Rôle de la pharmacocinétique intra-tumorale et du récepteur des xénobiotiques PXR (Pregnane X Receptor) sur la sensibilité des cancers solides aux thérapies ciblées.
Auteur / Autrice : | Stefan Nicolescu |
Direction : | Alexandre Evrard, Philippe Pourquier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie Santé |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IRCM - Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier |
Equipe de recherche : Résistance aux traitements et thérapies innovantes RTTI. |
Mots clés
Résumé
Malgré les progrès de la pharmacologie dans le développement de nouvelles molécules anticancéreuses, la chimiorésistance, qu'elle soit intrinsèque ou acquise, reste une cause majeure d'échec thérapeutique. Les déterminants les plus décrits de la résistance des cellules cancéreuses sont des modifications des cibles thérapeutiques ou de protéines impliquées dans les voies oncogéniques de signalisation. Ces phénomènes de résistance sont considérés comme des phénomènes adaptatifs à la pression de sélection liée à l'exposition aux drogues, la plupart du temps par l'apparition de mutations génétiques ou d'amplifications géniques, rendues possibles par l'instabilité génétique des cellules tumorales. Cependant, la sensibilité d'un cancer à un médicament est également en grande partie liée à l'exposition des cellules tumorales et à l'accessibilité de la cible thérapeutique. Ainsi le succès thérapeutique est en grande partie conditionné par la pharmacocinétique (PK) du médicament anticancéreux et par les étapes d'absorption, de distribution, de métabolisation, et d'excrétion (ADME) qu'il subit. A l'échelle du patient, la pharmacocinétique des anticancéreux et les concentrations plasmatiques circulantes sont relativement bien décrites. Cependant à l'échelle de la tumeur, peu de choses sont connus sur la capacité d'une cellule tumorale à modifier la pharmacocinétique du principe actif. Des phénomènes de chimiorésistance par efflux des cytotoxiques ont été historiquement décrits avec la découverte des transporteurs membranaires de type ABC (ATP Binding Cassette) comme la glycoprotéine P (P-gp) et les multidrug résistance-associated protein (MRP). Plus récemment, de nombreux travaux ont montré que les cellules cancéreuses, en particulier celles des adénocarcinomes dérivés des épithéliums, pouvaient présenter des phénomènes de métabolisme et de transport plus larges en exprimant des enzymes et transporteurs variés, comme ceux habituellement exprimés dans les hépatocytes. Les gènes codant pour ces déterminants moléculaires de la pharmacocinétique ont la particularité d'être sous le contrôle transcriptionnel du récepteur nucléaire PXR (Pregnane X Receptor) codé par le gène NRI12, dont le rôle dans la chimiorésistance reste peu décrit. Une fois activée par un endobiotique (hormones, vitamines, ) ou un xénobiotique (médicaments, aliments, polluant, ), il est capable de moduler l'expression de nombreux gènes du métabolisme et du transport dont les plus représentatifs sont les gènes codant le CYP3A4 ou ABCB1. Du fait de sa large poche de reconnaissance du ligand, PXR peut être activé par de nombreux xénobiotiques comme les molécules cytotoxiques anticancéreuses, ou d'autres médicaments, chez des patients souvent polymédiqués. Plusieurs travaux ont également montré que PXR pouvait avoir une activité basale même en l'absence de ligand. L'expression de PXR dans les cancers a été décrite très partiellement dans certains cancers (sein, colon, prostate) mais son rôle dans la sensibilité aux anticancéreux reste encore peu décrit (voir résultats préliminaires). L'arsenal thérapeutique anticancéreux a été considérablement enrichi ces dernières années grâce au développement de nouvelles thérapies dites « ciblées » qui interagissent directement avec des voies de signalisation dont l'activité est dérégulée dans un contexte tumoral. Ces médicaments sont à l'origine d'une rupture technologique et thérapeutique dans les années 2000 avec les petites molécules inhibitrices de kinases dont la molécule « first-in-class » est l'imatinib qui a révolutionné le traitement de la leucémie myéloïde chronique. Aujourd'hui ces inhibiteurs de tyrosines kinases (ITKs) sont utilisés dans quasiment tous les cancers solides, et des dizaines de molécules sont actuellement utilisées en routine clinique, seuls ou en association (voir détails ici https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-therapies-ciblees). Ces médicaments sont administrés par voie orale et montrent une grande variabilité pharmacocinétique du fait qu'ils sont pour la plupart substrats des enzymes et transporteurs du système ADME. Cette caractéristique entraine une variabilité des concentrations plasmatiques avec une nécessité d'un suivi thérapeutique pharmacologique (réalisé en routine au CHU de Nîmes) et des adaptions de doses. Certaines de ces molécules sont également des ligands potentiels du récepteur PXR et peuvent ainsi moduler leur propre métabolisme ou celui de médicaments co-administrés conduisant à des interactions médicamenteuses délétères. Au niveau tumoral, ces caractéristiques pharmacocinétiques peuvent entrainer d'importantes variations de sensibilité qui sont encore très mal caractérisées. Notre projet s'inscrit donc dans une thématique majeure d'onco-pharmacologie. Il s'agit d'un programme de recherche translationnelle comportant à la fois des aspects expérimentaux sur lignées cellulaires et des aspects cliniques en exploitant des ressources biologiques disponibles au CHU de Nîmes.