Thèse en cours

L'inopposabilité en droit des obligations

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Auteur / Autrice : Bilal Fourdaous
Direction : Laura Sautonie-laguionie
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé et sciences criminelles
Date : Inscription en doctorat le 05/09/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de droit (Talence, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : INSTITUT DE RECHERCHE EN DROIT DES AFFAIRES ET DU PATRIMOINE

Mots clés

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Résumé

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Orpheline de toute définition légale, l'inopposabilité se définit habituellement par la doctrine comme la sanction privant un acte de ses effets à l'égard des tiers, et ce malgré le fait que l'acte reste valide entre les parties. Puisque l'inopposabilité a pour objet la protection des tiers, son domaine de prédilection est sans aucun doute la sanction du défaut de publicité d'un acte. En effet, la publicité étant un instrument d'information et de protection des tiers, elle est en principe sans incidence directe sur les rapports entre les parties. Il est en conséquence logique de sanctionner son omission non pas par une nullité, mais par l'inopposabilité de l'acte. Néanmoins, l'inopposabilité est loin de se limiter à la publicité : elle est aussi la sanction de la fraude paulienne, de la simulation, de la représentation en défaut de pouvoir ou bien encore de l'acte de disposition de la chose d'autrui à l'égard du propriétaire. De manière plus originale, l'inopposabilité est aussi parfois invoquée non plus à l'égard d'un tiers, mais à l'égard d'une partie contractante. Par exemple, les conditions générales d'un contrat sont inopposables au cocontractant s'il ne les a pas acceptées. De la même manière, il est courant de parler « d'inopposabilité des exceptions » pour renvoyer au cas où une exception tirée d'un autre rapport juridique ne peut être invoquée à l'égard du créancier. Au fil des exemples, l'on voit donc que l'inopposabilité recouvre des hypothèses tout à fait hétérogènes, qui s'éloignent même parfois de la définition que nous avions initialement retenue. Or, une remise en ordre s'avère complexe puisque le Code civil ne donne aucune définition de la notion, n'en précise pas la portée et, en conséquence, laisse un certain nombre de questions sans réponse en matière de régime juridique. Qu'en est-il par exemple des règles en matière de prescription ? Est-il possible de confirmer une inopposabilité ? Faut-il régler l'ensemble des cas d'inopposabilité de manière unique et ce malgré leur apparente hétérogénéité ? Etc… Toute l'ambition du travail serait alors de tenter de répondre à ces diverses questions en faisant émerger une notion d'inopposabilité. L'une des principales difficultés sera notamment de déterminer si l'inopposabilité constitue une notion autonome par rapport aux autres sanctions, en particulier la nullité. En effet, certains auteurs ont vu entre inopposabilité et nullité non pas une différence de nature, mais une différence de degré, les deux sanctions aboutissant à un anéantissement des effets de l'acte. Il sera également loisible de déterminer s'il est possible de dégager une notion unique d'inopposabilité, ou bien si les cas d'inopposabilité sont si différents qu'il est vain de de rechercher l'unicité. On perçoit en effet que l'inopposabilité peut porter sur différents objets (effets directs ou indirects de l'acte), de la même manière qu'elle peut remplir différentes fonctions (elle est parfois une sanction comme en matière de fraude paulienne, mais elle s'en éloigne également comme en matière d'inopposabilité des exceptions). La réponse à ces questions devrait alors permettre, une fois la notion d'inopposabilité éclairée, d'en déduire un régime juridique apte à répondre aux points d'ombre du droit positif. Le questionnement sur l'autonomie de l'inopposabilité devrait ainsi permettre de savoir si un renvoi aux règles de l'action en nullité est ou non pertinent, notamment en matière de confirmation et de prescription. De la même manière, le travail sur la notion d'inopposabilité devrait également contribuer à répondre à la question de savoir s'il faut un régime unique à l'ensemble des cas d'inopposabilités ou si des particularités s'imposent. La démarche se veut donc déductive, en partant de la notion pour en déduire un régime.