre des politiques de gestion visant à éviter autant que possible les conflits. De plus, l'identification des facteurs limitant la recolonisation permettra de développer des plans de conservation plus pertinents. La loutre d'Europe est un excellent exemple de rétablissement d'un prédateur à l'échelle européenne. Elle a considérablement décliné dans de nombreuses parties de son aire de répartition au cours du 20e siècle, mais elle se rétablit aujourd'hui dans la plupart des pays européens. Néanmoins, en France, le processus de recolonisation reste lent et fragile. Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer ce rétablissement limité : premièrement, la démographie lente et la faible capacité de dispersion de cette espèce limitent probablement le rythme d'expansion de son aire de répartition ; deuxièmement, plusieurs facteurs expliquant son déclin passé (pollution de l'eau, dégradation de l'habitat, faible disponibilité des proies, ...) menacent toujours l'espèce dans de nombreux pays. ) menacent toujours l'espèce dans de nombreuses parties de son aire de répartition ; enfin, on sait peu de choses sur l'impact de la connectivité des rivières sur la capacité de dispersion des méso-carnivores semi-aquatiques comme les loutres, et il est probable que les rivières restent un habitat plutôt fragmenté limitant la capacité des loutres à se déplacer dans le paysage. La contribution relative de chacun de ces facteurs à l'expansion de l'aire de répartition de la loutre en Europe reste toutefois inconnue. Par conséquent, une meilleure compréhension des acteurs naturels et anthropogéniques limitant l'établissement et la connectivité des loutres est nécessaire afin de prédire l'expansion future de son aire de répartition et de mieux conserver l'espèce. En plus de ces questions, les loutres sont présentes en faibles densités et sont des espèces discrètes. L'échantillonnage de la présence est donc difficile. Bien qu'il existe plusieurs méthodes d'échantillonnage non invasives, comme le piégeage par caméra ou la surveillance des signes de présence (excréments, empreintes), ces méthodes sont souvent difficiles à appliquer sur le terrain. D'autres méthodes, comme l'ADN environnemental, sont en cours de développement pour les espèces aquatiques et minimisent l'impact humain et les efforts sur le terrain, mais elles manquent d'évaluation à la fois sur le plan financier et dans leur capacité à évaluer de manière fiable la présence des espèces. Cette thèse vise à étudier les moteurs de la lente recolonisation de la loutre en France. En utilisant les données d'une enquête d'échantillonnage standardisée basée sur le suivi des loutres menée dans toute la France entre 1987 et 2020 ainsi que les données collectées dans la région Occitanie pendant la période de la thèse, les objectifs de ce projet sont de : 1. Fournir une meilleure connaissance de l'occupation et de la connectivité des habitats pour la loutre. 2. Développer et évaluer une nouvelle approche pour échantillonner la présence de la loutre en utilisant l'ADN environnemental. 3. Evaluer l'impact de la présence humaine sur l'activité diurne des loutres et le succès de la reproduction. 4. Evaluer la contribution relative de leur dynamique de population naturellement lente et des perturbations anthropogéniques sur le lent rétablissement des loutres.