Thèse en cours

Genre et incapacité corporelle à l'époque moderne, l'exemple de la Touraine aux XVII-XVIIIe siècles

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Auteur / Autrice : Marie Bultez
Direction : Ulrike Krampl
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 04/09/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre tourangeau d'histoire et d'étude des sources (Tours, Indre-et-Loire)

Mots clés

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Résumé

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La construction du concept de handicap et son utilisation à grande échelle débutent en France à partir du XXe siècle, et portent sur la notion de désavantage. Pourtant, le handicap est un invariant de l'espèce humaine, et le manque d'un terme générique ne signifie pas l'absence d'individus considérés comme handicapés. La société française de la période moderne, société d'ordres, est fortement hiérarchisée, chacun doit remplir le rôle et les devoirs qui lui sont attribués par sa naissance, par son milieu socio-professionnel et, de plus en plus, par son sexe. C'est la capacité d'un individu à tenir son statut ainsi défini qui l'intègre à la communauté, et au contraire, c'est son incapacité qui peut l'en exclure. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les réflexions sur le corps et sa condition évoluent grâce à l'expertise des médecins et chirurgiens. Les savants, dans leurs discours, cherchent à trouver des causes naturelles à la différence de conformation, et non plus seulement des causes religieuses, dans le cadre de l'émergence de sciences nouvelles pour organiser leur réflexion. Malgré le développement de pratiques plus individuelles du corps, celui de l'autre, considéré comme hors norme, est un objet de fascination, et permet de se conforter dans sa propre normalité. La division entre capables et incapables est encouragée par les pouvoirs publics dès le XVIIe siècle à travers un mouvement d'enfermement des pauvres et de criminalisation de la mendicité, qui donne notamment lieu à la création d'établissements spécialisés permettant de séparer les individus de leur communauté pour les traiter, et ensuite les remettre au travail. L'originalité de ce projet de recherche réside dans une mise perspective sous trois angles : l'incapacité sera d'abord envisagée à travers le prisme du genre, champ qui n'existe pas en France et qui n'est qu'à ses débuts dans la recherche internationale ; par ailleurs, une approche par les pratiques du quotidien sera privilégiée par rapport au discours des médecins et savants, dont il importera toutefois de tenir compte ; enfin, l'étude délaisse les grands centres urbains comme la capitale pour se tourner vers un centre provincial. Dans un souci de transversalité, il faudra ainsi mobiliser l'histoire du corps et du genre, mais aussi celle du quotidien ou de l'ordinaire. Il faudra également réexaminer l'histoire de l'assistance, de la vieillesse, de la pauvreté et du travail sous l'angle de l'incapacité.