Thèse en cours

Le rôle de l'hydrogène dans la transition et la coopération énergétiques des Etats du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.

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Auteur / Autrice : Ali Benyahia
Direction : Jamal BouoiyourAmine Benamar
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Inscription en doctorat le 14/09/2023
Etablissement(s) : Pau en cotutelle avec Université Mohamed VI Polytechnique
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Transitions Énergétiques et Environnementales

Résumé

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L'économie mondiale est à un point de basculement. Face au défi climatique et aux incertitudes géopolitiques, la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles au profit de sources d'énergies alternatives est devenue la priorité pour de nombreux pays. Les Etats du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA), en tant que principaux exportateurs d'hydrocarbure, sont particulièrement concernés par la nécessité de cette transition énergétique globale. « L'âge de pierre n'a pas pris fin par manque de pierres, et l'âge du pétrole ne prendra pas fin par manque de pétrole », promettait Sheikh Zaki Yamani, ancien ministre du pétrole de l'Arabie Saoudite. Et, de fait, bien que les réserves pétrolifères soient encore loin du tarissement, l'investissement au profit des énergies renouvelables dans la région MENA croît de 36% chaque année, se hissant à la deuxième place mondiale de croissance annuelle dans cette filière, derrière la Chine. Par son abondante disponibilité et sa disposition naturelle à n'émettre aucun gaz à effet de serre, l'hydrogène est un élément stratégique de la transition énergétique et écologique mise en oeuvre aux quatre coins du monde. L'Agence Internationale pour les Energies Renouvelables (IRENA) estime que l'hydrogène devra répondre à plus de 12% de la demande finale d'énergie d'ici à 2050 pour que les différents pays parviennent à respecter leurs engagements climatiques, contre pratiquement zéro aujourd'hui. Du stockage -enjeu crucial à mesure que le mix énergétique du MENA est décarboné par des sources intermittentes non pilotables-, à la production d'énergie en passant par la propulsion de tout type de mobilité, ses applications à l'industrie énergétique sont nombreuses et capitales. L'hydrogène vert, qui est issue d'une électrolyse de l'eau alimentée par une source d'énergie renouvelable, est particulièrement convoité pour sa faculté à proposer une empreinte carbone nulle sur l'ensemble de son cycle de vie. En 2021, il ne représentait pourtant que 0.04% de la production totale d'hydrogène, ce qui enjoint l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) à appeler à une croissance des capacités de production d'électrolyseurs. L'IRENA estime que quelques 5000 GW seront nécessaires d'ici 2050, contre 0.3 GW aujourd'hui. La région MENA, qui est dotée de ressources solaires et éoliennes exceptionnelles, peut incarner une partie de la réponse à cette nécessité de montée en puissance, à l'échelle locale comme internationale. C'est ainsi que de l'Arabie Saoudite aux Emirats Arabe Unis en passant par le Sultanat d'Oman, de nombreux projets rivalisent d'ores et déjà d'ambition dans la région, tandis que d'autres pays s'y intéressent activement. Sovacool et Cooper ont montré que ces 'méga-projets' énergétiques, parce qu'ils sont des arènes politiques au sens de Mintzberg, suscitent usuellement d'importants enjeux de gouvernance auxquels il convient d'être attentif. Dans le bassin méditerranéen, le Maroc fait partie de ces Etats qui placent la transition énergétique au cœur de leur politique économique et de leurs relations européennes. Ainsi, après s'être distingué par le déploiement de projets solaires parmi les plus significatifs à l'échelle mondiale, le Royaume Chérifien se place en chef de file de la filière hydrogène dans la région MENA aux côtés de l'Arabie Saoudien, considérée comme une voie substantielle de développement. Le Maroc offre de cette manière un exemple éloquent de la façon dont les pays d'Afrique du nord -qui ne disposent pas de la filière pétrolière du Moyen-Orient-, peuvent tirer parti de l'hydrogène et des sources d'énergies renouvelables pour participer à la transition énergétique mondiale. Ces pays ont ainsi la possibilité de jouer un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique tout en se hissant au rang des acteurs clés sur le marché global de l'énergie.