Thèse en cours

Procédés oxydants pour la valorisation des fibres recyclées

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Auteur / Autrice : Amélie Lefevre
Direction : Nathalie Marlin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : MEP - Mécanique des fluides Energétique, Procédés
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ingénierie - matériaux mécanique énergétique environnement procédés production
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Génie des Procédés pour la Bioraffinerie, les Matériaux Bio-sourcés et l'Impression Fonctionnelle
Equipe de recherche : BioChip - Bioraffinerie : chimie et éco-procédés

Mots clés

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Résumé

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Le sujet de thèse s'inscrit dans un projet d'envergure porté par le CNRS, le PEPR recyclage, recyclabilité et réutilisation des matières, axe papier carton. Ce projet vise à développer de nouvelles stratégies de recyclage des papiers et cartons pour répondre aux défis écologiques, économiques et technologiques liés à la transition vers une économie circulaire compétitive et respectueuse de l'environnement. Le recyclage du papier et du carton a beaucoup progressé au cours des dernières décennies. Cependant, à ce jour, la voie classique pour séparer et recycler ces matériaux permet d'atteindre seulement 93% de récupération des fibres. Le reste (7%) se trouve sous forme de rejets solides et liquides qui ne sont pas valorisés. Les rejets solides sont enfouis, ce qui représente un coût pour la papeterie et un enjeu clé en termes d'impact environnemental alors que les effluents liquides sont traités dans des stations d'épuration afin de réutiliser l'eau de procédé en boucle. Encore une fois, ce rejet est un problème en termes de coût économique et d'impact environnemental. Le projet PAC3R, « PACkaging, Recycling, Recyclability, Re-use of papers and cardboards » (PAC3R), d'une durée de quatre ans, travaillera sur les emballages cellulosiques bruns. Il vise (1) à développer de nouveaux procédés durables pour améliorer les propriétés des fibres recyclées (upcycling), (2) valoriser les déchets solides et liquides issus du procédé de recyclage conventionnel, (3) développer de nouveaux procédés de recyclage et valoriser tous les matériaux séparés issus des emballages composites, difficiles à recycler, (4) et fournir une analyse environnementale et sociétale globale des procédé visés. Le présent sujet de thèse concerne la tâche 1 du projet PAC3R, à savoir l'upcycling de la fraction fibreuse pour améliorer la fabrication du carton. Aujourd'hui, les fibres recyclées sont réintroduites dans la formulation du papier sans aucune modification, mais elles sont mélangées à des additifs (amidon notamment) pour restaurer ou maintenir les propriétés de résistance des fibres. La thèse permettra de répondre à deux problématiques observées lors du recyclage : - l'augmentation de la demande en fibres cellulosiques de récupération qui a pour conséquence l'utilisation de papiers-cartons récupérés de moindre qualité, et - l'intensification des procédés de recyclage qui conduit à la réduction de la longueur des fibres, à la déformation et apparition de points faibles sur les fibres, et au phénomène d'hornification. Ainsi, il est proposé de traiter chimiquement les fibres recyclées pour accroitre le potentiel de liaison des fibres, afin de donner plus de valeur ajoutée aux fibres recyclées et réduire les additifs dans la formulation du papier recyclé. Quatre stratégies seront investiguées, sur deux matières premières différentes : 1. Une matière modèle = matière simulant la fraction fibreuse des cartons (pâte kraft écrue), en l'absence de contaminant, afin de comprendre les mécanismes réactionnels, 2. Une matière industrielle = un papier pour ondulé industriel contenant des fibres cellulosiques recyclées et des contaminants susceptibles de réagir avec les réactifs chimiques mis en œuvre. La première stratégie consiste à introduire des groupements carboxyle (COOH) sur la lignine des fibres (les fibres cellulosiques contenues dans les cartons étant très lignifiées) par traitement chimique oxydant en phase aqueuse. Les groupements carboxyle devraient augmenter le potentiel de liaison entre les fibres (phénomène déjà observé dans une thèse précédente sur l'ozonation de pâte mécanique, riche en lignine). Un oxydant de choix est l'ozone. Il est connu pour créer des dérivés de l'acide muconique sur la lignine, avec un effet plus limité sur la cellulose et les hémicelluloses. Différents traitements par l'ozone seront conduits en conditions variables (% O3, concentration fibreuse, pH, T°C, un ou plusieurs stades). L'effet du traitement sera évalué par les analyses suivantes : - % lignine, cellulose, hémicelluloses, taux de COOH sur les fibres, degré de polymérisation et distribution des masses molaires de la cellulose, COOH sur les hydrates de carbone après extraction de la lignine, COOH sur la lignine après extraction par voie enzymatique - Morphologies des fibres - Principales caractéristiques mécaniques des fibres (densité, rigidité, RCT notamment) - Rendement fibreux Un des principaux verrous sera de limiter l'impact du traitement sur les hydrates de carbone, i.e. c'est-à-dire limiter la dépolymérisation de la cellulose et la perte de matière par solubilisation dans la phase aqueuse. La deuxième stratégie consiste à introduire les groupements carboxyle (COOH) sur la fraction des polysaccharides par traitement chimique oxydant en phase aqueuse. Les polysaccharides étant majoritaires dans la composition fibreuses, peut-on rendre les fibres plus hydrophiles par greffage de COOH sur les hydrates de carbone? Là aussi nous appliquerons l'ozone en veillant à ne pas délignifier la matière, ce qui reste le verrou majeur. Une autre stratégie, secondaire, pourrait être de greffer sur la cellulose de la carboxyméthyl cellulose (CMC) obtenue par réaction avec ClCH2COOH. Les fibres seront alors porteuses de charges négatives qui pourront affecter les liaisons inter fibres. Pour étudier l'introduction de COOH sur la fraction des polysaccharides, les mêmes analyses que celle citées plus hauts seront réalisées. La troisième stratégie vise à renforcer la structure fibreuse par création de liaisons covalentes au moment du séchage du matériau. L'idée est de créer des liaisons hémiacétal (réaction d'un aldéhyde et d'un alcool ou un composé chimique contenant ce groupe fonctionnel) entre les fibres par introduction d'aldéhydes sur la fraction des polysaccharides. Lors du séchage de la feuille de fibres cellulosiques, des liaisons supplémentaire de réticulation devraient s'établir. L'effet attendu est la densification et l'amélioration de la résistance du matériau final. Dans cette stratégie, nous étudierons l'oxydation au periodate (introduction de groupements carbonyle, CHO) sur la cellulose. Le principal verrou sera de limiter l'action de cet oxydant sur la lignine. Une stratégie secondaire pourra être l'ajout d'additifs biosourcés contenant des CHO (hémicelluloses traitées au periodate) qui se greffent à la cellulose. Là encore, la présence de lignine pourra être un frein. Pour étudier cette stratégie, les mêmes analyses que celle citées plus hauts seront réalisées. Enfin, la troisième stratégie consiste à modifier chimiquement les fibres recyclées sèches en phase gaz. L'idée est de réaliser un greffage de molécules en surface du matériau, en phase gazeuse cette fois-ci, avec des molécules renforçant la solidité des liaisons inter fibres et la solidité de la fibre elle-même, cela fin de restructurer le matériau recyclé. Les analyses se concentreront sur l'analyse du greffage de surface et sur les propriétés de résistance du matériau traité. Ces différentes investigations seront accompagnées tout au long de la thèse par une veille de la bibliographie sur le sujet et par la diffusion des résultats scientifiques via la participation à des conférences et la rédaction de publications. La thèse sera menée en étroite collaboration avec les autres thèses menées dans le cadre du PEPR recyclage, recyclabilité et réutilisation des matières, axe papier-carton. Certaines données de la thèse alimenteront notamment une analyse environnementale et sociétale globale des procédé développés, réalisée par l'école des Mines de St Etienne.