Le vide juridique en droit privé
Auteur / Autrice : | Ouacila Benaissa |
Direction : | Coralie Ambroise-casterot, Yves Strickler |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | Droit et Sciences Politiques, Économiques et de Gestion |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CENTRE D'ÉTUDES ET DE RECHERCHES EN DROIT DES PROCÉDURES |
Mots clés
Résumé
Qu'est-ce que le vide juridique? Le vide brille par son absence. Il existe un véritable vide juridique sur le vide juridique. Paradoxalement, malgré la matière sur laquelle il repose, c'est-à-dire le droit, celui-ci n'est pas étudié par des juristes mais par des sociologues. Il n'existe aucune thèse, aucune recherche d'ampleur sur ce sujet, simplement quelques travaux épars. Par exemple, en droit civil le vide juridique est utilisé pour critiquer l'inefficacité du droit face aux progrès, qu'ils s'agissent d'innovations techniques, médicales ou bien scientifiques. La question se pose en ce domaine; le droit peut-il tout anticiper ? En droit pénal, a contrario, les juristes ne s'attachent jamais à traiter de la problématique du vide juridique. Le vide est simplement évoqué sans qu'il soit véritablement étudié. Ainsi, il n'existe pour l'heure aucune définition légale, jurisprudentielle ou même doctrinale du vide juridique. Il serait alors souhaitable de pouvoir dresser une véritable définition du vide juridique qui doit être distinguée du vide législatif. Le vide juridique est un mythe alors que le vide législatif est une réalité. À ce titre, nombreux sont ceux qui confondent ces deux concepts bien opposés. Pourquoi étudier le vide juridique ? Le vide juridique renvoie à la légitimation du droit. Historiquement, l'augmentation de l'usage de la critique des lacunes de droit pourraient, par voie de conséquence, être rattachée aux périodes durant lesquelles le droit perd de sa légitimité. Plus le droit est contesté, plus le vide est évoqué. Le vide juridique est donc nécessairement évoqué pour exprimer une insatisfaction. C'est cette critique qui fonde l'intérêt de son étude. Elle ne repose pas sur l'absence de droit. Elle repose , à l'inverse, sur la solution apportée par le droit. Le droit répond à tout problème. Il n'omet rien, il exclut. L'exclusion devient alors source d'insatisfaction. Le vide juridique est donc un indicateur particulièrement suggestif de l'efficacité d'une matière, dans les buts qu'elle poursuit. Il existe une distinction entre, d'une part l'étude du vide juridique par des professionnels du droit, et d'autre part, l'évocation de celui-ci par l'opinion publique. Dans le premier cas, les juristes utilisent l'argument du vide juridique, sans pour autant se l'approprier. Tous affirment l'inexistence de celui-ci, mais aucun ne s'attache à l'approfondir. Dans le second cas, l'opinion publique critique de plus en plus le système juridique par l'argument du vide juridique. Ainsi, il existe une différence entre l'absence d'étude théorique et scientifique, et la multiplication de l'argument du vide en pratique. Comment est-il alors possible d'employer sans cesse une expression exempte de signification ? Une telle problématique révèle, une fois de plus, tout l'intérêt de l'étude de ce phénomène. Comment étudier le vide juridique ? En matière de vide juridique, il reste encore tout à prouver puisque même son inexistence n'a pas encore été démontrée scientifiquement. Il n'existe pas un seul ouvrage transversal qui étudie, matière par matière, le vide juridique. Une telle recherche d'ampleur permettrait d'obtenir une réflexion d'ensemble, en se demandant si le droit doit tout régir, ou si à l'inverse, le vide peut être bénéfique.