Thèse en cours

Sémiotique des arts plastiques du Burkina Faso :analyse de la sculpture de Ali dit Rassamiso' NIKIEMA, Jean Luc BAMBARA et de Goudou BAMBARA

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Auteur / Autrice : Assanatou Sanfo
Direction : Isabelle Klock-FontanilleToro Justin Ouoro
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage mention Sémiotique
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2020
Etablissement(s) : Limoges en cotutelle avec Université de Ouagadougou
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures, Sciences de l’Homme et de la Société (Limoges ; 2022-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sémiotiques

Mots clés

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Résumé

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Introduction L'art est indissociable de la vie humaine. L'objet de l'œuvre d'art est de traduire les aspirations religieuses, culturelles, psychologiques et esthétiques de l'homme. La diversité et la fonctionnalité des œuvres artistiques favorisent l'innovation et la pérennisation des différentes productions artistiques dans le temps et dans l'espace. L'histoire de l'art nous enseigne que l'art plastique c'est-à-dire la sculpture, le dessin et la peinture furent les premières expériences de l'homme en matière de création artistique depuis l'époque préhistorique. À ses débuts la sculpture était un art sacré, comme en témoignent les pyramides égyptiennes pour la conservation des momies, des effigies des rois et des grandes personnalités. Toutefois cette sacralité des œuvres n'occultait pas leur valeur esthétique. Outre leur caractère sacré les pyramides égyptiennes comportaient une dimension esthétique. C'est pourquoi SIR Ernst GOMBRICH écrit : « Certains de ces portraits primitifs datant de l'époque des pyramides, celle de la quatrième dynastie de l'Ancien Empire sont les plus beaux ouvrages de l'art Egyptien »1. Celle sur granite n'est pas une pratique artistique récente, déjà dans l'Egypte ancienne, pour sa solidité, la roche granitique était utilisée pour la sculpture des effigies dans la construction des pyramides. C'est à ce sujet SIR Ernst GOMBRICH écrit : « Pour les égyptiens, la conservation du corps n'était pas suffisante. Si l'on conservait une effigie du roi, il était doublement certain que son existence se poursuivrait pour l'éternité. Aussi les sculpteurs ciselaient un portrait du roi dans un granit dur et impérissable. On le plaçait dans la tombe, où personne ne le verrait afin qu'il pût y opérer son charme et aider l'âme à rester vivante dans cette image et par cette image »2 Par le passé les œuvres sculpturales se rapportaient aux croyances des groupes sociaux dont elles étaient issues. Les produits de cet art étaient constitués par des objets mystiques qui spécifiaient l'identité du groupe. En raison de leur dimension sacrée, ces œuvres ne pouvaient pas faire l'objet d'interprétation et d'analyse. Lorsque l'art sculptural se désacralisa, cette situation favorisa la liberté de création individuelle, la commercialisation des œuvres ; l'interprétation et la critique des œuvres sculpturales. Du reste, cette évolution de la sculpture -passage du sacré au profane a permis à la sculpture de résister aux différentes révolutions artistiques et d'occuper toujours la deuxième place après l'architecture dans la classification des arts. De nos jours, la sculpture sacrée et celle profane coexistent dans le but de répondre aux besoins de l'homme. Ce document, qui présente notre projet de thèse comprend la justification du choix du sujet, la problématique, les hypothèses de recherches, le cadre théorique et méthodologique de la recherche, les résultats attendus, une bibliographie indicative, et le plan. Au Burkina Faso la sculpture n'est pas une pratique récente. Elle fait partie intégrante de la culture burkinabè. À travers leurs œuvres les plasticiens valorisent différents matériaux tels que la pierre, le bois, le fer etc. Les sculptures ont toujours été l'objet de recherche des historiens burkinabè qui mettent en exergue la reconstruction, le repérage et la description des œuvres. Cependant, la critique artistique reste toujours à un stade élémentaire dans le domaine des arts du Burkina Faso. Eu égard à cela, il est nécessaire de procéder à l'analyse des œuvres sculpturales afin de détecter ce qui se dissimule derrière ces représentations et les stéréotypes culturels qu'elles renferment.Pour ce faire, diverses démarches sémiotiques peuvent se conjuguer. Il y a, d'une part, la sémiotique visuelle dont l'objet est le décryptage et l'analyse du message que transmettent les formes inertes. Ces mêmes formes inertes (les sculptures) peuvent faire l'objet d'étude par l'ethnosémiotique en tant que manifestations de stéréotypes culturels burkinabè. D'autre part, les modélisations, qui relèvent de la sémiotique post-greimassienne, permettent de mettre en relief l'épiphanie et la vision du monde dont les sculptures sont le témoignage. La sémiotique est une discipline carrefour ayant pour objet l'étude de la construction du sens. Ainsi l'objectif de la présente étude est d'analyser les représentations sculpturales du Burkina Faso en se fondant sur la sémiotique. Contexte de la recherche La corrélation entre la religion, le mysticisme et les œuvres plastiques protestait toute critique car les œuvres jouaient un rôle transcendantal entre le créateur et ses créatures ou entre le monde visible (humain) et invisible (ancêtres). Ainsi, les hommes se focalisaient sur l'histoire et le mode d'utilisation de ces objets sacrés pour ne pas désobéir à la divinité et attirer sa colère. La naissance de l'art profane a permis aux artistes de s'exprimer, de communiquer à travers leurs créations. À partir de cet instant les créations artistes sont soumises à différentes analyses afin de déceler ce qui dissimule derrière les œuvres. Au Burkina Faso, les chercheurs se sont surtout intéressés à l'étude de l'histoire des œuvres d'art. Bien que la critique artistique n'ait pas été occultée, celle-ci demeure encore embryonnaire. C'est pour montrer l'intérêt que présente l'analyse approfondie des œuvres sculpturales du Burkina Faso que nous avons choisi de lui consacrer notre recherche doctorale en faisant recours à la sémiotique. Résumé de la recherche sur l'art sculptural au Burkina Faso La sculpture burkinabè a toujours été l'objet d'étude des historiens d'art. Ces études ont consisté à faire l'inventaire des sculptures anciennes ou modernes des différentes ethnies du Burkina Faso. C'est cette perspective que s'inscrit la thèse de doctorat unique en Archéologie et Histoire de l'art de Edwige KABORE/ ZAGRE intitulée « L'Art contemporain burkinabè sur bois et pierre, de 1960 à nos jours : étude des sculptures de Ouagadougou, de Bobo- Dioulasso et du site de Laongo ». Elle s'est intéressée à la description des différentes formes et leurs fonctions des sculptures dans la société. Toutefois cette recherche n'a pas suffisamment approfondi la question du sens en raison de son orientation essentiellement historique. Nous pouvons également citer Ky Jean célestin spécialiste en histoire de l'art qui s'est intéressé spécifiquement la sculpture à travers les articles suivants : « La sculpture burkinabè de la pulsation d'une société à celle d'un individu ». In Les cahiers du Centre d'Etudes et de Recherche en Lettres, Sciences Humaines et Sociales (CERLESHS), Tome XXVI, numéro 38, Février 2011, Université de Ouagadougou, PP. 25-59 ; « A propos des arts plastiques à la Semaine National de la Culture ». In Tydskryf Vir Letterkunde, 44 (1), 2007, Herfs, Autumn, PP.247-260 ; « Art plastique et société : le cas des douze œuvres d'art plastique lauréates de la Semaine Nationale de la Culture (Bobo-Dioulasso 2008) ». In Les Cahiers d'Histoire et Archéologie, N°11, Université Omar Bongo, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Département d'Histoire et Archéologie, PP. 81-101.À travers ces articles, Ky Jean célestin s'est intéressé à l'histoire et aux fonctions des sculptures. ême si les historiens s'intéressent de plus en plus à la signification dans l'analyse des œuvres sculpturales, il demeure que les résultats de leurs réflexions ne s'inscrivent pas le champ de la sémiotique. Dans la perspective de la pluridisciplinarité le recours au théories sémiotique s'analyse devient incontournable dans l'étude de la dimension signifiante. C'est pourquoi Marie Carani écrit : « […] seule la sémiotique visuelle semble apte aujourd'hui à rendre compte du langage spécifique que véhicule l'objet d'art visuel et à en circonscrire les paramètres constitutifs, explicatifs »3. Nous nous fondons sur les théories sémiotiques pour analyser les arts plastiques du Burkina et principalement les sculptures. Questions de recherche Question principale Quelle est la valeur signifiante des productions sculpturales des artistes plasticiens du Burkina Faso ? Questions spécifiques Peut-on élaborer une lecture des œuvres sculpturales burkinabè à partir des théories sémiotiques ? Comment les différents éléments qui composent les œuvres sculpturales s'agencent-ils pour donner sens ? Quelles valeurs et quelles visions du monde les œuvres sculpturales expriment-elle ? Objectifs de recherche Objectif principal Montrer à travers les théories sémiotiques comment se construit le sens des productions sculpturales des artistes plasticiens burkinabés Objectifs spécifiques Faire ressortir les éléments des représentations sculpturales qui contribuent à structurer le sens des œuvres sculpturales Dégager les valeurs et la vision du monde que laissent entrevoir les œuvres sculpturales. Mettre en exergue l'épiphanie qui se dégage des œuvres sculpturales. Hypothèses de recherche Hypothèse principale Les œuvres sculpturales burkinabè signifient à travers les signes iconiques et plastiques qui les composent. Hypothèses spécifiques La sémiotique, en tant que science de l'étude du sens permet de décrypter les significations des œuvres sculpturales des artistes burkinabè. Les œuvres sculpturales sont faites de signes qui en structurent le sens. En plus de leur dimension esthétique, les créations sculpturales des artistes burkinabè véhiculent des valeurs et une certaine vision du monde. Cadre théorique et méthodologique Cadre théorique Le cadre théorique général dans lequel s'inscrit notre recherche est celui de la sémiotique en tant que science de l'étude du sens et des systèmes de signification. De façon spécifique nous nous inspirerons théoriciens de la sémiotique visuelle tels : Groupe Mµ et Jean-Marie FLOCH qui ont jeté les bases de la sémiotique à partir des travaux de GREIMAS (Algirdas Julien) et de Hjelmslev pour l'analyse des éléments constitutifs des sculptures du corpus à partir des éléments du plan de d'expression et du contenuJacques FONTANILLE, pour l'analyse de la dimension anthropologique de ouvres à travers la sémiotiqueKRYSINSKY (Wladimir) pour étudier les différentes modélisations que les œuvres sculpturales burkinabè mettent en valeurs. En outre, nous nous intéresserons aux travaux d'autres théoriciens tels que : Jean-François BORDON, Roland Barthes, Christian BAYLON, Xavier MIGNOT, JOLY Martine … Méthodologie En partant des orientations théoriques de la sémiotique visuelle et de l'anthroposémiotique énoncées précédemment, la méthodologie consistera à étudier le corpus choisi. Elle permettra de montrer la manière dont le sens se construit à travers les sculptures ; les valeurs et la vision du monde qui se dégagent des œuvres sculpturales. Au-delà de cette analyse livresque et théorique et dans le souci de nous empeigner, nous avons effectué de stages pratiques afin acquérir des connaissances sur les formes, les techniques, les matériaux et les outils de la sculpture.Résultats escomptés Notre étude devrait à termes proposer une stratégie d'analyse des œuvres sculpturales burkinabè afin de cerner les messages qui se dissimulent derrière les représentations abstraites et figuratives des plasticiens. Elle consistera aussi à jeter les bases d'une critique des arts au Burkina Faso articulée à partir de la théorie sémiotique ; plus précisément de la sémiotique visuelle. Dans le cadre de cette recherche, si la constitution du corpus ne pose pas un problème majeur, la documentation relative au champ disciplinaire et de recherche, nécessite cependant de la documentation et l'accès à des centres de recherches qui se situent en France. L'université de Limoges peut nous fournir un tel cadre. Pour ce travail de recherche qui s'inscrit un domaine pour lequel les universités du Burkina ne disposent pas suffisamment de spécialistes ; au-delà de son enjeu académique notre recherche va contribuer à valoriser les créations sculpturales des artistes burkinabè et, partant, faire mieux connaître ce pan de notre culture encore largement méconnu.