Thèse en cours

Une relecture épistémocritique des romans naturalistes français et régionalistes latino-américains (Zola, Rivera, Güiraldes, Gallegos)

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Auteur / Autrice : Agathe Castex
Direction : Annick Louis
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Besançon, Université Marie et Louis Pasteur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Communication, Langues, Arts
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches Interdisciplinaires et Transculturelles
Equipe de recherche : LITTÉRATURE ET LITTÉRATURE COMPARÉE

Résumé

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Lorsque l'on s'intéresse à l'Amérique latine du point de vue de la littérature mondiale, on constate une prédominance des oeuvres du boom dans le corpus international. On s'intéresse moins aux oeuvres antérieures que sont les romans régionalistes des années 1920. Ce désintérêt s'expliquerait par leur esthétique réaliste « copiée » tardivement du naturalisme européen. Plus précisément, l'étude des romans régionalistes pose deux questions importantes : d'abord celle qui consiste à comprendre pourquoi les oeuvres régionalistes sont assimilées voire subordonnées aux romans zoliens ; ensuite celle qui revient à interroger les mécanismes d'élaboration du canon « exemplaire » constitué par La vorágine, Don Segundo Sombra et Doña Bárbara ainsi que son absence dans le corpus mondial. En reconsidérant les liens entre régionalisme latino-américain et naturalisme français, notre objectif est de faire apparaître les phénomènes de sélection et de simplification qui ont contribué à donner à nos romans le statut qu'ils ont aujourd'hui. Ce travail se situe dans la continuité de l'approche comparatiste proposée par William Marx, qui fait de la littérature comparée davantage une méthode qu'un corpus patrimonial fondé sur la valeur. L'utilité d'une telle démarche est de comprendre la formation des canons et plus largement de nos connaissances littéraires. Afin de cerner les mécanismes de constitution de ce corpus, il faut mettre à jour les deux présupposés récurrents dans la critique à son propos : d'abord l'idée que ces oeuvres chercheraient par des moyens scientifiques à reproduire fidèlement l'environnement « local » ; ensuite l'idée qu'elles y échoueraient inévitablement, la fiction étant du côté du faux et la science du vrai. Or il est nécessaire de réinterroger les notions de réalisme, de fidélité au réel et de méthode scientifique. Ce n'est qu'en redéfinissant ces notions au sein des oeuvres que l'on pourra repenser ce canon. Pour cela, l'apport des théories de la fiction et de l'épistémocritique est indispensable. Les théories de la fiction permettent de montrer que les auteurs n'ont pas l'ambition d'imiter à proprement parler le réel, et qu'ils ont conscience d'en rendre compte par l'intermédiaire d'un écran. La question n'est donc plus : par quels moyens les auteurs tentent-ils de restituer le réel, et y arrivent-ils vraiment ? Il ne s'agit pas de confronter une énième fois la fiction à la science pour montrer qu'elle lui est inférieure et subordonnée, mais plutôt de se demander comment ces oeuvres agissent dans le réel, notamment en entretenant un dialogue constant avec les sciences ? En examinant l'articulation entre littérature, réel et sciences au sein des oeuvres, on peut mieux comprendre ce qui les relie, et ainsi proposer une critique de certains filtres simplificateurs. Autrement dit, théories de la fiction et épistémocritique sont les outils d'une méthode comparatiste qui consiste à interroger les canons et les relations proposés par la critique.