Contrôle intelligent basé données et axé sur l'occupant pour l'efficacité énergétique des bâtiments
Auteur / Autrice : | Oumaima Ait essi |
Direction : | Frédéric Hamelin, Joseph Yame, Hicham Jamouli |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Automatique, Traitement du signal et des images, Génie informatique |
Date : | Inscription en doctorat le 25/05/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine en cotutelle avec Université Ibn Zohr |
Ecole(s) doctorale(s) : | IAEM - INFORMATIQUE - AUTOMATIQUE - ELECTRONIQUE - ELECTROTECHNIQUE - MATHEMATIQUES |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRAN - Centre de Recherche en Automatique de Nancy |
Mots clés
Résumé
Pour contribuer à la performance énergétique des bâtiments, deux leviers peuvent être activés : l'un relatif au bâti (enveloppe), l'autre relatif à l'utilisation juste nécessaire de l'énergie par une gestion active des systèmes et équipements techniques du bâtiment. Le projet de thèse proposé s'inscrit dans le cadre de l'efficacité énergétique active avec pour objectif le développement d'approches nouvelles de modélisation, simulation et de contrôle de l'efficience énergétique des bâtiments afin de réduire leur consommation en phase opérationnelle d'exploitation. De nombreux travaux ont été réalisés ces dernières années sur cette approche active et plusieurs solutions novatrices pour réaliser des objectifs d'efficience énergétique en présence de diverses contraintes ont été proposées pour l'essentiel dans le cadre des dispositifs de gestion de l'énergie et de contrôle du confort intérieur [1]. Les techniques avancées de commandes automatiques et en particulier le contrôle prédictif basé sur des techniques d'optimisation sous contraintes ont permis de faire des progrès notables dans la gestion énergétique des bâtiments [2]. Ces techniques ont été utilisées aussi bien pour la gestion efficace de l'énergie en fonctionnement nominal qu'en situation de défaillances des équipements pour s'accommoder aux défauts et réduire la consommation d'énergie lors d'apparition de modes de défaillances [3]-[4]. Pour améliorer significativement l'efficacité énergétique des bâtiments dans lesquels vivent et/ou travaillent des individus qui y passent en moyenne entre 65% à 90% de leur temps, la littérature scientifique montre qu'il ne suffira pas de modifier les techniques de construction ou d'utiliser des technologies de contrôle-commande plus efficaces sur le plan énergétique [5]-[7]. Parmi les nombreux facteurs dont dépend la consommation énergétique d'un bâtiment (e.g., l'enveloppe, l'orientation et les caractéristiques ambiantes telles que le chauffage, le refroidissement, l'éclairage, etc ), il s'avère que l'occupant et son comportement sont des facteurs clés extrêmement importants qui façonnent et influencent fortement l'utilisation de l'énergie de manière complexe et parfois de manière contreintuitive [8]-[9]. En effet, les actions de l'occupant, telles que le réglage d'un thermostat pour le confort, l'allumage et l'extinction des lumières, l'utilisation d'appareils électroménagers, l'ouverture et la fermeture des fenêtres, la montée et la descente des stores et les déplacements entre les espaces, etc , peuvent avoir un impact significatif sur la consommation réelle d'énergie et le confort intérieur. Le retour d'expérience a effectivement confirmé que les performances énergétiques réelles en phase opérationnelle des bâtiments sont très différentes de celles prévues lors des calculs de conception via des logiciels de simulation de performance énergétique des bâtiments ([10]), l'une des causes majeures d'incertitudes dans la simulation étant effectivement la mauvaise prise en compte des occupants et de leurs comportements. En phase opérationnel d'exploitation des bâtiments, lestravaux prenant en compte le facteur clé non-technique qu'est le comportement humain dans la problématique du contrôle actif de l'efficacité énergétique sont effectivement rares [11], exceptés quelques travaux rapportés très récemment dans la littérature scientifique [12]. Au regard de cette lacune de la recherche sur le contrôle actif de l'efficacité énergétique axé sur l'occupant et son comportement, les objectifs scientifiques de ce projet de thèse sont de développer des modèles dynamiques de bâtiments intégrant le comportement des occupants et orientés vers la commande avec pour finalité la conception et la mise en uvre de stratégies de contrôle-commande pour une réduction optimale de la consommation énergétique. Dans cette optique, comprendre le comportement des occupants d'un bâtiment et leurs habitudes d'occupation est nécessaire pour minimiser la consommation d'énergie tout en satisfaisant leur confort. L'occupation d'un espace et le comportement des occupants représentent en réalité une énorme source d'incertitude dans la modélisation classique de la dynamique thermique des bâtiments basée sur les modèles de connaissances classiques issues des lois de la physique et de la thermodynamique. Le point de vue original et innovant que nous souhaitons adopter dans ce travail de recherche est de considérer plutôt le comportement des occupants comme une caractéristique endogène de la dynamique globale d'un bâtiment. Une question importante de recherche qui découle de ce point de vue est comment cette caractéristique peut être correctement identifiée et modélisée pour un contrôle intelligent de l'efficacité énergétique ? Le projet de recherche propose de décliner cette question importante en deux problématiques centrales : i. la modélisation dynamique des bâtiments axée sur le comportement des occupants et adaptée à l'objectif de contrôle optimal de l'efficacité énergétique ii. le développement de nouvelles techniques et algorithmes de contrôle intelligent adaptatif centré sur l'occupant, ces algorithmes assurant l'efficience énergétique des bâtiments sous contrainte de confort thermique et des variations du comportement humain. Cette question du contrôle intelligent de l'efficacité énergétique des bâtiments telle que formulée via les problématiques ci-dessus présente des difficultés spécifiques non triviales et des verrous scientifiques à lever en raison des contraintes cumulatives qu'elles impliquent au regard de la modélisation thermique et de la prise en compte de l'occupation et du comportement des occupants. Une piste de recherche que nous projetons d'explorer prioritairement au niveau méthodologique est celle de la modélisation et du contrôle basés sur les données désormais omniprésentes grâce aux technologies du numérique. L'analyse des données collectées peut permettre de comprendre la manière dont les occupants réagissent à leur environnement intérieur et par conséquent aider à révéler certains paramètres relatifs à l'information sur l'occupant. L'identification de ces paramètres (e.g., l'occupation, la localisation, le comportement/activité, les déplacements, etc.) sera donc cruciale pour « injecter » de l'intelligence dans les systèmes de contrôle de l'efficacité énergétique. Les stratégies de commande envisagées, centrées sur l'occupant, portera sur des stratégies basées données avec un accent particulier sur les commandes optimales par apprentissage renforcé (reinforcement learning) et ses variantes éventuellement de type contrôle prédictif basé sur l'apprentissage renforcé. La faisabilité des résultats, sera démontrée via des simulations numériques dans l'environnement MATLAB couplé si nécessaire à des logiciels spécifiques de simulation de bâtiments (e.g., TRNSYS) et via le démonstrateur Eco-sûr du CRAN, nouvellement construite et installée à ATELA.