Les accords cadres de partenariat stratégique de l'Union européenne : l'exemple du Japon
Auteur / Autrice : | Wendinso Zoungrana |
Direction : | Pierre-Yves Monjal |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit Public |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la Société : Territoires, Économie et Droit (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Recherche Juridique Interdisciplinaire François-Rabelais (Tours) |
Mots clés
Résumé
Les accords cadre de partenariat stratégique de l'Union européenne (UE) avec les États tiers constituent l'incarnation parfaite de la complexité et de la technicité juridique tant matérielle que formelle du droit des relations extérieures de l'Union européenne. Ces accords, dits mixtes, sont conclus entre l'UE et des acteurs clé, puissances émergées ou émergentes majeures de la scène internationale notamment les États-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde mais aussi les partenaires pivots que sont le Canada, la Corée du Sud, le Japon. L'accord cadre de partenariat stratégique de l'UE avec ce dernier État, le Japon, constitue le sujet d'étude du présent projet. Puissance économique de taille, acteur à la politique internationale et à la position géographique constitutives d'enjeux géostratégiques, le Japon entretient avec l'UE, au-delà du partenariat économique, une relation politique depuis 1991. La conclusion de cet accord en 2018 se veut être la concrétisation d'une nouvelle ère de coopération accrue et de leadership mondial entre deux grandes puissances stratégiques. L'appréhension de cet accord, nous mène à la croisée du droit international classique, du droit de l'UE dans son aspect institutionnel et matériel, mais aussi du droit national interne des États membres. Dans le fond, il implique des domaines majeurs de tout ordre juridique : national, régional (UE, Indopacifique, ASEAN) et international car portant sur une coopération politique impliquant des enjeux de taille au niveau bilatéral, régional et mondial. Il en va ainsi de la question des droits de l'Homme, des libertés fondamentales, de la démocratie, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, l'environnement, le climat, la lutte contre le terrorisme, le cyberespace, l'énergie, les migrations, les données personnelles, des crimes graves de portée internationale, la Cour pénale internationale, la réforme du système des Nations Unies Les travaux des spécialistes de la question du droit des accords internationaux de l'UE révèlent tous la complexité et technicité de ces accords, ceux de Catherine Flaesch Mougin, Cécile Rapoport, Christine Kaddous, Isabelle bosse Platière, Eleftheria Neframi en sont illustratifs. Toutefois ils se bornent au constat de cette technicité, à la question de « l'exportation normative » de l'Union dans ses accords, (de libre échange et stratégiques) notamment sur la politique de conditionnalité concernant les clauses essentielles en matière de droits de l'Homme. Ils ne portent pas spécifiquement sur des accords de partenariat stratégiques. Certains travaux portant sur ces derniers sont superficiels et abordés sous le prisme des relations internationales et de la géopolitique. D'où l'opportunité d'une approche essentiellement juridique et substantielle sur les domaines de coopération suscités dans ces accords stratégiques constituant la liste des problèmes non résolus en matière de politique et de sécurité internationale. A l'exploration de l'accord UE-Japon, nous voudrions nous exercer par une approche pointilleuse en trois temps ; pour chaque domaine de coopération dans l'accord, nous partirons d'une analyse de la politique interne de l'UE à travers ses actions et instruments normatifs, ceux du Japon, et la convergence ou non des deux en lien avec les termes de l'accord sur l'enjeu des domaines de coopération en question. L'étude d'un tel sujet prend tout son sens quant aux enjeux actuels dans un multilatéralisme incertain dans le contexte géopolitique actuel. Il en est ainsi, entre autres, de la guerre en Ukraine qui en dit long sur la diplomatie de l'UE sur la scène internationale, sur la question des crimes internationaux avec le récent mandat d'arrêt émis par la CPI contre le ressortissant d'un pays n'ayant pas ratifié le statut de Rome dont la Russie, sur la sécurité énergétique, les tirs de missile de la Corée du nord, ou encore du terrorisme dans certains pays africains... Quelle est la portée de cet accord stratégique UE-Japon depuis son entrée en vigueur ? Quelle est la place du droit et l'effectivité de la norme dans ces engagements ambitieux certes mais dans un contexte de soft law ? La singularité et le poids de l'UE sur la scène internationale influe-t-elle sur l'applicabilité par l'UE et le Japon de cet accord ? Comparativement aux autres accords stratégiques conclus par l'UE à celui du Japon, l'UE entretient-elle un double langage ou fait-elle une politique du deux poids deux mesures comme d'aucun l'accuse ? L'accord de partenariat stratégique n'est-il que symbolique, fait de convergences ou de lacunes quant aux enjeux, et de paradoxes quant aux partenaires? L'approche dans cette analyse se veut essentiellement juridique, analytique, quelque peu comparative, et critique sur la base du droit positif. A l'issue de cette réflexion, il pourra en découler entre autres que : L'accord stratégique UE-Japon depuis sa conclusion est une réponse adéquate aux attentes escomptées et enjeux en cause en tant qu'un cadre juridique contraignant effectif. Soit qu'il reste un cadre juridique ayant permis la réalisation d'une convergence normative des partenaires sur certains aspects seulement de la coopération. Si ces derniers sont uniquement ceux n'impliquant pas d'enjeux de souveraineté du Japon, de l'UE ou des États membres, il ne sera à ce stade, qu'un accord de coopération bilatérale du même rang que les autres. L'un dans l'autre, cet accord continuera son cours et l'analyse de ce sujet de thèse aura révélé les enjeux juridiques thématiques découlant des accords cadre de partenariat stratégique de l'UE.