Thèse en cours

Modulation de l'immunogénicité de la mort tumorale induite par les traitements cytotoxiques par les DNASE extracellulaires

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Auteur / Autrice : Aliki Vasilakou
Direction : Dorothée Duluc
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Biologie du cancer
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Immunologie Conceptuelle, Expérimentale et Translationnelle
Equipe de recherche : Origins and pathogenesis of autoimmune and inflammatory disorders

Résumé

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Certains traitements cytotoxiques tels que les chimiothérapies ont d'abord été identifiés pour leur capacité à bloquer la prolifération cellulaire et/ou à induire la mort des cellules tumorales. De multiples études ont ensuite souligné que l'efficacité clinique de diverses chimiothérapies dépendait largement de leur capacité à promouvoir des réponses immunitaires. Ces observations ont conduit au concept de mort cellulaire immunogène, défini comme ''une forme de mort cellulaire régulée qui est suffisante pour activer une réponse immunitaire adaptative chez les hôtes immunocompétents''. Par conséquent, certains traitements cytotoxiques conventionnels peuvent stimuler la libération d'antigènes tumoraux et de molécules ''adjuvantes'' qui contribuent tous deux à l'immunogénicité de la mort cellulaire tumorale. En fait, les antigènes tumoraux ne sont capables d'activer l'immunité antitumorale que s'ils sont associés à des signaux immunostimulateurs reconnus par les cellules dendritiques et conduisant à leur activation. En particulier, il a été démontré que l'ADN dérivé de la tumeur active les cellules dendritiques (DC) qui produisent des interférons de type I (IFN-I), des cytokines clés pour l'initiation de réponses immunitaires antitumorales. L'équipe a récemment caractérisé la DNASE1L3, une DNASE extracellulaire spécifiquement produite par les DC et les macrophages (MΦ), qui a une fonction unique de dégradation de l'ADN provenant des cellules mourantes, inhibant ainsi la capacité de l'ADN à stimuler les réponses immunitaires. Comme les traitements cytotoxiques provoquent la libération d'ADN extracellulaire par les cellules mourantes, les DNASE extracellulaires jouent probablement un rôle important dans la régulation de l'immunité antitumorale. Cependant, la fonction de la DNASE1L3 dans la régulation des réponses immunitaires anti-tumorales suite à des traitements cytotoxiques reste inconnue. L'accumulation d'ADN circulant chez les patients cancéreux s'accompagne d'une activité DNASE plasmatique réduite, ce qui indique que les tumeurs limitent l'expression et/ou la fonction des DNASEs extracellulaires. Une expression réduite de la DNASE1L3 a également été rapportée dans de nombreux types de cancer et il a été démontré qu'elle était associée à une faible survie chez les patientes atteintes d'un cancer du sein. Les données préliminaires de l'équipe utilisant des modèles murins de tumeurs mammaires suggèrent que la DNASE1L3 est nécessaire pour une efficacité optimale de traitements cytotoxiques tels que les chimiothérapies. Si ces données suggèrent clairement un rôle des DNASEs extracellulaires dans le cancer, leur fonction dans ce contexte pathologique reste inconnue. Il reste notamment à déterminer si les DNASEs peuvent moduler les propriétés immunogènes de l'ADN tumoral impliquées dans l'activation des cellules dendritiques et de leur capacité à initier des réponses immunitaires adaptatives, notamment suite à des traitements cytotoxiques. Le projet de thèse vise à caractériser les mécanismes d'action de la DNASE1L3 dans la régulation de l'immunité anti-tumorale induite par les traitements cytotoxiques. Notre premier objectif sera de déterminer l'impact des DNASEs sur l'immunogénicité de la mort cellulaire induite par les traitements. Pour cela, nous utiliserons des lignées cellulaires de cancer du sein humain traitées par irradiation ou par des chimiothérapies connues pour induire une mort cellulaire immunogène, en présence de DNASEs recombinantes. La capacité de ces cellules tumorales mourantes à activer des cellules dendritiques humaines sera ensuite évaluée. Pour déterminer l'importance de la DNASE1L3 intrinsèquement produite par les cellules dendritiques dans ces processus, nous générerons des cellules dendritiques humaines déficientes en DNASE1L3 en utilisant la technologie CRISPR Cas9. Ensuite, nous décrypterons les mécanismes impliqués dans l'activation des DC suite à la reconnaissance de l'ADN libéré par les cellules tumorales mourantes et digéré par les DNASE extracellulaires. Les processus impliqués dans la régulation de l'expression, de la production et de l'activité des DNASE1L3 étant inconnus, notre deuxième objectif sera d'explorer ces mécanismes. Enfin, notre troisième objectif sera d'évaluer l'activité de la DNASE1L3 dans le plasma des patientes atteintes d'un cancer du sein et l'expression de la DNASE1L3 dans des coupes de tumeurs mammaires et d'évaluer si ces paramètres peuvent être prédictifs des réponses aux traitements en utilisant une cohorte de patientes disponibles grâce à une collaboration avec les cliniciens.