Étude des interactions entre hétérogénéités initiales et acquises dans un contexte de localisation des déformations dans les géomatériaux
Auteur / Autrice : | Lou-Anne Marchadour |
Direction : | Pierre Bésuelle |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | MG - Mécanique, génie civil |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ingénierie - matériaux mécanique énergétique environnement procédés production (Grenoble ; 2008-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Sols, Solides, Structures et Risques |
Mots clés
Résumé
Le comportement mécanique des géomatériaux après rupture se caractérise par la naissance d'hétérogénéités cinématiques acquises sous la forme de bandes de cisaillement. S'il est aujourd'hui admis, en particulier via des modélisations numériques de problèmes aux limites, que les hétérogénéités initiales (sous la forme de non-uniformités des propriétés mécaniques) peuvent jouer un rôle majeur sur le mode de localisation de la déformation, l'évaluation quantitative de cette influence présente aujourd'hui des lacunes. Les travaux de recherche projetés ici proposent d'étudier l'intrication entre les hétérogénéités initiales et la réponse localisée d'un matériau naturel. Dans un premier temps, afin de caractériser la non-uniformité de différentes roches, une procédure d'analyse et de modélisation de la variabilité spatiale d'échantillons de laboratoire analysé par microscopie ou par tomographie sera mise en place, basée sur des méthodes géostatistiques. En plus de collecter des informations sur la corrélation spatiale de propriétés microstructurales dans les matériaux ciblés (grès des Vosges, argilite du Callovo-Oxfordian ou argile de Tournemire), nous serons en mesure de reconstruire, par simulation de champ aléatoire et/ou par krigeage, des champs présentant des hétérogénéités sensiblement équivalentes à celles observées sur ces matériaux naturels. Pour le grès des Vosges, l'étude se concentrera sur la porosité. Pour les roches argileuses, notre intérêt se concentrera principalement sur la minéralogie et les caractéristiques géométriques (orientation préférentielle et élongation) des inclusions minérales dispersées dans la matrice argileuse. D'un autre côté, les hétérogénéités acquises via la localisation de la déformation seront également analysées sous le prisme de la géostatistique. Ceci devrait permettre de mettre en évidence des précurseurs de localisation non-conventionnels, basés sur une quantification précise de la perte d'uniformité de la réponse mécanique et sur la corrélation spatiale des fluctuations de la cinématique du milieu. Par ailleurs, à l'aide d'une description géostatistique multivariée, nous proposerons une analyse robuste et quantitative des corrélations entre les hétérogénéités initiales et acquises. En terme de simulations mécaniques, les hétérogénéités décrites par une procédure de krigeage seront introduites via les paramètres de lois constitutives pour traiter des problèmes aux limites. Dans un premier temps, pour le grès des Vosges, l'hétérogénéité de l'espace poral sera prise en compte par une loi phénoménologique de type poro-élasto-plastique. Pour les roches argileuses, l'hétérogénéité microstructurale sera, quant à elle, prise en compte explicitement dans le cadre d'un modèle double échelle selon un schéma d'homogénéisation numérique (type FE2), et ce à chacune des deux échelles. Ceci permettra de modéliser l'initiation de la localisation, de reproduire éventuellement le phénomène de localisation diffuse précoce observé expérimentalement et de modéliser la réponse post-localisation du matériau. En isolant les paramètres d'intérêt du modèle de variabilité spatiale (échelles de fluctuation par exemple), une étude paramétrique sera menée et mettra en évidence l'implication de la variabilité spatiale sur le mode de bifurcation ainsi que des éventuelles compétitions entre les échelles de fluctuation et les grandeurs géométriques caractéristiques telles que l'épaisseur et l'orientation des bandes de cisaillement. Ces études seront menées sur les problèmes aux limites avec des conditions initiales en contraintes homogènes (essais de laboratoire) ou hétérogènes avec des zones de concentration de contrainte présentant divers niveaux de symétrie spatiale. La non-unicité des solutions obtenues sera également abordée via un algorithme de recherche de solutions multiples (recherche directionnelle). Finalement, l'étude passera à l'échelle de l'ingénieur, cette fois-ci en simulant la réponse d'un massif au creusement d'une galerie. Des comparaisons entre les résultats de simulations sur massifs homogènes et hétérogènes permettront de quantifier l'apport de la prise en compte des hétérogénéités à l'échelle structurale sur la détermination des faciès de localisation des déformations dans l'Excavation Damage Zone (EDZ). Dans ces études, un intérêt particulier sera également porté sur l'étude des compétitions entre longueurs caractéristiques (milieu à microstructure), échelles de fluctuations et les non-homogénéités du champ de contrainte.