Thèse en cours

Qu'est-ce qu'une plante individuelle ? Approche comparative des notions d'individualité et d'identité chez les Embryophytes et les Eumétazoaires.

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Auteur / Autrice : Shaan Lepaul-picolet
Direction : Sophie GerberEtienne Roux
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Épistémologie et histoire des sciences
Date : Inscription en doctorat le 26/09/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : BIOGECO - BIOdiversité, Gènes & Communautés
Equipe de recherche : EcoGeRe - ECOlogie et GEnétique de la conservation et de la REstauration

Mots clés

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Résumé

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La question de l'individu ou de l'organisme individuel est une notion fondamentale en biologie, sans laquelle les concepts de fonction physiologique, de lignée reproductive, d'adaptation, d'évolution, de population, voire même d'écosystème, ne peuvent être étudiés ni même formulés. Or, si la notion d'individu semble intuitivement simple et suffisamment évidente pour que les biologistes se dispensent, dans la plupart des cas, d'en donner une définition, les propriétés fondamentales qui permettent de définir ce qu'on entend par « individu » biologique, et les critères d'individuation qui permettent d'attribuer à une entité ce statut « d'individu », ne sont pas épistémologiquement clairs et la littérature philosophique contemporaine n'a pas abouti à un consensus sur ces questions [1], en particulier chez les plantes. La difficulté des approches philosophiques à définir de manière consensuelle en quoi consiste l'individualité végétale génère une situation de flou épistémique autour du concept de « plante individuelle », pourtant d'usage fréquent et « spontané » dans la recherche actuelle en biologie des plantes terrestres (appelées Embryophytes), que ce soit dans des domaines de recherche en écologie, en démographie, en physiologie ou en biologie de l'évolution, avec des implications sociales importantes concernant la manière d'envisager les plantes et les modes de politique de gestion, de protection et de conservation. Fondamentalement, les Embryophytes ont un développement et une organisation modulaire, basée sur la répétition d'une unité de base de l'architecture – le module – continuellement réexprimée [2]. Ce mode de croissance indéterminée leur permet d'exprimer une grande diversité de formes, accordées aux contraintes environnementales [3]. Historiquement et actuellement, les arbres et les plantes individuelles sont régulièrement décrits par des botanistes, philosophes, naturalistes ou biologistes comme des colonies, des rassemblements de bourgeons, des êtres multiples et composites [4], plutôt que comme des individus unifiés. Les Embryophytes sont en effet capables d'embryogenèse somatique, susceptibles de constituer de larges populations clonales, et de ce fait supposés être caractérisés par un mosaïcisme génétique, dont l'importance reste à démontrer [5]. Les Embryophytes se définiraient alors comme des entités modulaires, polygénomiques et polyembryoniques, avec comme conséquence que les différents critères d'identité et d'individualité ne convergeraient pas nécessairement au même niveau, l'unité génétique (genet) différant par exemple de l'unité morphofonctionnelle (ramet) [3,6,7].