Modes quasi-normaux des trous noirs
Auteur / Autrice : | Valentin Arrigoni |
Direction : | Nabile Boussaid, Thierry DAUDé |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Mathématiques |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Besançon, Université Marie et Louis Pasteur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Carnot-Pasteur |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Mathématiques de Besançon |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le projet de thèse vise à étudier les modes quasi-normaux (QNM) des trous noirs, qui jouent un rôle clé dans la recherche contemporaine en physique et physique mathématique. Les QNM sont les signatures des trous noirs ''nouvellement'' formés. Ils correspondent aux fréquences et aux taux d'amortissement des signaux émis par le trou noir en présence de perturbations, et leurs fréquences codent des propriétés physiques et géométriques fondamentales du trou noir (et de son environnement). Le projet de recherche de cette thèse se concentre sur l'étude de trois problèmes liés aux QNM : (Problème de stabilité) La question de la stabilité des QNM sous de petites perturbations est cruciale mais subtile. En utilisant, par exemple, l'approche de la foliation hyperbolique (Jaramillo, Macedo et Sheikh), les QNM peuvent également être considérés comme des valeurs propres d'opérateurs de type Schrödinger non auto-adjoints, comme proposé par Häfner, Hintz et Vasy ou Gajic et Warnick. Cela suggère une forme très faible de stabilité pour les QNM, un phénomène qui a récemment été observé par Jaramillo et al. dans des simulations numériques en utilisant la notion de pseudo-spectre. Jaramillo et al. montrent la stabilité des QNM avec une décroissance la plus lente sous certaines perturbations, tandis que l'instabilité augmente avec l'amortissement. D'un point de vue mathématique, les QNM sont des résonances d'opérateurs de type Schrödinger dont les potentiels dépendent de la géométrie des trous noirs. Le projet de recherche de cette thèse consistera à caractériser les QNM en tant que valeurs propres d'opérateurs de Schrödinger non auto-adjoints et à analyser leur stabilité spectrale sous perturbations. La méthodologie consistera tout d'abord à considérer des perturbations d'un modèle jouet fourni par l'équation des ondes avec un potentiel de Pöschel-Teller. L'intérêt ici est que grâce au changement de variable de la foliation hyperbolique mentionnée ci-dessus, le potentiel devient constant. La deuxième étape consistera à considérer le modèle de Schwarzschild physiquement plus pertinent et à récupérer théoriquement les observations de Jaramillo et al. (Problème inverse) Une autre question fondamentale est celle du problème inverse pour les résonances, c'est-à-dire la détermination unique et stable de la géométrie du trou noir à partir de ses QNM. De tels problèmes inverses ont été complètement résolus dans le cas de l'équation de Schrödinger à une dimension avec des potentiels à support compact. Cette hypothèse n'est évidemment pas satisfaite pour les potentiels provenant de la physique des trous noirs. Le projet de recherche consistera ici à étudier plusieurs problèmes inverses de résonances (unicité, stabilité et formules de reconstruction) pour les équations de type Schrödinger qui apparaissent dans la définition des QNM et à généraliser les résultats connus (voir Borthwick, Boussaïd et Daudé pour le cadre des potentiels à support compact) à ce nouveau contexte. Dans ce contexte, les QNM en tant que résonances sont des pôles de la fonction de Weyl-Titchmarsh (qui est méromorphe). Sous certaines conditions, les pôles déterminent complètement cette fonction. Étant donné que la fonction de Weyl-Titchmarsh détermine de manière unique le potentiel et donc la géométrie, les conditions suffisantes pour cette procédure sont dans certains cas stables par perturbation compacte. Il s'agira alors de tester cette idée sur un modèle explicite tel que celui des potentiels de Pöschel-Teller. (Problème d'approximation) Les QNM les plus bas encodent des propriétés importantes du trou noir telles que sa masse et son moment angulaire. Fournir une méthode numérique certifiée pour calculer le premier QNM a un intérêt physique certain (validation des modèles). Ces modes les plus bas devraient être stables sous les perturbations de la géométrie du trou noir, ce qui rend une approche numérique apparemment accessible. Pour les modes plus élevés, comprendre et quantifier l'instabilité contribuera également à améliorer leur approximation. Le projet de recherche de cette thèse consistera à analyser et à mettre en uvre des méthodes numériques certifiées pour calculer les QNM les plus bas et à étudier les instabilités numériques des QNM plus élevés. La méthodologie proposée se déroulera en deux temps. Premièrement, en interprétant les QNM comme des valeurs propres localisées, l'adaptation de méthodes sans états ''spurieux'' conduira probablement à une approximation certifiée et précise des premiers états. Le coût de calcul peut être élevé en raison des oscillations et des décroissances lentes des états correspondants. Une partie importante de l'analyse sera consacrée au choix des bases et des paramètres appropriés. Deuxièmement, le doctorant réexaminera l'approche des pôles de la résolvante comme suggéré par Duchemin, Genovese, Letournel, Levitt et Ruget. L'idée est de réécrire le noyau de la résolvante par une analyse de Fourier comme l'intégrale d'une fonction méromorphe. Après une déformation de contour, le chemin d'intégration peut éviter les pôles et permettre la continuation analytique de la résolvante. Dans une telle approche, les objets en jeu sont des intégrales de fonctions localisées et bien définies. Ils peuvent donc être discrétisés dans une approche numérique. Cette tâche sera réalisée en collaboration avec Mi-Song Dupuy et Antoine Levitt. En étudiant ces modèles explicites, nous pouvons acquérir des connaissances sur les propriétés spectrales des opérateurs de type Schrödinger qui apparaissent dans la définition des QNM et leur relation avec la géométrie des trous noirs. Les résultats obtenus dans ce projet de recherche auront des implications que nous espérons importantes pour notre compréhension de la physique des trous noirs et de l'univers en général, ainsi que pour le développement de nouvelles technologies basées sur les ondes gravitationnelles et la détection des trous noirs.