Thèse en cours

La déjudiciarisation de l'instance civile

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Auteur / Autrice : Alexandre Autrand
Direction : Rudy Laher
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit mention Droit privé et sciences criminelles
Date : Inscription en doctorat le 26/09/2023
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Gouvernance des Institutions et des Organisations (Limoges ; 2022-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Observatoire des Mutations Institutionnelles et Juridiques

Mots clés

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Résumé

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Le projet de thèse porte sur la déjudiciarisation de l'instance civile. À ce jour, aucun travail de recherche n'a été réalisé sur ce phénomène, et pour cause, il représente l'un des grands mouvements de la justice française du XXIème siècle. Pour autant, le phénomène de déjudiciarisation en lui-même n'est pas nouveau, puisqu'il a déjà retenu l'attention de chercheurs. Il peut être cité le colloque de la Cour de cassation du 7 juin 2019, relatif aux enjeux de la déjudiciarisation. Il peut également être fait référence au colloque organisé par l'Université d'Orléans, les 26 et 27 octobre 2011, qui était relatif au phénomène de déjudiciarisation. En réalité, ce phénomène consiste en un effacement de l'intervention du juge, à différents niveaux dans le litige des parties, notamment afin que ces dernières puissent trouver un accord, sur l'issue ou le traitement de leur litige. Ce phénomène s'illustre aujourd'hui dans une multitude de domaines, tous différents les uns des autres et, pour certains, anciens. À titre d'exemple, il a été instauré en 1975 la possibilité pour les époux de divorcer par consentement mutuel , et donc de ne plus recourir au juge. Il peut également être cité la loi du 23 mars 2019 , qui a mis fin à l'autorisation préalable au partage, en présence de mineurs ou de majeur protégé, dans l'hypothèse d'une présomption d'absence . Ainsi, compte tenu de la faible quantité d'étude sur ce phénomène, l'objectif premier de la thèse serait de déterminer l'ampleur du phénomène de déjudiciarisation de l'instance civile dans le système juridique français, et les causes de sa présence. Pour ce faire, il sera nécessaire dans un premier temps de définir les termes du sujet. S'agissant de la notion de déjudiciarisation, les professeurs CIMONTI et PERRIER (S. CIMAMONTI, J-B PERRIER, dir. Les enjeux de la déjudiciarisation, LGDJ, 2019, p. 299), définissent la déjudiciarisation comme étant « un ensemble de procédés permettant d'éviter le règlement du litige par le juge lui-même, soit en imposant aux parties de tenter de conclure un accord avec ou sans l'aide d'un tiers, soit en permettant à l'une des parties de proposer à l'autre un mode de règlement non juridictionnel, soit enfin en permettant aux parties de choisir une voie consensuelle ou en reconnaissant l'accord conclu par elles ». Les auteurs de cette définition précisent que « cet accord peut faire l'objet d'une homologation ou validation judiciaire, qu'elle soit prévue de manière systématique ou laissée à la discrétion des parties, sans que cette homologation ne modifie la nature de l'accord pour lui conférer une nature juridictionnelle ». Cependant, une telle définition nous semble incomplète. En effet, la justice est un service public auquel chaque citoyen a accès. De façon plus qu'évidente, l'organisation de ce service public nécessite que le gouvernement alloue un budget annuel qui est plus ou moins conséquent. Or, le solde budgétaire de l'État français est en déficit depuis 1975 ce qui a pour principale conséquence d'accroître de façon exponentielle la dette publique. Ainsi, l'État français se doit de réaliser des économies sur le coût de fonctionnement des institutions présentes sur le territoire, en ayant une politique de gestion des finances publiques. Étant un service public, la justice ne saurait échapper à cette politique. Ainsi, la thèse serait l'occasion de s'interroger sur la possibilité qu'avant d'être un phénomène juridique, permettant aux parties de se réapproprier leur litige, la déjudiciarisation soit actuellement une politique publique qui a pour vocation à répondre à un objectif économiste. Dans cette hypothèse, la déjudiciarisation aurait pour fonction principale de réduire le budget de la justice ou de ne pas l'augmenter ou pas dans les proportions correspondant à ce que cette augmentation devrait être au regard de l'activité des tribunaux. En effet, le coût de fonctionnement de ce service public est en constante augmentation depuis ces dernières années. Malgré l'augmentation de ce budget pour le fonctionnement de la justice française, cette dernière n'est pas pour autant réputée pour sa rapidité et son efficacité. C'est d'ailleurs un élément sur lequel est revenu l'actuel Garde des Sceaux dans son discours du 3 mai 2023. Pour résumer la position des pouvoirs publics, pour pouvoir réduire le coût de fonctionnement de la justice, tout en améliorant sa rapidité et son efficacité, il est nécessaire d'appliquer une politique managériale, voire économique, au fonctionnement de ce service public, notamment en limitant l'intervention du juge dans le litige des parties. En réalité, cette politique managériale est, selon le Professeur JEULAND, l'une des tendances qui se développent dans le Droit processuel depuis plusieurs années. Ce dernier poursuit en affirmant que cette politique a certainement pour origine, l'essor de la technologie, qui se manifeste depuis plusieurs décennies. À titre d'exemple, il peut être cité le développement des outils de statistiques permettant d'évaluer la performance de la justice française, et qui sont accessibles sur le site du Ministère de la justice, dans une rubrique intitulée « études et statistiques ». Dans le cadre de cette politique, si l'office du juge est réduit dans le litige qui peut notamment se résoudre grâce à des modes alternatifs de règlements des différends, ou par un accord de ces dernières au cours de l'instance, alors ce dernier passera moins de temps sur l'affaire, et l'État réduira le coût financier inhérent au traitement du litige. Ainsi, la déjudiciarisation servirait à réaliser des économies sur le coût de fonctionnement de la justice en limitant l'office du juge sur certains litiges, ce qui permet à ce dernier de pouvoir recentrer l'exercice de ses fonctions sur des affaires qui nécessitent davantage son expertise. De facto, en économisant le temps du juge sur certains litiges, ce dernier peut reporter son expertise sur d'autres litiges, ce qui, finalement, lui permet d'être plus efficace et plus rapide dans la réalisation de ses fonctions. S'agissant de la notion d'instance civile il sera nécessaire au préalable de définir la notion de litige, puisqu'en dehors du domaine gracieux, l'instance va naître grâce à l'existence d'un litige. En réalité un litige est un conflit « juridiquement relevant » (J. CARBONNIER, Sociologie juridique, PUF, coll. Quadrige, 1994, p. 344), c'est-à-dire qui porte sur un point de droit, tel qu'un impayé. Ainsi, l'instance peut être défini comme étant un « terme technique désignant une suite d'actes de procédure allant de la demande en justice jusqu'au jugement. Son ouverture fait naître entre les plaideurs un lien juridique particulier : le lien d'instance. Les voies de recours donnent lieu à une instance nouvelle à l'exception de l'opposition » (Lexique des termes juridique, Dalloz, 2020-2021). Également, pour pouvoir appréhender la définition de l'instance, il sera nécessaire de réaliser une étude historique de cette notion afin de comprendre l'évolution de cette dernière dans le temps. Dans un second temps, la thèse permettra d'étudier les fondements textuels et jurisprudentiels qui ont conduit à l'avènement de ce phénomène de déjudiciarisation, afin de vérifier son ampleur et de comprendre les raisons de son existence. À la suite de cette analyse, il sera nécessaire de déterminer en quoi ces évolutions sont ou ne sont pas comparables aux pratiques qui existaient sous l'empire du très libéral Code de procédure civile de 1807. Ce n'est qu'une fois cette analyse terminée, et la détermination de l'évolution qui a conduit à l'avènement de ce phénomène, qu'il pourra être étudié la mise en œuvre de la déjudiciarisation. En effet, la mise en œuvre de ce phénomène se fait au travers de différents outils procéduraux qu'il sera intéressant d'étudier dans la thèse. À titre d'exemple, il peut être cité la procédure participative de mise en état ou encore les modes amiables de règlements des différends. L'avènement de ces outils s'explique par l'effet principal de la déjudiciarisation, qui est l'effacement ou la limitation de l'intervention du juge, dans le litige des parties. En conséquence, il était nécessaire de trouver des éléments de substitution afin de remplacer l'intervention de ce dernier. L'un des outils majeurs pour la mise en œuvre de ce phénomène est l'accord des parties. En effet, l'accord des parties a retrouvé une place centrale dans l'instance civile, et il permettra à ces dernières de s'entendre soit sur le chemin que leur affaire va suivre avant une décision, soit sur l'issue en elle-même de leur litige. Cet accord aura alors pour effet, soit de limiter l'intervention du juge, soit de la supprimer entièrement. L'accord des parties pourra également s'illustrer sur la dématérialisation des actes de procédure, de sorte que ces dernières peuvent s'entendre sur l'établissement d'un calendrier de procédure, ce qui permet d'effacer partiellement la présence du juge, sur l'échange des écritures. Enfin, les parties pourront s'entendre sur l'issue de leur litige, grâce à une transaction ou à un mode alternatif de règlement des différends, tels que la conciliation ou la médiation. Une fois que la mise en œuvre de ce phénomène sera étudiée, il sera pertinent de se pencher sur les différents apports de la déjudiciarisation dans le Droit français. En effet, ce phénomène est d'actualité, puisque dans son discours du 3 mai 2023, le Garde des Sceaux avait affirmé vouloir faire de l'amiable, une solution contre les lenteurs de la justice. En effet, le contentieux civil est aujourd'hui l'un des plus gros contentieux du droit français, et le phénomène de déjudiciarisation correspond à la volonté de décongestionner la justice, c'est-à-dire de désengorger les tribunaux. Cette volonté semble répondre à un premier impératif qui est économique, c'est-à-dire que le fonctionnement de la justice a un coût financier élevé. En 2022, l'État français a consacré 5 234 millions d'euros au fonctionnement de la justice. Ainsi, dans une volonté de faire des économies, l'État français prend l'initiative d'éloigner le juge de certains litiges, ou de limiter son intervention afin de réduire les coûts de fonctionnement de la justice. C'est dans cette hypothèse que la dimension politique du sujet de thèse prend tout son sens, puisqu'en réalité, la déjudiciarisation symbolise l'existence d'une politique économique « cachée », dans le fonctionnement de la justice. Ensuite, la volonté de décongestionner les tribunaux permet de répondre à un impératif de gain de temps, puisqu'aujourd'hui la justice française apparaît comme étant lente et inefficace, comme cela a pu être souligné à l'occasion des états généraux de la justice en 2021. Le gain de temps que représente la déjudiciarisation permet de rationaliser la justice, en repensant l'office du juge, qui va pouvoir se concentrer sur des litiges où son expertise est plus que nécessaire. Ainsi, en théorie, le règlement des différends est simplifié, ce qui permettrait de rapprocher le droit du justiciable. En conséquence, l'enjeu majeur derrière le phénomène de déjudiciarisation est la recherche d'une justice de qualité. En outre, en 2021, 53% des Français estiment ne pas avoir confiance dans la justice. Ainsi, la volonté des gouvernements successifs est de redonner confiance aux citoyens français dans la justice, en éliminant la lenteur de cette dernière par le biais d'une simplification du droit processuel. De ce fait, permettant de faire économiser du temps au juge, la déjudiciarisation apparaît comme étant la solution idéale à cette problématique. Toutefois, la déjudiciarisation ne doit pas compromettre « le rôle régulateur du droit » (F. Agostini et N. Molfessis, Chantiers de la justice Amélioration et simplification de la procédure civile, Ministère de la justice, janvier 2018, p. 8) En effet, quand bien même la déjudiciarisation représente un intérêt, elle doit tout de même veiller à ne pas dépasser certaines limites, afin de ne pas être contre-productive dans sa volonté de décongestionner les juridictions. La notion de déjudiciarisation appelle ainsi à un équilibre délicat, puisque cette notion nécessite de concilier rapidité et simplification avec la qualité et l'efficacité, ce qui en pratique peut s'avérer complexe, car la déjudiciarisation ne doit pas être synonyme d'atteinte au droit des parties. Cet équilibre délicat pourra se trouver en n'ayant pas recours à une déjudiciarisation totale, de sorte qu'il convient de déjudiciariser, sans pour autant appliquer ce phénomène à certains éléments du litige des parties. À titre d'exemple, il serait intéressant de conserver l'intervention du juge, lors de la première audience d'orientation de l'affaire, afin que les magistrats puissent appréhender certaines problématiques du litige, qui ne ressortiraient pas clairement dans les écritures des parties. Également, l'avènement du phénomène de déjudiciarisation permet une redéfinition de l'instance civile. Auparavant, l'office d'un juge était de rendre une décision sur un litige. Désormais, l'instance civile ne représente plus un outil de droit processuel au sein duquel un juge devra systématiquement trancher un litige. Certes, l'office principal du juge demeure toujours la résolution des litiges, mais en réalité l'instance civile représente désormais un outil de droit processuel au sein duquel des solutions à des litiges pourront émerger, par l'analyse juridique que le juge fait du litige, mais aussi par les parties elles-mêmes grâce à un accord. En conséquence, la politique de déjudiciarisation a pour vocation à redéfinir en profondeur la notion d'instance civile, en obtenant une instance moins coûteuse et supposée plus efficace et plus rapide. Cela explique notamment le recours du législateur au phénomène de contractualisation du procès, afin de favoriser les accords. En effet, dans l'hypothèse où des parties tomberaient d'accord sur la résolution de leur litige, alors elle n'aurait plus besoin de recourir à un juge, qui pourra en conséquence orienter son office sur d'autres affaires. De ce fait, le législateur a décidé de favoriser l'avènement de l'accord des parties à un litige en imposant des cadres propices à l'émergence de la résolution amiable. Par la suite, la thèse permettra de s'intéresser aux limites de la déjudiciarisation. En effet, l'effacement de l'intervention du juge ne saurait faire place à une quelconque atteinte aux droits et aux libertés fondamentales des parties au litige, puisqu'en réalité le régime de ce phénomène est flou, car il est passé sous silence par le législateur. Ainsi, il est opportun de s'intéresser à l'application du droit à un procès équitable, prévu par l'article 6 §1 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme. Également, l'efficacité du phénomène de déjudiciarisation sera nécessairement étudiée dans la thèse, et pour ce faire, il conviendra d'adopter une démarche empirique. Cette démarche consistera dans un premier temps à étudier la jurisprudence et les décisions des juridictions du fond, afin de déterminer comment en pratique, sont mis en œuvre les outils de déjudiciarisation qui sont présents dans le système juridique français. Par la suite, cette démarche empirique pourrait être complétée par un questionnaire, à destination des professionnels du droit, qui sont directement concernés par ce phénomène dans l'exercice de leur fonction. Ce questionnaire sera adressé à des magistrats, des greffiers, des avocats, par voie électronique, ou bien il pourra faire l'objet d'une interview en se basant sur ce formulaire. Également, il serait intéressant de recueillir l'avis des justiciables qui ont eu recours à des outils de déjudiciarisation, dans la résolution de leur litige, afin d'avoir leur ressenti sur l'efficacité du mécanisme auquel ils ont eu recours. En conséquence, il sera nécessaire d'établir un questionnaire supplémentaire, qui sera adapté à ces derniers. Enfin, la thèse permettra de déterminer les pistes d'amélioration du phénomène de déjudiciarisation. Comme cela a pu être évoqué précédemment, le phénomène de déjudiciarisation comporte des limites qui sont relatives aux droits des parties. En outre, ce phénomène ne dispose pas d'un régime juridique qui est clairement établi par le législateur. En conséquence, ce vide législatif est propice à des atteintes aux droits processuels et fondamentaux dont les parties peuvent, en temps normal, bénéficier dans le cadre de leur litige. Ainsi, le premier axe d'amélioration consisterait en une limitation de son champ d'application, puisqu'en réalité l'ensemble des litiges ne sauraient être déjudiciarisés. En effet, il serait opportun de limiter le champ d'application de ce phénomène, en empêchant la déjudiciarisation dans certains litiges qui, eu égard à leur nature ou à la qualité des parties, ne saurait être déjudiciarisée. À titre d'exemple, il peut être cité la loi du 23 mars 2019, qui est venue supprimer l'autorisation du juge, pour qu'un tuteur puisse conclure un contrat de gestion des valeurs mobilières et des titres financiers du majeur protégé. Vivement critiquée par la doctrine, cette réforme est perçue comme étant un recul de la protection des personnes vulnérables. Également, il conviendrait de limiter le champ d'application de la déjudiciarisation, en empêchant qu'elle soit appliquée à certains domaines, tels que ceux relatifs à la protection de l'enfant ou encore ceux relatifs aux majeurs protégés. À titre d'exemple, le divorce par consentement mutuel déjudiciarisé, qui a été instauré par la loi du 18 novembre 2016, ne prévoit plus l'obligation pour l'enfant du couple d'être entendu par un juge. Désormais, ce dernier sera entendu par un magistrat, uniquement s'il émet ce souhait dans un formulaire dûment rempli et signé par ce dernier. En réalité, ce document sera dans la plupart des cas rempli par les parents eux-mêmes, qui pourraient alors être tentés d'instrumentaliser la parole de leur enfant, afin de pouvoir obtenir gain de cause lors d'une procédure judiciaire de divorce. Également, l'audition de l'enfant par le juge pourrait obliger ce dernier à prendre parti sur le divorce de ces parents. Cependant, malgré ces risques, le divorce par consentement mutuel déjudiciarisé connaît un franc succès depuis son introduction. En effet, le Conseil supérieur du notariat fait état dans son rapport de juillet 2022 d'un total de 71.144 conventions de divorce déposées au rang des minutes d'un office notarial au cours de l'année 2021, contre 51.079 en 2019. Également, les contentieux médicaux semblent être un domaine qui doit être expressément exclu du champ d'application, de la déjudiciarisation, eu égard aux intérêts personnels qu'il touche, notamment en raison du traitement du corps humain. Ce dernier est protégé par l'article 16-1 du Code civil, qui dispose que le corps humain est inviolable et qu'il ne peut pas faire l'objet d'un droit patrimonial. Ainsi, il semble plus qu'évident que le cadre législatif attaché au traitement du corps humain et à ces produits doit être tout aussi important lorsqu'un contentieux émerge à ce sujet. En conséquence, il serait absurde d'effacer ou limiter l'intervention du juge, dans le cadre d'un contentieux médical au sein duquel le traitement du corps humain est au cœur des débats. Le second axe d'amélioration envisageable est relatif à l'information des parties à un litige sur les droits dont elles disposent, grâce à l'outil de déjudiciarisation qu'elles utilisent. Ce travail d'information pourrait consister en une campagne publicitaire, télévisée, radiodiffusée, voire même sur les réseaux sociaux, afin d'informer le plus grand nombre de justiciables possible. Le troisième axe d'amélioration envisageable serait, selon le rapport du groupe de travail portant sur la simplification de la justice civile, la mise en place d'une « politique civile », afin de mettre un terme aux réformes purement économiques et managériales de la justice. Une telle politique aurait pour but de prendre des réformes qui veillent avant toute chose, au respect des principes directeurs du procès civil. Enfin, il serait pertinent de mettre en place un « principe de proportionnalité procédurale », comme peut le connaître le droit québécois, dans le procès civil français. Ce principe vise à ce « que le recours à la justice respecte les principes de la bonne foi et de l'équilibre entre les plaideurs et n'entraîne pas une utilisation abusive des institutions de la justice civile » (Cour d'appel du Québec, Vergers Leahy inc. C. Fédération de l'UPA de St-Jean-Valkeyfield, 2009, QCCA 2401, § 42). L'instauration d'un tel principe pourrait permettre d'assurer une véritable politique de gestion des coûts financiers inhérents aux fonctionnements de la justice.