Les écoles démocratiques en France et au Québec. Autonomie éducative des jeunes scolarisés.
Auteur / Autrice : | Matias Baude |
Direction : | Hélène Bertheleu, Héloïse Nez, Pascale Dufour |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Inscription en doctorat le 28/09/2023 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences de la Société : Territoires, Economie, Droit - SSTED |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés |
Equipe de recherche : COST - Construction Sociale et politique des espaces, des normes et des Trajectoires |
Mots clés
Résumé
La thèse portera sur les écoles démocratiques, un type particulier d'établissement scolaire qui émerge en Europe et en Amérique du Nord depuis une vingtaine d'années. Une école démocratique est une école alternative privée hors contrat qui peut être définie selon trois critères : 1) Une pratique de la démocratie en interne : les enfants scolarisés ainsi que l'équipe pédagogique décident collectivement des règles et des activités de l'école, lors de conseils d'école hebdomadaires auquel chacun dispose d'une voix. 2) La pédagogie des apprentissages autonomes : les enfants sont libres de choisir individuellement les activités qu'ils pratiquent au cours de la journée, et de s'orienter d'eux-mêmes vers les domaines et disciplines qui les passionnent sans influence extérieure. 3) Mélange des classes d'âge : les enfants de 3 à 18 ans interagissent toute la journée ensemble avec l'équipe pédagogique, composée de facilitateurs d'apprentissage (et non de professeurs). De ce fait, la distinction enfants/adultes y est interdite, chacun étant considéré indistinctement comme « membre ». Quatre écoles constitueront les principaux terrains de l'enquête ethnographique, qui prendra la forme d'une observation participante en tant que facilitateur d'apprentissage dans certains cas. Deux se situent en France (l'école démocratique de Paris et Upaya dans le Loiret) et deux autres au Québec (Mont-Libre à Montréal et Champ-Libre à Dunham). Le choix de ces cas est doublement comparatif : il permet, d'une part, une comparaison internationale pour tester l'hypothèse selon laquelle la pratique de la démocratie et l'autonomie des plus jeunes varient dans des contextes institutionnels et nationaux différents et, d'autre part, une comparaison en termes d'ancrage territorial puisque, dans chaque pays, une école se situe dans une grande ville et l'autre dans un environnement plus rural. On s'intéressera alors au rapport à l'espace et à la manière dont il fait varier les activités sociales au sein des différents établissements. Les écoles démocratiques constituent des terrains pertinents et encore peu étudiés pour aborder des problématiques actuelles des sciences sociales. Elles sont propices à une étude des processus de délibération qui se traduira dans notre cas par une ethnographie des conseils d'école et de toutes les séquences au cours desquelles le groupe vote collectivement les règles et décide des activités. Ces moments de vie sociale seront l'occasion de saisir de potentielles asymétries dans les processus de prise de décision et de voir quels problèmes pratiques rencontre la participation politique des plus jeunes, les écoles démocratiques étant parmi les rares institutions à faire participer démocratiquement la toute petite enfance. Ensuite, on s'intéressera à la manière dont ces institutions mettent à l'épreuve la construction sociale des catégories d'âge, puisque les équipes pédagogiques interdisent une différenciation nette entre les enfants et les adultes, et tentent de brouiller des frontières entre des individus en cours de socialisation primaire (les enfants) et les agents socialisateurs (les adultes). Les travaux exploratoires ont révélé des résistances pratiques à la déréalisation des différences d'âge. Par exemple, certaines situations contraignent l'adulte à réinvestir une posture de supériorité vis-à-vis de comportements jugés « irresponsables » des enfants. L'ethnographie de la vie quotidienne de l'école sera alors l'occasion de décrire les situations au cours desquelles l'autonomie des enfants est en jeu. En s'intéressant aux diverses formes de conflictualité, on verra comment l'autonomie est négociée en pratique au cours des interactions entre les acteurs. L'objectif est, à partir des processus d'autonomisation, de conceptualiser sociologiquement la notion d'autonomie qui présente un intérêt analytique à la fois pour la sociologie de l'éducation et la sociologie politique.