La notation en droit privé
Auteur / Autrice : | Meryll Dall'acqua |
Direction : | Lucie Watrin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Innovation et Droit |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) |
Résumé
Chiffres, lettres, étoiles... autrefois réservées aux écoliers, les notes, sous toutes leurs formes, ont comme envahi notre société et s'appliquent désormais, pêle-mêle, aux produits (financiers, alimentaires, culturels) comme aux personnes (morales mais également physiques : travailleurs des plateformes, restaurateurs, professionnels libéraux, voire demain, à l'ensemble des citoyens, à l'image de la « note sociale » expérimentée en Chine). Elles permettent à chacun de faire connaitre, en quelques secondes, sa satisfaction ou son mécontentement. Elles constituent également une aide à la prise de décision, l'investisseur, le consommateur, le patient ou le justiciable pouvant, en un coup d'il, se faire un avis et réaliser des comparaisons. Grâce à la note, l'information fait l'objet d'une simplification extrême : le quantitatif est substitué au qualitatif. Cette simplification présente cependant un inconvénient : la disparition de la nuance. La qualité nutritionnelle d'un aliment, l'impact écologique d'un produit, les résultats extra-financiers d'une société : autant d'informations complexes désormais réductibles à un symbole. Si certains travaux juridiques ont déjà appréhendé la note, c'est uniquement de façon sectorielle, par exemple concernant les marchés financiers. Pourtant, la notation suscite un grand nombre de questions : quid d'une erreur dans la notation ? D'une manipulation de celle-ci ? Peut-on, en tant que professionnel, refuser d'être noté ? Existe-t-il, dans tout secteur, une liberté de la notation ? Les critères doivent-ils être fiables ? Ou transparents ? Comment sanctionner une notation discriminatoire ? Quel rôle doivent jouer les plateformes qui reçoivent les notes ? Faut-il vérifier les notes ? Est-ce que tout doit être noté ? L'actualité montre que ces questionnements ne sont pas des cas d'école. Il apparait en conséquence que le cadre juridique global applicable à la notation mérite d'être exploré. Cela est d'autant plus nécessaire que si les notes aident à la prise de décision humaine, elles ont également vocation à nourrir des algorithmes, alimentés par des données et ainsi, à servir de fondement à des quantités massives de décisions prises par des intelligences artificielles, démultipliant ainsi leur impact. La recherche impliquera de s'intéresser aux réponses d'ores et déjà apportées à quelques-unes des questions soulevées par les notes. C'est ainsi que des dispositions ont été adoptées, dans certains secteurs sensibles, afin d'éviter la prolifération de notes susceptibles de tromper le public ou de créer une confusion dans son esprit. Enfin, la notation n'est pas un phénomène propre à la France. Bien souvent, les acteurs qui organisent la notation exercent leur activité à l'échelle mondiale. Pour cette raison, sans avoir l'ambition de réaliser une thèse de droit comparé, il conviendra d'étudier les réponses apportées par d'autres systèmes juridiques, lesquelles pourront, bien entendu, constituer une inspiration pour l'évolution de notre propre. Nourri par l'ensemble de ces éléments, le travail de thèse consistera à construire un cadre global applicable à la notation, en s'appuyant sur les solutions existantes et en les généralisant lorsque cela est pertinent mais aussi, le cas échéant, en innovant.