Évolution des mythes dysfonctionnels en orientation : rôle des émotions et spécificité de la surprise
Auteur / Autrice : | Osman Jalis |
Direction : | Emmanuelle Vignoli |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences humaines et humanités nouvelles spécialité Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, CNAM |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Abbé Grégoire |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRTD - Centre de recherche sur le travail et le développement |
Equipe de recherche : Psychologie de l'Orientation |
Mots clés
Résumé
Certaines croyances sur soi et sur le monde ne correspondent pas, tout ou partie, à la réalité, ce qui peut être fonctionnel dans certains contextes, mais qui dans d'autres peut être limitant, dysfonctionnel, maladaptatif. Ces croyances ont été étudiées dans le champ de la thérapie cognitive et comportementale (p. ex. Cottraux, 2017), notamment dans le cadre de la thérapie des schémas (p. ex. Young et al., 2017) et de la thérapie d'acceptation et d'engagement (p. ex. Monestès, 2017). Elles ont aussi été étudiées dans le champ de l'orientation scolaire et professionnelle, comme des facteurs de difficultés à élaborer un projet d'orientation (Gati et al., 1996 ; Saka & Gati, 2007 ; Santos et al., 2018 ; Xu, 2021, 2022). Les croyances suivantes en sont des exemples : « Il m'est impossible de me renseigner sur tous les métiers en profondeur parce qu'il y a beaucoup trop d'informations » (Saka & Gati, 2007, notre traduction) ; « Je pense que choisir un métier est un engagement unique pour toute la vie » (Hechtlinger et al., 2019, notre traduction). Dans un cadre d'une intervention de counseling comme de thérapie, il convient que le psychologue aide le bénéficiaire à identifier ces croyances, aide à ce que ce dernier nuance leur portée, leur pertinence. Il s'agit de faire évoluer ces croyances, dans une certaine mesure, et ainsi de faire évoluer l'émotion associée à cette cognition, de manière à mieux la vivre la situation. Pour autant, il reste nécessaire de reconnaître le bénéfice de ces croyances, leurs fonctions qui peuvent être adaptatives, comme celles du stéréotype (Leyens, 1983) ou de l'indécision vocationnelle (Forner & Autret, 2007). Cette activité de remise en question est assimilable à un apprentissage. Pour faciliter cet apprentissage, un levier pédagogique pourrait être la surprise. En effet, elle favorise d'une part l'apprentissage (Brod, Hasselhorn & Bunge, 2018), le fait de remodeler une croyance (Reisenzein et al., 2019), d'autre part elle incite à l'exploration qui est une manière aussi de faire évoluer ses représentations (Vogl et al., 2019). Aussi, le travail préliminaire d'analyse de la littérature (à poursuivre) montre que cela a été étudié chez le bébé (p. ex. Stahl & Feigenson, 2019), l'enfant, l'adulte (p. ex. Reisenzein et al., 2019), mais semble-t-il dans une moindre mesure chez un public adolescent. Ce travail de thèse se propose d'explorer ces relations, au travers d'un plan expérimental qui serait défini de la manière suivante : 1. Pré-test : mesure des croyances 2. Test : groupe expérimental soumis à une surprise vs. groupe témoin non soumis à une surprise 3. Post-test : mesure des croyances Plusieurs champs de la psychologie seraient mobilisés : la psychologie sociale (croyances, orientation), cognitive (sciences affectives, apprentissage), clinique (intervention) et développementale (si public adolescent, orientation, prise de décision). Il est nécessaire de mener un questionnement éthique et déontologique : dans quels cas est-il acceptable, souhaitable de chercher à « corriger » les croyances ? Leur caractère dysfonctionnel suffit-il ? Qu'est-ce qui définit le caractère plus ou moins « erroné » ou « dysfonctionnel » d'une croyance ? Concernant les pistes d'intervention, il conviendra d'explorer le rôle que peux jouer la surprise dans une intervention thérapeutique ou d'accompagnement. Dans l'hypothèse où il serait question d'orientation, au-delà des aspects individuels, du rôle des praticiens de la psychologie de l'éducation et de l'orientation, je souhaiterais aborder des aspects situationnels, sociaux comme organisationnels. Au-delà d'une action de counseling, qu'est-ce qui pourrait être de nature à faciliter l'évolution des croyances des élèves, quelles seraient les conditions favorables à une telle évolution, au sein de l'école voire de la société ? Quelle place pour la surprise ?