Souveraineté et primauté. Recherche sur la soutenabilité du processus d'intégration européenne
Auteur / Autrice : | Edward Milon |
Direction : | Sébastien Roland |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 28/09/2023 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la Société : Territoires, Économie et Droit (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Recherche Juridique Interdisciplinaire François-Rabelais (Tours) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La souveraineté est de manière primaire associée à l'autonomie, l'indépendance et l'absoluité. Elle est le plus souvent utilisée pour définir l'État ou réfléchir sur la légitimité du pouvoir et l'exercice de ses prérogatives, tant au sein de son territoire qu'à l'extérieur. Des interprétations de Bodin à Rousseau en passant par celle d'Olivier Beaud, une profonde contingence ressort de cette notion qui, en ce qu'elle mute au gré des contextes juridico-politiques, apparaît éminemment complexe à définir. La primauté, quant à elle, se caractérise comme la prédominance d'un objet, ici la production normative du droit l'Union européenne, sur un autre, le droit des États. Pensée comme devant permettre de surmonter l'obstacle de la souveraineté étatique dans le but de réaliser le projet commun d'une union supraétatique, elle se présente originellement comme établissant un rapport hiérarchique entre ces deux objets. Toutefois, elle semble avoir connu une évolution qui conduit à l'appréhender aujourd'hui dans une perspective davantage hétérarchique. Par hypothèse, ces deux notions de souveraineté et de primauté apparaissent antinomiques. En pratique, elles entrent en concurrence ou en tension s'agissant des modalités d'articulation entre les normes étatiques et les normes européennes qu'induit le processus d'intégration. Ce dernier, encore indéfini, se traduit, selon l'approche fonctionnaliste théorisée par David Mitrany, par la création d'une interdépendance originellement économique entre États ayant vocation initialement à minimiser tout risque de guerre et qui se sont donné par la suite pour ambition de parvenir à une union politique. Par conséquent, une réflexion sur la soutenabilité d'une telle méthode organisationnelle vient interroger la résilience, tant des États membres que de l'Union européenne, dans le cadre de ce processus face aux enjeux nouveaux imposés par les crises multiples que l'Europe a connues (qu'elles soient économiques et financières, liées à l'Etat de droit, au Brexit, sanitaires ou encore géopolitiques) et invitent à redéfinir les interactions entre primauté et souveraineté. De fait, cette dernière n'est plus uniquement économique ou régalienne, mais notamment alimentaire et énergétique, creuset de l'intégration européenne, et enjeu d'autonomie incitant les États à l'intergouvernementalisme, voire au repli. Ceci questionne en retour la primauté dans sa capacité à continuer de faire prévaloir le but commun supra-étatique que poursuit l'Union européenne.