Thèse en cours

Corrélats neuraux de la métaperception multisensorielle

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Auteur / Autrice : Perrine Porte
Direction : Nathan Faivre
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : PCN - Sciences cognitives, psychologie et neurocognition
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie et Neuro Cognition
Equipe de recherche : Vision & Emotion (VisEmo)

Mots clés

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Résumé

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La métacognition reflète la capacité d'évaluer et de contrôler ses propres états mentaux, et de former des jugements de confiance précis sur ce que l'on sait ou ce que l'on perçoit. Ces dernières années ont vu apparaître des outils théoriques et statistiques sophistiqués permettant de mieux comprendre comment émerge le sentiment de confiance suite à une décision, que celle-ci concerne une tâche mnésique ou perceptuelle (Mazancieux et al., in press). On sait ainsi comment l'on gagne en confiance après une décision correcte, et comment l'on est capable de détecter nos propres erreurs. La grande majorité des études ayant caractérisé les jugements de confiance sont basées sur des tâches simples, impliquant la présentation d'un stimulus visuel à propos duquel des participant.e.s doivent faire un choix forcé entre deux alternatives. Par exemple, un nuage de points est présenté et les participant.e.s doivent rapporter si ces points bougent vers la droite ou la gauche (Rahnev et al., 2020). Bien qu'adéquates pour définir les bases cognitives donnant lieu au sentiment de confiance, ces tâches simplifiées à l'extrême demeurent éloignées des décisions que l'on est amené à prendre en condition écologique. Notamment, la grande majorité des études en méta-perception et en méta-mémoire se concentrent sur la modalité visuelle, même si l'on sait que nos percepts et nos souvenirs sont éminemment multisensoriels (Faivre et al., 2017). Quelques études récentes ont commencé à caractériser les liens entre l'intégration multisensorielle et la métacognition, notamment en comparant les performances métacognitives à travers les sens (Faivre et al., 2018), dans des conditions unimodales et bimodales (Arbuzova et al., 2020 ; Charles et al., 2020), et en évaluant notre capacité à former des jugements de confiance sur des illusions audiovisuelles de type McGurk (Kimmet et al., 2023 ; Meijer et al., 2023). Il semble émerger de cette littérature que la confiance obéit à des règle supramodales, impliquant des processus Bayesiens d'intégration (Deroy & Noppeney, 2016). La littérature fait cependant l'impasse sur un aspect critique de la décision qui est notre capacité à former des jugements de confiance précis concernant la présence ou l'absence d'un percept ou d'un souvenir (Mazor & Fleming, 2020). Ainsi, nous ne connaissons pas à ce jour les règles qui gouvernent les processus misen place pour évaluer la probabilité qu'un objet mental multisensoriel soit présent dans l'environnement sensoriel (e.g., un moustique dans une pièce) ou dans notre mémoire (e.g., le souvenir d'un concert). S'il apparaît évident qu'un tel jugement de confiance puisse se baser sur plusieurs canaux sensoriels simultanément (e.g l'image et le son que le moustique émet ; la vue de la scène et de la musique jouée), les règles précisent mises en jeu et notamment leur accord avec le cadre de l'inférence Bayesienne restent à ce jour inconnues. Une meilleure caractérisation de ces règles permettra de mieux comprendre comment des agents évaluent leur confiance dans des situations à haute valeur écologique. Par ailleurs, récolter la confiance en la détection d'objets mentaux multisensoriels permettra de mieux caractériser différents types de faux percepts (avoir l'impression d'entendre un moustique si j'en vois un) ou de faux souvenirs (entendre la voix d'un proche si je me remémore son visage). La thèse consistera à développer un paradigme expérimental dans lequel des volontaires sains devront détecter la présence de stimuli audiovisuels dont chaque modalité est présentée au seuil de détection, puis rapporter la confiance avec laquelle ils/elles pensent avoir détecté chaque modalité correctement. Ce paradigme impliquera de développer de nouvelles échelles de confiance bi-dimensionnelles (une dimension pour chaque modalité sensorielle). Une version ultérieure de la tâche sera développée en condition mnésique, de sorte à ce que les participants encodent dans un premier temps une liste de stimuli bimodaux, puis rapportent dans un second temps la confiance avec laquelle ils/elles pensent pouvoir rappeler correctement chaque dimension encodée (Tatz et al., 2021 ; Duarte et al., 2022). Dans les deux cas, les jugements de détection et de confiance seront analysés via des modèles généralisés linéaires mixtes. Des mesures stéréo-électroencéphalographiques seront ajoutées dans un deuxième temps via une collaboration avec l'unité d'exploration de l'épilepsie au CHU de Grenoble pour évaluer les corrélats corticaux de la confiance multisensorielle. Nous évaluerons ainsi l'existence de corrélats neuraux de la détection de percepts et de souvenirs qui généralisent à travers les sens (Sanchez et al., 2020).